Le bienheureux père Gabriel-Maria, est né à Riom en Auvergne aux alentours de 1460. Un sermon d’un religieux franciscain sur l’Immaculée Conception éveille en lui l’appel à la vocation religieuse. Il décide alors d’entrer chez les frères mineurs observants, au couvent de La Rochelle. Novice fervent, il est envoyé après sa profession religieuse, au couvent d’Amboise pour y terminer ses études. Il y  enseignera la théologie morale durant une vingtaine d’années. En 1498 gardien – c’est à dire supérieur – de ce même couvent, il devient le confesseur et le conseiller spirituel de Jeanne de France (1464-1505), duchesse d’Orléans puis de Berry. Il va la seconder de tout son pouvoir dans  son projet de fondation: l’ordre religieux dit de l’Annonciade. D’autres femmes d’exception ont croisé sa route, entre autres, Marguerite de Lorraine (1463-1521), Louise de Savoie (1476-1531), Marguerite d’Autriche (1480-1530) ; toutes sont des proches du milieu franciscain.

Signature de Gilbert Nicolas

Ses supérieurs franciscains lui confient d’importantes charges qui l’amènent à parcourir presque toute l’Europe : tantôt vicaire général de son Ordre, tantôt gardien ou supérieur de couvent, tantôt provincial, en toutes ses charges Gabriel-Maria fait preuve de sagesse et de clairvoyance, préférant le dialogue à la polémique. Car l’époque est conflictuelle.  En effet, souffle un vent de réformes sur l’Église et la société du temps. L’ordre des Frères mineurs n’échappe pas aux tensions. La question de la pauvreté entre autres est au cœur des débats.

Sa vie spirituelle s’inscrit à la fois dans la tradition franciscaine des 14e et 15e siècles marquée par Duns Scott (1265/66-1308) et les grandes figures de l’Observance franciscaine, tels saint Bernardin de Sienne (1380-1444), saint Jean de Capistran (1385-1456), et dans celle de la devotio moderna, ce mouvement spirituel ayant pris naissance au 14è siècle dont les grandes lignes sont l’attachement à la personne du Christ, à l’oraison du cœur, aux vertus chrétiennes. Mais surtout, le père Gabriel Maria se distingue par son amour de la Vierge Marie.  C’est Elle l’étoile de sa vie. À ses yeux, c’est Elle qui peut dénouer les nœuds des conflits récurrents que traverse sa famille religieuse.

Il meurt au couvent des Annonciades de Rodez, le 27 août 1532. Son culte se répand assez vite autour de son tombeau. Le titre de bienheureux lui est donné dans l’ordre des Frères Mineurs et des Annonciades. Sa cause de béatification se poursuit actuellement. Elle en est à la phase romaine.

Ce que Gabriel-Maria peut nous dire aujourd’hui:

Il nous dit  l’importance de devenir un artisan de paix et de communion. Sa vie parle en effet de son souci de la paix. À une époque où l’Ordre des Frères Mineurs connaît tant de problèmes internes, contrairement à certains de ses confrères qui tombaient dans la polémique, il a su rester mesuré et prudent, tout en ayant l’audace évangélique indispensable à son apostolat.

Il nous dit l’importance d’avoir de bons repères dans la vie. Pour Gabriel-Maria, la Vierge Marie a été un repère sur son chemin, l’étoile qui lui a indiqué le sens à donner à son existence. C’est elle qui a éveillé en son cœur le goût du meilleur à donner. Elle a été celle qui lui a fait comprendre que peut-être le Christ l’appelait à le suivre sur la route de l’Évangile. Toute sa vie il a parlé de la Vierge, il a propagé son culte chez les fidèles. Sa pensée mariale, ancrée dans l’Écriture Sainte et la Tradition de l’Église, présente la Vierge comme modèle de vie et de vertus – une pensée réactualisée aujourd’hui par l’enseignement de l’Église et des Papes, particulièrement par le Concile Vatican II au chapitre huitième de sa Constitution sur l’Église, Lumen Gentium, et par le bienheureux Paul VI dans Magnum Signum et Marialis Cultus.

Son métier d’homme et de Frère mineur lui a fait découvrir aussi l’importance du sacrement de la confession et de la direction spirituelle. Ses contemporains, ceux qui ont eu la chance de l’avoir pour confesseur ou directeur spirituel, ont reconnu qu’il avait une grâce particulière pour redonner confiance et espérance en la miséricorde de Dieu à ses pénitents et à ses dirigés. En lisant les quelques écrits qu’il a laissés, on devine quelqu’un d’attentif à la vie et d’un équilibre sûr.

Enfin, son métier d’homme et de Frère mineur l’a conduit à collaborer avec sainte Jeanne de France dans la fondation de l’Ordre de la Vierge Marie ou de l’Annonciade, ce qui met en lumière tout l’aspect heureux, au niveau spirituel et humain, de la complémentarité homme-femme, comme on le trouve chez saint François d’Assise et sainte Claire, et chez d’autres saints dans l’Église.

Une prière :

Seigneur notre Dieu Toi qui as inspiré au père Gabriel-Maria d’être, à une époque de troubles et de conflits, un inlassable artisan de Paix ; Toi qui lui as donné de se mettre à l’école de Marie et d’être, avec sainte Jeanne de France, cofondateur de l’Ordre de l’Annonciade voué au Plaisir de Dieu par l’imitation des vertus de la Vierge : fais qu’à leur tour, les hommes et les femmes de notre temps, s’emploient sans cesse à garder la Paix évangélique en eux-mêmes, et à la susciter autour d’eux. En imitant ce serviteur de Dieu, accorde-nous la grâce que nous implorons. Amen.

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