Juridiction franciscaine jusqu’en 1762, puis juridiction de l’Ordinaire. Mais en 1790, un religieux cordelier est chapelain du monastère.

NOTICE

Vis-à-vis du chevet de l’ancienne cathédrale d’Albi se trouvait jadis le prieuré Notre-Dame de Fargues, fondé en 1325. En 1507-1508, ce prieuré est devenu un monastère d’Annonciades.

La fondation d’Albi a été la dernière pensée de Jeanne de France. En mourant, elle emportait en effet la promesse qu’une première fondation se ferait à Albi. Cette promesse, elle la tenait de Louis d’Amboise, évêque d’Albi. Mais celui-ci meurt en 1503. Cependant, avant de mourir,  il a eu le temps de confier ce projet à son successeur et neveu, un autre Louis d’Amboise. Ce dernier prit l’affaire à cœur et installa le nouveau couvent au prieuré Notre-Dame de Fargues, le 22 avril 1508.

Dans un premier temps, l’évêque leur fournit sa résidence estivale de Combefa près de Monestiès. Puis, assez vite, elles prennent possession de leur nouveau monastère qui s’étend sur le côté nord de l’église, serré entre la place de l’évêché et la rue de la Souque – une rue aux odeurs nauséabondes. Dans cet enclos étroit se trouvent aménagés un dortoir, un réfectoire, un potager, divers offices et un cimetière. Tout cela suffisait pour un prieur mais s’avère trop exigu pour une communauté monastique. Dès 1539, les moniales sont réunies là à trente-quatre, sans air, sans horizon, sans espace, supportant les miasmes de la ruelle. Aucun moyen d’agrandir. La seule solution  est d’essaimer.  Mais où trouver les ressources nécessaires ? Un notable d’Albi, riche et influent, Hélyon Jouffroy, va alors permettre une fondation à Rodez en 1519. Première fondation d’Albi qui sera suivie par celle de Bordeaux (1521) et celle d’Agen (1533).

En 1586, les Annonciades, afin d’accueillir un plus grand nombre de fidèles dans leur chapelle, établissent leur chœur au fond de la nef, dans une tribune, y installant la célèbre Madone d’argent, vénérée à Albi, Notre-Dame de Fargues. Il faut se rappeler que le prieuré de Fargues a été fondé par l’Évêque Béraud de Fargues (1325-1333). Celui-ci voulut faire du prieuré un lieu marial. Il décida alors que le prieuré desservirait une chapelle dédiée à la Vierge. Ce culte de Marie se concrétisa alors par une Vierge en vermeil pesant 35 kg, enfermée dans le buffet de l’autel, que l’on exposait le samedi et les jours de fête. Cette statue fut offerte à la fin du 14e siècle par un Jean de Sava. Les Annonciades conservent aussi dans leur nouveau chœur le masque mortuaire de leur fondatrice qu’une d’entre elles sauvera du naufrage révolutionnaire en 1789.

Pour se donner de l’espace, assez vite les moniales achètent la maison dite de la Guinerie. Mais, elles ne peuvent guère en profiter car jusqu’au milieu du 17e siècle, elle est occupée par un chanoine de la cathédrale !  Elles seront plus heureuses au lendemain de la révocation de l’Édit de Nantes (1685). Le Roi leur demande d’héberger quelques nouvelles filles converties au catholicisme et de se consacrer à leur éducation. On acquiert donc un nouveau local pour le pensionnat, relié au monastère par un passage en forme d’arc au-dessus de la rue.

Au cours du 18e siècle, la vie du monastère est surtout marquée par la béatification de Jeanne de France. Le 18 juin 1742, Benoît XIV constate officiellement son “ culte public ” – ce qui équivaut à une Béatification. En août 1742, des guérisons miraculeuses sont attribuées à Jeanne. Deux jeunes filles d’Albi sont guéries de leur cécité : Anne-Marie Mazielher (7 ans) et Jeanne-Marie Chaynes (23 ans). Ces miracles marquant les fêtes de la béatification encouragent à introduire la cause de canonisation. L’archevêque d’Albi et le cardinal de Bernis (ambassadeur près le Saint Siège, à Rome) s’y intéressent. Entre le 30 octobre 1773 et le 21 juin 1774, il y a, à Albi, 40 séances présidées par le postulateur de la Cause, le révérend Père André Lartigues, gardien du couvent des Frères Mineurs conventuels d’Albi. La copie de l’instruction est conservée à la Bibliothèque Municipale d’Albi. La Cause de canonisation de Jeanne de France, interrompue par les événements de 1789, sera reprise après la guerre de 1914, en 1916.

