Celle qui a dit « oui »
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En ce mois de mai dédié à la Sainte Vierge, nous nous permettons de              vous proposer une petite réflexion inspirée de quelques lectures franco-          polonaises.
En cette année de la vie consacrée, nous pourrions nous arrêter quelques minutes pour nous demander le sens de cette consécration, quels sont les éléments spécifiques de cette vie ?
Pour certains c’est d’abord renoncer au monde pour suivre le Christ et se donner totalement à Dieu. Pour d’autres c’est le célibat et la vie en communauté qui constituent la spécificité de notre vie. Pour d’autres encore c’est une disposition à imiter le Christ.
Saint Jean Paul II en donne une définition : « la vie consacrée, par la profession des conseils évangéliques est une forme de vie constante dans laquelle les fidèles, sous l’action de l’Esprit Saint, imitent exactement le Christ en se donnant entièrement à Dieu, pour atteindre la perfection de l’amour dans le service du Royaume de Dieu et être dans l’église un signe visible de la gloire céleste ».
Nous pouvons distinguer quelques traits caractéristiques de la vie consacrée : une consécration totale à Dieu, une imitation radicale de Jésus Christ, suivre les conseils évangéliques et la vie communautaire.
D’aucuns souligne qu’il s’agit d’un mystère dans lequel on peut distinguer trois dimensions : la vocation, la consécration et la sanctification, chacune ayant des racines mystiques que l’on peut tirer d’une des personnes de la Sainte Trinité.
D’un point de vue humain, on peut comparer la consécration d’une personne à une « perte de la vie » mais c’est en même temps la route la plus droite pour retrouver la vraie vie. L’acte de consécration fait de la personne consacrée un médiateur entre Dieu entrant dans le monde et le monde cherchant le salut.
Nous pourrions continuer à disserter longtemps sur ces différents points mais arrêtons nous simplement à notre propre vocation. Pour nous, Annonciades, quel est le but de notre vie ? Nous pouvons la résumer en une seule phrase : Plaire au Christ par l’imitation de Marie – NaÅ›ladować en polonais – c’est-à -dire se mettre dans les traces. Comme dans la neige ou sur le sable mouillé, essayer de mettre nos pieds dans les siens. Et pour ce faire, d’abord jeter nos regards sur Elle, comme les mages sur l’Etoile.
Si nous regardons l’Evangile, quel est l’acte premier de Marie, celui qui a changé la face de la terre ? C’est bien sûr son « Fiat » à l’Annonciation. Arrêtons-nous un moment sur ce « oui ».
Marie devient Mère par son oui, dans la mesure où elle laisse la parole de l’ange prendre vie en elle sous l’action de l’Esprit Saint. De même que la Mère n’hésite pas ni ne demande de temps de réflexion, de même la réponse de Dieu est immédiate. L’Esprit la couvre de son ombre à l’instant même où elle s’ouvre à lui. Elle porte à présent l’enfant en elle. Elle le porte physiquement et spirituellement. Physiquement il se développe en elle et a besoin de sa substance pour grandir. Mais spirituellement, c’est plutôt l’enfant qui développe et forme la mère. Dans son oui, elle était prête à devenir spirituellement la Mère du Seigneur. Dans la maternité, l’Esprit du Seigneur s’empare d’elle pour la rendre féconde dans le sens de l’Esprit.
Son oui l’a mise à la libre disposition de Dieu, en conséquence de quoi Dieu a disposé d’elle. Que désormais elle persévère simplement, qu’elle soit celle qui laisse faire, c’est là une œuvre assumée par la grâce. Elle a donné son oui en toute disponibilité, sans vouloir voir tout ce à quoi elle consentait. A chaque étape de son développement, elle correspond parfaitement à l’état dans lequel Dieu veut qu’elle soit à cet instant précis. Et quelque chose de cette grâce mariale est transmise à tous les chrétiens ; s’ils ont véritablement dit oui, le Seigneur se porte  garant de la conduite de la suite de leur vie. Dieu fait en effet jaillir et croître son propre oui du oui de la créature qu’il a élue.
La Fécondité de Marie, bien qu’unique et fruit d’une élection, ouvre à tous une nouvelle voie. Marie, parce qu’elle est associée personnellement, associe à son tour et rend vivant pour tous l’éternel échange d’amour entre elle et son fils divin. A tout homme qui se donne à lui, le Seigneur répond par une fécondité à laquelle sa mère participe. Il s’est choisi une mère afin d’avoir tous les hommes pour frères.
Passons maintenant à notre fondatrice.  Sainte Jeanne a dit « oui » à Marie, dès l’âge de 5 ans, sans comprendre encore ni avoir une vue d’ensemble des conséquences de cette obéissance à la parole reçue. Elle a dit « oui » aussi à son père qui l’a mariée très jeune, bien que ce mariage soit en apparente contradiction avec la promesse reçue. Toute sa vie a été un « Fiat » à la volonté divine. Jeanne savait d’expérience combien Marie dans sa propre vie s’était montrée maîtresse de vie spirituelle. Marie lui avait enseignée les trois choses qui plaisent le plus au Christ :
-écouter sa Parole
-méditer sa Passion
– vénérer le Très Saint Sacrement de l’autel.
Et notre Mère Sainte Jeanne, bien aidée par le Père Gabriel Maria, nous a transmis cet héritage dont nous essayons de vivre.
En tête de cet article vous apercevez une petite image de la Sainte Vierge dite Mater Admirabilis. Pourquoi celle-ci particulièrement ? D’abord parce qu’elle est invoquée comme Marie, Maîtresse de vie spirituelle et qu’en cette année de la vie consacrée, nous pouvons l’invoquer plus particulièrement. Ensuite parce qu’elle est un peu « franco-polonaise ». Je m’explique : La fresque originale de cette Mater Admirabilis se trouve dans une chapelle du couvent français de la Trinité-des-Monts. Mais ce tableau est aussi lié au grand poète et philosophe polonais Cyprian Norwid qui priait devant cette image pour sa conversion et sa foi. Beaucoup de Polonais y sont tout de suite venus nombreux. Comme elle est peinte en rose, il y ont vu les couleurs du drapeau polonais, rouge et blanc. Une copie de ce tableau béni par Jean Paul II se trouve dans l’église Sainte Catherine à Varsovie. Marie est représentée avec un lys, symbole de la pureté du cœur. Elle a laissé sa quenouille et son livre, symboles de la vie monastique « ora et labora ». Elle attend la visite de l’ange dit-on. Elle est dans l’attente de ce « oui » dont nous parlions précédemment. Mais il n’est pas réservé aux seules Annonciades. Tout chrétien est appelé à répondre « oui » à la volonté du Père. Marie a été la première en chemin, comme le dit la chanson, mais elle est toujours présente à nos côtés pour nous encourager à la suivre. Puisse-t-elle nous aider à continuer notre route et à toujours être comme Elle à l’écoute de la Parole.