Soeur Marie-Bernadette, moniale du monastère de Thiais, nous a quittées après une longue maladie vécue avec beaucoup de courage.
Originaire de Savoie, elle s’appelait Lucie et avait un frère jumeau, Joseph. Pendant la seconde guerre mondiale, sa famille a été sinistrée et cela a marqué profondément la jeune fille qu’elle était à l’époque.
Certes, on ne peut évoquer soeur Marie-Bernadette sans évoquer son frère Joseph qui a connu l’Annonciade grâce à une petite image qu’elle rapporta de Rome.
C’était en 1950. En cette année sainte, qui était aussi l’année de la canonisation de sainte Jeanne de France, la jeune savoyarde qu’elle était s’était jointe au pèlerinage que sa région avait organisé à l’occasion de cette canonisation. Au cours des célébrations, on distribuait des images présentant la nouvelle sainte et la Fraternité laïque associée à l’Ordre qu’elle avait fondé, appelée à l’époque « Ordre de la Paix ». Lucie en prit une et la rapporta chez elle. Son frère Joseph qui, à l’époque, comme adjudant-chef, était au cœur des combats de la guerre d’Indochine, trouva l’image lors d’une de ses permissions. Il fut conquis par sainte Jeanne et son message de paix si bien qu’il finit par quitter la carrière militaire et s’attacher au monastère de l’Annonciade de Thiais, en tant que frère de l’Ordre de la Paix. C’était en 1961. Pendant plus de trente ans, il veillera avec soin sur le jardin et sur les bâtiments du monastère.
Le message de paix de l’Annonciade parlait aussi au cœur de Lucie, encore marquée par les événements tragiques de sa jeunesse. Petit à petit, elle se sent attirée par la vie mariale de l’Annonciade mais elle doit temporiser, devant s’occuper de son papa. En octobre 1963, elle a trente-neuf ans : libérée de ses obligations familiales, elle demande à entrer au monastère de Thiais. Elle y retrouve son frère. Tous deux vont alors être unis dans un même amour de la Vierge Marie et dans une même prière, celle du chapelet.
À sa prise d’habit, le 12 avril 1964, Lucie devient soeur Marie-Bernadette. En 1965, elle prononce ses premiers vœux et en 1968, elle fait sa profession perpétuelle. Les années passent pour soeur Marie-Bernadette. C’est une personnalité joyeuse ; ses réparties pleines d’humour viennent égayer les récréations communautaires. Arrive l’année 1996, une année qui va marquer durement sa vie: en effet, elle a la douleur de perdre son frère, Joseph. C’est une partie d’elle-même qui s’en va. La blessure ne se refermera pas. Sa santé commence à s’altérer si bien qu’une hospitalisation en maison spécialisée, à Toulouse, s’avère nécessaire. Là , durant une dizaine d’année, elle va être entourée par un personnel soignant, compétent, attentif et dévoué. Son long séjour est ponctué par les visites régulières de sa mère Ancelle. Dur combat pour soeur Marie-Bernadette qui vit sa maladie avec beaucoup de courage et de foi. Ses derniers jours, cependant, vont être marqués par un réel apaisement ; elle s’endort dans la mort, paisiblement, en fin d’après midi, le 29 mars 2016.
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