Juridiction franciscaine

Notice

Dès que la Mère Vilain de Gand de Rasteinghien  a achevé l’établissement du monastère de Douai et gouverné la communauté pendant 15 ans, elle entreprend de fonder à Lille un nouveau monastère de l’Ordre. Pour cela, elle obtient la permission du Roi et celle de Maximilien Vilain de Gand, son propre frère, par l’intermédiaire du père Illuminé de Framecourt, le provincial des franciscains. Arrivée à Lille le 10 avril 1628 avec trois sœurs du monastère de Douai, les sœurs Jeanne Rémy, Marie Anne de Hymay, Jeanne Gemelle. Elles louent d’abord une maison dans la rue des Jardins jusqu’à ce qu’elles trouvent un lieu propice à bâtir un monastère. Elles s’y installent le 26 juin 1630.

La première pierre est posée le 12 mars 1629. L’église est consacrée le 28 septembre 1641 par l’Évêque de Tournay et mise sous la protection de saint Joseph, saint Gabriel, saint Jean -Baptiste et saint Jean l’Évangéliste. Jeanne de Rastenghien a gouverné Douai pendant 15 ans, Lille pendant 17 ans.

Lille fait partie des Flandres. La ville devient, dans les années 1621, grâce à l’archiduchesse Isabelle, « une véritable place de guerre spirituelle ». En effet, Isabelle, ayant revêtu la bure franciscaine des Clarisses, tout en restant dans le monde préside au renouveau de la foi catholique dans cette région. Le gouverneur de la ville de Lille est le neveu de l’Évêque de Tournai, Mgr Lamoral de Gand, comte de Rassenghien, un parent don de la Mère Ancelle du monastère lillois. Le gouverneur favorise l’établissement des Annonciades à Lille, à condition cependant qu’elles ne soient pas à charge des habitants, qu’elles puissent subvenir à leurs besoins.

Dès le début de la fondation, des jeunes filles demandent à entrer au monastère des Annonciades. La premier sœur à prendre l’Habit est sœur Marie-Gabrielle Sohier, native de Vanselles, près de Valenciennes.

Des grandes familles Lilloises demandent même à être inhumé dans le chœur de l’église des religieuses. Les Archives Hospitalières de Lille conservent les Registres de Vêtures, Professions et Sépultures du monastère. Voici quelques noms :

Les sÅ“urs Pétronille de Riez, Françoise de la Fosse, Antoinette de Pourmestraux, Antoinette du Hot, Marie Françoise de Croix, Isabelle de Lobel, Rose-Béatrix de Boquelle, Séraphique e Landas, Augustine Le Maire  etc… Les dates d’échelonnant de 1629 à 1730.

Le couvent possède des fermes, des terres à labour. Le cloître est vaste et spacieux.

Les rentes et les fondations pieuses (messes etc.) viennent compléter les revenus de la communauté. Certaines rentes pieuses sont employées pour l’entretien d’une lampe à huile devant l’autel, pour l’achat et l’entretien de chandelles à faire brûler devant la statue de N.-D. des Douleurs à perpétuité ou devant celle de N.-D. de la Treille. Certaines rentes et fondations pieuses posent aussi comme conditions de « donner tous les ans à la communauté, le jour de la procession de Lille, une petite récréation » ou encore « 4 lots de vin, et lorsqu’il sera trop cher 3 lots, et une petite tarte d’un sou ou autre chose à peu près semblable à condition d’avoir un Miserere et un De Profundis devant le Saint-Sacrement à perpétuité ». D’autres sont « à charge de dire une messe solennelle à perpétuité un dimanche de l’Avent et d’allumer pendant cette messe 3 livres de chandelles de suiffes… », ou encore de « faire chanter tous les ans un obit avec lugentibus, les vigiles à 9 leçons sans chanter et dire le Miserere avec le De Profundis le plus prochain jour qu’il se pourra du jour anniversaire de la mort du donateur ».

La Communauté est fervente, régulière, les vocations nombreuses. En mars 1678, Louis XIV séjourne à Lille et la Reine Marie-Thérèse visite les communautés religieuses de la ville. Le jour de l’Annonciation : le matin, elle entend la messe à Saint-Etienne, l’après-midi elle est au monastère des Annonciades.

Le monastère des Annonciades de Lille est pauvre. Pour cette raison, il fermera ses portes avant la Révolution française. D’ailleurs, il ne sera pas le seul : le couvent des Augustins fermera aussi ses portes pour les mêmes raisons. En outre, dans les années 1774, ne voit-on pas les Clarisses être tout à fait à la charge de la ville ?

