Après élagage et préparation du terrain, voici l’étape suivante des fondations. Car les fondations de la nouvelle chapelle ont commencé. »Fondations » : comment ne pas songer aux fondations du premier monastère de l’Ordre, sous la surveillance du maître d’ouvrage de l’époque Bien Aimé Georges qui en a fait le récit. Pas de tout repos :
« Moi, Bien Aimé Georges, âgé de quarante-neuf ans ou environ, je certifie que, étant au service de Madame la duchesse de Berry, dont j’étais l’indigne écuyer d’écurie, elle m’avait donné la charge de faire édifier et construire le couvent. Quand je fis creuser et terrasser les fondations de l’église, à vingt-huit pieds de profondeur, car c’était de la terre meuble ancienne, lorsque ce fondement fut profond de vingt-trois ou vingt-cinq pieds et de la longueur de six ou sept toises, les hommes de peine qui travaillaient à ces fondations, se demandaient s’ils allaient dîner ou faire encore un étayage afin de contenir les terres sur les côtés. En délibérant, quelques-uns montaient, par une grande échelle, jusqu’en haut. Quand certains furent montés jusqu’en haut de cette échelle, les deux pans de terre se rassemblèrent et s’affalèrent là où étaient les ouvriers terrassiers. Il y avait plus de trois cents charretées de terre, et Dieu permit que personne ne fût blessé, ce qui est une chose miraculeuse et merveilleuse à croire, pour qui ne l’aurait vu comme moi. » (Les Sources, page 104).
Et les travaux ont commencé. Avant, Jeanne avait désiré que ses filles viennent donner leur coup de pioche. Elle le dit au père Gabriel-Maria :
 «Mon père, je veux que mes filles viennent ici et que chacune donne son coup de pioche pour ouvrir la terre dans laquelle je veux les enfermer, dans mon couvent. » Et ce bon père dit au bon père Girard d’amener les dites filles, le soir après complies, quand le peuple serait parti. Ce qu’il fit, leur disant de venir en bon ordre et en silence. Arrivées à   l’endroit, il leur fit donner à chacune leur coup et creuser la terre. Après que chacune y eut mis la main, il les fit revenir dans leur petite maison, en grand silence. Le lieu où elles commencèrent à ouvrir et à creuser la terre était à l’emplacement du mur de clôture, du côté du bâtiment des frères. » (Les Sources, page 108).
Alors, en ce 28 juillet 2018, toutes les soeurs du monastère de Thiais sont venues, elles aussi, donner leur premier coup de pioche, inaugurant ainsi les travaux de leur future chapelle. Elles se sont rappelées leurs premières soeurs de Bourges. Elles ont fait aussi mémoire de leurs devancières en région parisienne : la première Ancelle du monastère de Chanteloup, soeur Jeanne Roussel, contemporaine du père Gabriel-Maria, Mère Jacquet de la Trinité, Ancelle de Melun, Mère Marguerite de Louvencourt, du monastère de Popincourt à Paris etc., sans oublier Mère Marie-Emmanuel Agnéray fondatrice du monastère de Thiais avec le père Richard de Deffrennes, franciscain, Mère Marie de Saint-François d’Assise, seconde Ancelle. Une longue chaîne de fidélité. Elles ont fait mémoire de toutes leurs soeurs qui reposent dans le cimetière de la communauté. Elles n’ont pas oublié le Cardinal Maurice Feltin, dernier Cardinal protecteur de leur Ordre, ni les deux premiers évêques du diocèse de Créteil qui ont veillé en leur temps sur la communauté, à savoir, Mgr Robert de Provenchères et Mgr François Frételiière. Longue litanie de 52 noms. Au chant de cette Litanie, chacune est venu donner son coup de pioche. Puis, il y eut la bénédiction du terrain.
Avant tout cela, il y eut une prière d’intercession au cours de laquelle on a prié pour les ouvriers-bâtisseurs, de cette chapelle.
Moment émouvant. Moment de foi, porteur d’espérance.
La prochaine étape sera la pose de la première pierre.