L’ouvrage « Des repères pour vivre les fêtes mariales » commence par souligner la foi de Marie, sa docilité à l’appel de Dieu : « Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta parole » dit Marie à l’Ange. Et « par là, Marie est devenue le modèle du croyant » (p. 44). Puis, ils ne vont plus parler de la foi de Marie ; ils passent ensuite à une réflexion sur la virginité qui, disent-ils avec raison, « n’est pas le privilège de Marie, seule, mais dit quelque chose de notre propre origine,[…] de notre vrai moi. »

   Pour notre part, méditons l’évangile de l’Annonciation, selon le point de vue de la foi et des œuvres, tout en essayant de voir comment cela se réalise dans nos vies, nos vies chrétiennes.

     Ainsi, l’évangile de l’Annonciation nous dit ce qu’est devenue la Vierge, par la grâce de Dieu : elle est devenue « la pleine de grâce », c’est à dire, que toute sa personne est sous l’influence de l’Esprit Saint, mieux même, cet Esprit Saint vient habiter en elle, y faire sa demeure « pour qu’elle puisse mettre au monde le fils de Dieu ». En Marie, la Vierge Mère, une nouvelle création commence, et cela, à partir de son propre être, pris dans le mouvement de la grâce de Dieu. Car ce n’est pas son œuvre, c’est l’œuvre de Dieu en elle. Tout cela, suppose la foi. Si la Vierge est devenue la Mère du Christ, c’est parce qu’elle a cru à ce que lui a dit l’envoyé divin ; ensuite, elle a donné son « oui », et Dieu, par elle, par ce « oui », accompli son œuvre.

     Toute la vie de la Vierge n’a été qu’un « oui » donné au Père. Elle n’a pas fait autre chose que la Volonté de Dieu, le Plaisir du Père. Sa foi est vierge, c’est à dire, sans mélange, simple ; et elle est vierge dans sa foi, c’est à dire, tout son être n’est qu’un « oui » » donné à la Parole. On peut dire que la foi est le fondement de sa vie. C’est parce qu’elle a d’abord cru à la Parole de l’Ange, comme le lui dit d’ailleurs sa cousine Élisabeth lors de leur rencontre, que, vierge, elle enfante le Christ. Sa foi précède la naissance virginale du Christ. La foi précède donc les œuvres.

     Comme celle de Marie, à leur mesure certes, nos existences chrétiennes sont aussi prises dans un mouvement de foi. Nos existences chrétiennes ont leurs propres annonciations, c’est à dire, ces appels de Dieu qui viennent solliciter notre amour et relancer notre espérance. Mais, pour les entendre et les saisir, à l’exemple de Marie, pour les entendre et y croire, l’écoute, la foi sont nécessaires. La foi nourrit toute la vie chrétienne. La foi est à la racine de toute notre vie spirituelle.

     Humainement parlant notre esprit est trop limité pour atteindre Dieu. Mais sa Parole, par les prophètes de l’Ancien Testament, et surtout par le Christ, par l’Évangile, par l’Église, nous le dévoile dans sa grandeur illimitée, sa sainteté infinie, son immense amour… Et c’est ainsi que l’homme le plus intelligent, s’il n’a pas la foi, en sait moins sur Dieu que l’enfant qui baigne dans la foi et qui voit en Dieu un Père qui l’aime, le protège, l’accompagne chaque jour ! C’est la foi de Marie. Sommes-nous assez conscients de la richesse que nous apporte la foi au Christ?

     On le comprend donc, pour entrer dans une vie nouvelle, celle de l’Évangile, il est indispensable de recevoir du Christ son message, comme la Vierge recevant l’Annonce de l’Ange.

     La foi est un don de Dieu ; elle nous est donnée. Car la foi nous vient d’un autre ; on ne l’extrait pas, on ne la tire pas de soi-même. Et Dieu l’offre à tous, sans exception. Mais…., tout homme de bonne volonté, même s’il n’a pas la foi au Christ, ne peut-il pas en faire les Å“uvres ? Quelle immense espérance !

     L’Annonciation est le point de départ du pèlerinage de la foi de Marie, un pèlerinage qui la mènera sur les routes de Palestine, à la suite du son Fils, en passant par le Calvaire, jusqu’au Cénacle, pour s’achever en Dieu. Et l’objet de sa foi, c’est le Christ. Toutes ses actions sont relatives à son Fils, et cela, dès l’Annonciation.

     Marie à l’Annonciation semble nous dire que pour agir, pour se comporter en disciple du Christ, comme Elle, il faut d’abord croire et Le contempler, Le porter en soi grâce à l’accueil et l’étude de sa Parole, puis Le suivre… Mais c’est la foi, le regard sur sa personne, qui va changer notre manière de vivre et attiser notre désir de toujours mieux Le connaître. Par exemple, en contemplant le Christ lavant les pieds de ses apôtres, à genoux devant eux, en méditant sur son abaissement, dans la crèche, sur la croix, nous apprenons petit à petit à notre tour, avec Marie, la véritable charité pour autrui, le respect infini que je dois à chacun de ceux qui m’entourent.

     Nous avons à lire et relire chaque page de l’Évangile, à pénétrer sans cesse dans les sentiments du Christ, avec la Vierge, à nous émerveiller devant lui, pour être capables de l’imiter. Oui, la foi précède les Å“uvres, la foi entraîne les Å“uvres. La contemplation du Christ s’impose à nous si nous voulons le porter par la foi dans notre cÅ“ur et le suivre concrètement dans notre vie, sinon nos Å“uvres peut-être risqueraient de ne pas rester dans sa ligne, à Lui ?

     Enfin, la foi comporte un autre élément, celui de la confiance. Marie, à l’Annonciation, fait confiance à la Parole de l’Ange. Et cette confiance la conduit sur le chemin de l’invraisemblable, de l’impossible. Mais, «rien n’est impossible à Dieu» lui dit l’ange. Elle le croit, elle fait confiance. Par là, on voit donc comment la foi guide l’action, comment elle permet d’accomplir des Å“uvres invraisemblables. Ainsi, le «oui» de Marie à ce qui est humainement impossible. La foi ? Vision de confiance sur la vie!

     La fête de l’Annonciation nous redit la grandeur de notre vie de foi, cette vie qui, comme pour la Vierge, nous fait «donner naissance au fils de Dieu», dans la mesure de notre libre réponse à la grâce de Dieu. On peut dire, en un sens, que la foi me virginise, c’est à dire, m’éloigne des «œuvres mortes» en me faisant accomplir des œuvres de vie, des œuvres qui plaisent à Dieu, et ces œuvres qui plaisent à Dieu construisent petit à petit notre véritable personne. Car, si par la foi nous accueillons la grâce de Dieu en notre vie, cette grâce alors « nous féconde pour que nous mettions au monde l’enfant qu’est notre propre être dans son originalité et son authenticité ». Accueillant, comme la Vierge, la Parole de Dieu, alors, de nos vies va affleurer la lumière du Christ. Puisse-t-elle se diffuser pour la joie de Dieu, notre Père, et celle de nos frères!

     Méditation à partir Des repères pour vivre les fêtes mariales, d’Anselm Grün, osb / Petra Reitz, Médiaspaul, 2001, p. 44-53.

Shares
Share This