La communauté est donc pauvre, en cette fin du 18e siècle. Elle décide de fermer ses portes dans les années 1784. Mais avant cette solution extrême, elle tente une requête auprès du Magistrat de la ville, en juillet 1782 : la permission de quêter en ville. La supplique se trouve actuellement dans le « registre aux résolutions de M.M. du magistrat de la ville de Lille, sur requêtes. » La permission est accordée. Solution, toutefois, précaire. Une autre solution va vite s’imposer : la mise en vente d’une partie des biens du couvent au profit de l’Hôpital N-D de la Charité de Douai. Il est même plus ou moins question de transférer les Annonciades dans cet hôpital. Projet sans suite. Par contre, les biens seront bien au profit de cet établissement hospitalier. La demande est faite auprès de la Cour de Versailles. Louis XVI, par lettre patente du 10 juillet 1784, enregistrée au parlement le 31 du même mois, autorise la vente et la suppression du couvent en soumettant toutefois cet acte à l’avis de l’Évêque de Tournai.

Les sÅ“urs vont alors demander leur admission dans les établissements religieux de la ville – en ayant exprimé leur souhait dès avril 1783. Les sÅ“urs se dispersent dans divers monastères :  chez les Brigittines, les Urbanistes, les Augustines de l’hospice Gantois, les sÅ“urs Grises de Lille, de Tourcoing, et de Lannoy, les Annonciades de Roy. Dans chacun de ces monastères, la supérieure a rassemblé sa communauté « capitulairement au son de la cloche et en la manière accoutumée » afin de soumettre cette réception aux suffrages de ses sÅ“urs. Toutes consentent à recevoir les malheureuses Annonciades qui, en retour, acceptent de prendre les us et coutumes du monastère qui les accueillent.

Voici les noms des Mères Ancelles qui se sont succédées de 1628 à 1782 : Jacqueline de Croix, Jeanne Antoinette de la Fallix, Isabelle de Lobel, Marie Albertine de Langre, Marie Joseph Mercier, Anne-Thérèse de Lobel, Marie Antoinette Hallette, Marie Philibert Vanlerberghe, Marie Joseph Isbergue Hallotte, Marie Agathe du Hamel, Marie Gugroux de la Présentation.

Le monastère des Annonciades de Lille a été vendu à des particuliers.

Sources manuscrites 

A.N. collection de Flandre et d’Artois, Ms 63, fol 441, année 1661 – AD du Nord : 144 H 1 bis – 114 H 1 bis annonciades de Lille – 144 H suppression de la communauté.  Les A. M. de Lille possèdent un « registre aux lettres reçues, 177 où se trouvent des renseignements concernant les Annonciades de Lille. L’ouvrage sur l’Histoire de Lille, sous la direction de Louis Trenard, Ed Privat, 1991, mentionne également les annonciades de Lille  Autre source : les archives hospitalières de Lille.

Archives hospitalières de Lille, cote 12 H 1, H 3-12, B3, B25, B 45, F3 ; Archives Départementales (Arras), manuscrit 86, p. 249 ;

Archives Nationales, collection de Flandre et d’Artois ; Archives Départementales du Nord 114 H. Voir également ci-dessus généralités monastères du Nord.

Sources imprimées

A. de St-Léger, Histoire de Lille, Lille, 1942.

Derode Victor, Histoire de Lille et de la Flandre Wallone, 1877, chapitre IX : Les couvents à Lille.

Derome Philippe, Mélanges, Lille, 1873.

Desmarchelierabbé H., Histoire du Decanat de la Madeleine de Lille, 1892, p. 7.

Detrez L., « Un ancien monastère Lillois. Le couvent des Annonciades (1628-1786) », Semaine Religieuse du diocèse de Lille,  1925, 8 mars sv.

Goyens Jérôme, Des couvents …, FF., t. 4, 1921, p. 125-147 ; 376-398.

Leuridan Th., Histoire de Seclin, Lille, 1929.

S.A. « Les anciens couvents de franciscaines de Lille », Souvenirs religieux de Lille et de la région, Lille, année 1889 – 1890, p. 70.

Trenard Louis (sous la direction de), Histoire de Lille, Ed Privat, 1991, mention des Annonciades de Lille.

Van Henne, Histoire de Lille, chez L . Carré, Lille, 1876, p. 339.

 

 

 

 

 

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