Une fête propre à l’Annonciade 

C’est sous le patronage des Vertus ou Plaisirs de la Vierge Marie qu’a été fondé par sainte Jeanne de France (1464-1505), avec l’aide du bienheureux père Gabriel-Maria (1460-1532), Frère Mineur, l’Ordre de la Vierge Marie, dit de l’Annonciade. Sous ce vocable est placée et rédigée la Règle et ses dix chapitres, comme devant inspirer la vie des moniales, ainsi que leur prière liturgique.

Cette Règle, qui s’intitule Règle des sœurs qui veulent vivre dans la familiarité du Très-Haut selon les vertus et bon plaisirs de la bienheureuse Vierge Marie, écrite par le père Gabriel-Maria sur la demande de la Fondatrice, a eu trois rédactions successives : 1502, 1515 et 1517. Actuellement, les moniales de l’Ordre de la Vierge Marie font profession sous la Règle de 1517.

Dès les débuts de l’Ordre, les Annonciades ont célébré une messe des Dix Plaisirs ou Vertus de la Vierge Marie. Le testament de sainte Jeanne de France permet de le vérifier. Dans ce texte, en effet, la fondatrice demande la célébration, par ses filles de l’Annonciade, de dix Messes des Dix Plaisirs de la Vierge, ce qui suppose la rédaction déjà effectuée d’une Messe propre, ou tout au moins, d’une oraison propre, dès avant 1505, date du décès de sainte Jeanne de France : « je veux et ordonne que dix messes basses des Dix Plaisirs de la Vierge Marie soient dites chez mes religieuses. »

L’auteur de cette messe est sans nul doute le père Gabriel-Maria, cofondateur de l’Ordre. Comme l’écrit dom Lucien David dans ses Notes sur la messe et l’office propres des Dix Plaisirs ou Vertus de la T.S.V. du 7 septembre 1936, conservées dans les Archives des Annonciades de Thiais : « Le texte d’un décret du pape Léon X de 1517 lui attribue formellement l’arrangement de dix messes et fêtes de la Sainte Vierge. À fortiori, le bienheureux dut-il s’occuper lui-même de la messe et de l’office des Dix Plaisirs, qui n’est qu’une sorte de commentaire liturgique de la Règle, et de la dévotion aux dix vertus. […] Il avait d’ailleurs toutes qualités et capacités requises pour cette rédaction de l’Office, aussi bien que pour celles des messes. »

La date de cette fête a été d’abord fixée au 4 février. En effet, chaque année au 4 février, jour de la mort de leur sainte fondatrice, les Annonciades commémoraient l’anniversaire de son décès. Ne pouvant célébrer ni office ni messe de la servante de Dieu, vu qu’elle n’était pas encore béatifiée, ni canonisée, les sœurs célébraient en ce jour la messe des Dix Vertus et Plaisirs de la Vierge. Lorsque Jeanne de France fut béatifiée, en 1742, le Pape Benoît XIV a reporté « à perpétuité » cette messe des Dix Vertus ou Plaisirs de la Vierge au 11 juillet. Actuellement, elle est célébrée au 10 juillet.

Cette Fête des Dix Vertus ou Plaisirs de la Vierge Marie est d’un intérêt fondamental pour l’Ordre de la Vierge Marie, et pour son rayonnement spirituel. Le contenu de cet office liturgique est en rapport étroit avec le but de l’Ordre lui-même : plaire à Dieu, le louer, en prenant exemple sur la vie de la Vierge Marie, telle qu’elle apparaît dans l’Évangile, la Vierge considérée dans ses dix vertus principales – vertus qui résument et expliquent toutes ses perfections. On peut dire que l’ancienneté de cet office, qui remonte aux débuts mêmes de l’Annonciade, et sa doctrine, lui confèrent la qualité d’un précieux patrimoine spirituel. Comme l’écrit encore Dom Lucien David : « Cet Office des Dix Plaisirs ou Vertus ainsi que la Messe, Å“uvre du cofondateur de l’Ordre, directement inspiré par la bienheureuse fondatrice, est un précieux trésor de famille pour l’Ordre de l’Annonciade, en même temps que l’expression la plus authentique de son esprit.»

***

Shares
Share This