Le souci de la paix, le souci de construire un climat de paix, habite le cÅ“ur de sainte Jeanne. Pour elle, le moindre petit geste de paix, de charité, sert la vie, Dans ce qui est infime, fragile, dans l’insignifiant elle reconnait le don de Dieu. De plus, elle désire que tous aient ce souci de la paix. Voilà pourquoi, elle « recommandait, dit la Chronique de l’Annonciade, d’être patients dans l’adversité et pacifiques envers le prochain, de n’être ni des mécontents, ni des détracteurs ». Ce souci de maintenir la paix là où elle vit, Jeanne l’a reçu de la Vierge elle-même. Nous le savons grâce à son confesseur, le père Gabriel-Maria qui rapporte, dans un de ses écrits, les paroles de la Vierge à Jeanne : « Tu chercheras à établir la paix entre tous ceux au milieu desquels tu habites. Tu ne diras rien d’autre que des paroles de paix, soucieuse du salut des âmes. Tu n’écouteras pas les paroles médisantes, lui avait dit la Vierge, et dès que tu verras quelques pécheurs, tu diras dans ton cÅ“ur : il faut sauver ces pauvres gens. Car Dieu a permis qu’ils pèchent en ta présence pour voir, Lui, Dieu, comment tu voudrais prier pour eux et quel labeur tu entreprendrais pour les sauver. Excuse-les auprès de Dieu afin d’être comme je te l’ai dit l’avocat et le défenseur de tous. » Voilà pourquoi elle recommande à ses filles de garder la paix entre elles : « Le Christ a établi son « Tabernacle dans la paix ». Que les sÅ“urs fassent donc tous les jours le « sermon de la paix », c’est-à-dire, qu’elles établissent toujours la paix entre les sÅ“urs, réconciliant celles qui seraient en contestation, les excusant toutes et se faisant toujours les avocates de la paix ». Pourquoi cela ? « Parce que, répond le père Gabriel-Maria,  le Christ est l’auteur de la paix, c’est Lui qui l’a donnée et Lui qui l’a prêchée. » En effet : « c’est ma paix que je vous donne » dit Jésus dans l’Évangile… Pour Jeanne comme pour le père Gabriel-Maria, nos paroles doivent construire un climat de paix, et non de division. Dans un sermon sur les vertus de la Vierge Marie, il écrit : « Se garder d’entendre mal parler ou de critiquer quoi que ce soit car ce serait contre la vertu de vérité. Bien souvent ces paroles de critique ne sont pas vraies. Il nous faut fuir de telles paroles… Que nos paroles soient nécessaires pour le prochain ! Si la parole est de nul profit, nous perdons notre temps… » Ainsi : « Que toutes paroles ne soient qu’amour et charité. Avoir toujours paix en son cÅ“ur : ce qui est le vrai repos de l’âme. » Au soir de sa vie, Jeanne est toujours habité par ce souci de la paix. Ainsi, parmi ses dernières intentions qu’elle confie au père Gabriel-Maria, il y a l’excuse qui est un des moyens de préserver la paix dans les relations interpersonnelles : « Gardez et faites garder à mes sÅ“urs, ce que vous m’avez fait garder : c’est de toujours excuser ceux de qui on parle mal ». Jeanne a été un être de paix, de « miséricorde et de charité. Elle était… la mère de tous ceux qui étaient en affliction tant spirituelle que corporelle et temporelle. Et maintenant, dit le Père Gabriel-Maria en faisant son panégyrique, peu après sa mort, tous sont privés de sa présence, de son exemple, de son subside et de son aide, de la douceur et de la bienveillance qu’elle montrait aux grands et aux petits, aux riches et aux pauvres ». Cet esprit de Paix est aussi l’esprit de la Fraternité Annonciade, Chemin de Paix, fondée conjointement par Jeanne et le père Gabriel-Maria. Un des conseils donné par Gabriel-Maria aux membres de cette Fraternité est celui-ci : « Les frères et les sÅ“urs doivent apaiser les discordes, être avocats de la paix, excusant les défauts et les manquements d’autrui, procurant la paix et la miséricorde, ne parlant jamais mal de quelqu’un, ramenant à la paix et à la charité ceux qui parlent mal des autres, parce que telle est la grâce du Christ et de sa Mère. » Ainsi, Jeanne comme Gabriel-Maria nous invitent à mettre nos pensées, nos paroles et nos actes au service de la vie.

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