Involontairement, il se trouve que  la  lettre d’information coïncide avec ce confinement   : aussi ces conseils du père Gabriel- Maria tombent à pique :

La quatrième prudence  doit être pratiquée dans l’épreuve et dans l’adversité : pour cette nouvelle étape de notre périple, ouvrons l’album de Tintin au Tibet. Le célèbre reporter en est convaincu : son ami Chang, victime d’une catastrophe aérienne dans ce haut pays, est vivant. Il l’a vu en rêve l’appelant à l’aide et il se lance dans l’aventure. Le capitaine Haddock trouve l’idée de ce jeune homme complètement folle mais finalement il ne peut se résoudre à le laisser partir seul. La marche d’approche commence. Tintin et l’équipe de secouristes marchent d’un pas lent et régulier. Le capitaine lui, caracole en tête en sifflotant : le début de la longue expédition ressemble à une bonne promenade en montagne et les sentiers ne sont pour l’instant pas très raides. Même son gros sac à dos semble léger et il le porte comme un écolier son cartable. Mais peu à peu, l’entrain du vieil homme diminue, son pas devient de plus en plus lent, il se voit dépassé par les autres marcheurs et il se retrouve loin derrière le peloton transpirant à grosses gouttes, ployant sous son bagage et découragé. Va-t-il rendre les armes et tout laisser tomber ?

Ne sommes nous pas comme notre ami Haddock quand les temps se font durs et que le dur… dure. Le père Gabriel-Maria développe son propos éclairant : Si l’esprit n’est troublé par rien de ce qui arriver contre son gré, mais poursuit simplement son chemin ordinaire, s’il ne prend pas garde à ce qui se passe et ne s’inquiète nullement, mais tient le regard uniquement fixé sur Dieu (…) alors cet homme montre bien qu’il est très prudent, aussi fort dans la prospérité  que dans l’adversité. Viennent alors la pluie ou la grêle, la tempête ou la tentation, l’épreuve du dedans ou du dehors, il ne réfléchira pas mais persévérera dans sa résolution. 

Deux passages de l’Évangile éclairent singulièrement cette quatrième attitude de prudence :

Alors, le royaume des Cieux sera comparable à dix jeunes filles invitées à des noces, qui prirent leur lampe pour sortir à la rencontre de l’époux. Cinq d’entre elles étaient insouciantes, et cinq étaient prévoyantes : les insouciantes avaient pris leur lampe sans emporter d’huile, tandis que les prévoyantes avaient pris, avec leurs lampes, des flacons d’huile.  Comme l’époux tardait, elles s’assoupirent toutes et s’endormirent. (Mt 25, 1-5)

Des fioles d’huile….  Un simple petit détail qui fait la différence entre ces jeunes filles   sages  et celles qui sont imprudentes. Rapprochons cette Parabole d’un autre enseignement de Jésus qui sert de toile de fond à ces réflexions du père Gabriel-Maria : Ainsi, celui qui entend les paroles que je dis là et les met en pratique est comparable à un homme prévoyant qui a construit sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé et se sont abattus sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car elle était fondée sur le roc. Et celui qui entend de moi ces paroles sans les mettre en pratique est comparable à un homme insensé qui a construit sa maison sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé, les vents ont soufflé, ils sont venus battre cette maison ; la maison s’est écroulée, et son écroulement a été complet.  (Mt 7, 24-27) 

Là aussi, la dissemblance entre ces deux hommes est un petit détail. Le but est d’aller jusqu’au bout du chemin emprunté en demeurant dans la paix quels que soient  les vents contraires. La fiole d’huile des jeunes filles est bien semble-t-il, la mise en pratique  des paroles de Jésus comme fait l’homme prévoyant qui bâtit ainsi sur le Roc.

Regardons Jésus : Or il advint, comme  s’accomplissait le temps où il devait être enlevé, qu’il prit résolument le chemin de Jérusalem (Lc 9, 51). Parcourez bien les pages de  l’Evangile : vous verrez que rien ne fait dévier le Seigneur de sa mission. D’un bout à l’autre de ces lignes il est en route et demeure quoiqu’il arrive dans cette dynamique de la Volonté du Père. Il a choisi en pleine liberté de répondre « me voici » et il ne déserte  pas son choix.

Alors nous ? Comment faire pour  durer quand c’est dur ? Mettez la Parole en pratique, nous dit Jésus… pas si simple n’est-ce pas ? Mais cette Parole, la connaissons-nous ? Combien de temps passons-nous penchés sur notre Bible ? Comment cherchons-nous à mieux comprendre ce que le Seigneur nous dit ? C’est sans doute la première chose à faire car quand on travaille la Parole c’est elle en vérité qui nous travaille. Ce qui est important c’est de prendre un rythme et de s’y tenir : par exemple 30 minutes par jour, toujours au même moment, un rendez-vous habituel auquel on s’accroche. Se pencher sur l’Ecriture Sainte seul mais aussi en Eglise. Et avec beaucoup d’humilité : on n’est jamais arrivé quand on creuse cette Parole et plus encore quand on la creuse ensemble ! On ne saisit jamais : On est plutôt sans cesse saisi d’une manière toujours nouvelle. Elle est toujours plus grande que nous, toujours surprenante.  A force de puiser à cette source inépuisable, notre oreille va entendre ce que dit le Seigneur, notre cÅ“ur va pencher vers cette mise en pratique à force d’être travaillé par ces mots plein de lumière. Mais c’est important, j’insiste : lire en solitude et en Eglise : même quand je la lis seule, je demande de l’aide en cherchant ce que l’Eglise dit de ce passage, comment elle le reçoit, comment elle le comprend, comment elle en vit. Poursuivre simplement notre chemin ordinaire…, le regard fixé sur Dieu… Voilà les conseils de notre ami Gabriel-Maria.

A bientôt !

Sr Marie de l’Annonciation OVM

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