Actuellement, un hameau du diocèse d’Albi, Creyssens, garde toujours le souvenir de sainte Jeanne de France, grâce à son masque mortuaire exposé dans l’église paroissiale. Ce masque est arrivé à Creyssens grâce à Marie-Jeanne Féral, une annonciade du monastère d’Albi. Quand les moniales sont expulsées de leur monastère, à l’automne 1792, Marie-Jeanne Féral se réfugie au château de Creyssens, propriété familiale, emportant avec elle le masque de Jeanne, conservé dans une châsse. Le 20 octobre 1810, elle remet le masque au curé de la paroisse de Creyssens, l’abbé Boularan. Elle meurt le 30  octobre 1833, à Albi, âgée de 91 ans.  Ce masque est toujours exposé et vénéré par les fidèles. Il a été restauré en 1995 par les Annonciades de Villeneuve-sur-Lot.

Cette église garde également, depuis 2019, le buste d’un cordelier, provenant des Archives Diocésaines. Ce buste évoque probablement le cofondateur de l’Ordre, le Bx P. Gabriel-Maria, franciscain, portant une barbe. Cette effigie pourrait également provenir du couvent d’Albi. Une récente découverte par les Archives Départementales du Tarn montre une commande le 25 juillet 1678 à un maître sculpteur, Gaillard Bor, faite par l’Ancelle du monastère d’Albi Anne de Capdelane pour la somme de 900 livre de mettre « (…) dans les niches d’entre les deux colomnes une sainte Jeanne en reyne avec la couronne sur la teste et le septre à la main portant un manteau royal retroussé sur le devant pour y paindre l’hermine, et de l’autre costé, le père Guabriel Maria en cordellier avec une crosse et mitre à ses piedz (…) »

SOURCES MANUSCRITES

A.D Tarn H 674 à H 794 ; série J (6J, 8J24, 26J55-56) ; série Q 412 ; série L 554 . Arch. Mun. Ms 32, Ms 31, AA4, AA11, CC277, CC477. BB36 FF151. BnF coll. Doat, vol. 19, 113 fo 345-469). Concernant Marie Jeanne Féral : A.D. Tarn L 627 ; Arch. Nat. 15. AN 2 de la République, 16. AN 7 de la République, 17. AN 7 de la République, 18. AN 7 de la République, 19. AN 3 de la République.

SOURCES IMPRIMÉES

PORTAL Ch., archiviste-paléographe. Inventaire sommaire des Archives Départementales du Tarn antérieures à 1790. Tarn. Tom. 4. Archives ecclésiastiques. Séries G et H, Albi, 1915 : Couvent des Annonciades d’Albi (ancien prieuré séculier de Notre-Dame de Fargues), p. 429b – 465b.
« L’Ordre de l’Annonciade et la bienheureuse Jeanne de France », La Semaine religieuse de l’Archidiocèse d’Albi, n° 7 du 16 février 1918, n° 19 du 11 mai 1918, n° 20 du 18 mai 1918.
« Notes concernant l’aumônier des Annonciades d’Albi, tué par les révolutionnaires le 9 mai 1793 », Semaine religieuse d’Albi, 1893 1894.
CURIE-SEIMBRES L., « Souvenirs de Jeanne de France en Albigeois », Revue du Tarn, n°46, 1967
De LACGER L., « Histoire des Annonciades de Fargues à Albi », ibid., 1928, t. 5, p. 101-167.
De LACGER, L., « À propos d’un article de monseigneur Sagot du Vauroux concernant l’Annonciade », RHF, tome 7, janvier juin 1930.
De LACGER, L., « L’église et le couvent des Annonciades à Albi », Revue d’Hist. Franc., 1927, t. 4 p. 341-360.
E. J., « Le Trésor de N.D. de Fargues d’Albi », Revue du département du Tarn, 1881, pages 201 à 204.
FERRAS Vincent, osb, Communautés contemplatives en Albigeois anciennes et actuelles, Colloque international, édition du Cercor, 1985.
J. P., « L’Ordre de l’Annonciade à Albi », Semaine Relig. d’Albi, 1918, 16 et 23 févr.
MICHON C., « Les d’Amboise et la fondation d’un couvent de l’Annonciade à Albi », in Jeanne et l’Annonciade, Cerf, 2004, p. 145-166.
RHF, t. 3, 1926, p. 158, 399, 400, 402, 403, 141, 540 ; t. 4, 1927, p. 91, 92, 153, 340-360, 648, 649 ; t. 5, 1928, p. 100-167, 405 ; t. 7, 1930, p. 54, 158, 159 ; t. 8, 1931, p. 56-75, 204, 221, 394 – FF, t. 5, 1922, p. 132, 149 ; t. 12, 1929, p. 489-510.

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