Cette année, le 4 août, Brucourt fêtera ses 40 ans ! En effet, le 4 août 1975, arrivaient en ce lieu les 6 premières sœurs de la toute nouvelle fondation, la première de Mère Marie de Saint-François d’Assise. 40, un chiffre symbolique dans la Bible qui évoque les grands serviteurs de Dieu ! Noé attendit 40 jours dans l’arche du salut, Moïse resta 40 jours sur la montagne du Thabor, Elie marcha pendant 40 jour à travers le désert, Jésus demeura au désert 40 jours et fut tenté… Que retenir de ces 40 ans vécus pour le plaisir de Dieu sur la colline normande ?
Origine du Monastère
(d’après le témoignage du Père Brottier, OSB, ami de l’Annonciade)
Le « château » a été construit avant et pendant la 1ère guerre mondiale pour Monsieur et Madame Serbat. Monsieur Louis Serbat était un industriel du nord. Maire de Brucourt, Monsieur Serbat avait installé sa mairie au lieu dit aujourd’hui la Maison St Loup. De la prairie, il descendait jusqu’à sa mairie par un escalier.
Après la 2ème guerre mondiale, le couple dut quitter le pays. Il se réfugiât à Laas, une belle propriété à une quinzaine de kilomètres d’Ortez, et là , il emmena ses belles collections d’objets d’art. Que faire du château ? Monsieur et Madame Serbat voulaient y faire une maison de prière et d’accueil, plus particulièrement pour des intellectuels comme les Bénédictins qu’ils connaissaient. Ils ont offert la maison à plusieurs communautés mais aucune n’a donné suite. Vers 1952 ou 1953, par l’intermédiaire de Monsieur de Noirmont, le Père Abbé Salmon de St Jérôme, filiale romaine du Monastère de Clervaux au Luxembourg, a été mis en relation avec Monsieur et Madame Serbat. Peu de temps après, Monsieur Serbat est mort en 1953. Madame Serbat a écrit elle-même pour dire qu’elle voulait continuer ce projet en mémoire de son époux. Elle a repris les tractations, assez laborieuses.
 Au début, un moine de St Jérôme, un moine de Clervaux et quelques autres, ont fait les premiers aménagements. Le Père Abbé de St Jérôme avait une dette morale envers les Bénédictins de Paris (pendant la guerre, ils avaient prêté l’hospitalité aux moines de St Jérôme dans l’Aube. Mais cette propriété avait été vendue). Le Père Abbé a proposé aux moines de Paris de profiter de la maison de Brucourt autant qu’ils voulaient. Deux frères venaient à partir de Pâques, le Père Benoît et le Père Placide, ils préparaient la maison pour les moines qui venaient en juillet et août.
Les Pères bénédictins de Paris ont continué à venir une dizaine d’années, de 1956 à 1966.
En 1966, les moines de Paris n’y habitaient pas toute l’année et le rude hiver normand risquait de dégrader la propriété. Le Père Dentin, fondateur des Frères auxiliaires du clergé, est venu à Rome. Un contrat  a été signé,  qui donnait la possession aux frères.
En 1975, Monseigneur Badré était inquiet pour l’avenir de cette maison, trop grande pour les frères. Malgré un rayonnement certain, y étaient organisés des repas de première communion, des mariages, ce qui n’était pas conforme aux vues des fondateurs. Il décida de donner un presbytère libre aux frères et de faire venir de Thiais des moniales Annonciades qu’il connaissait très bien. Celles-ci ne manquaient pas de vocations et le rattachement du Monastère anglais de Saint Margaret’Bay était prêt à se réaliser.
Arrivée des soeurs
Elles sont arrivées le 4 août 1975 avec la bénédiction de Monseigneur Feltin, ancien Archevêque de Paris,  leur cardinal protecteur, très ému. Monseigneur de Provenchères, évêque de Créteil, a donné le coup d’envoi pour Brucourt. Par un temps caniculaire, elles s’installeront dans leurs nouveaux murs avec entrain et avec l’aide de nombreux amis, prêtres ou laïcs. Le 17 septembre, le Cardinal Feltin aura la joie de visiter une dernière fois ses filles, quelques jours avant sa mort. Devenu presque aveugle, il se fera décrire tous les lieux. Il dit avant de partir : « Voir Brucourt et mourir. »
Dès le début, Mère Marie de Saint François va se dépenser sans relâche pour sa petite communauté et y venir très souvent. Les amis sont là dès les premiers jours, toujours secourables, si nombreux qu’on ne pourrait les nommer tous. Monseigneur Badré est un vrai Père pour la communauté. Il lui fera connaître bon nombre de cardinaux et d’Evêques : Cardinal Hamer, Etchegaray, Poupard, Hume…Monseigneur Pican, après lui, puis, plus tard, Monseigneur Boulanger, manifesteront leur sollicitude envers les filles de l’Ordre de la Vierge Marie. Quant ’aux aumôniers, ils furent également nombreux et dévoués : le Père Grandval qui accueillit les sœurs, le Père Cardine, second aumônier, le Père Louis Briand, le Père Guillet…et beaucoup d’autres.
Les sœurs
Trois sœurs ont particulièrement marqué la communauté : Sœur Marie de l’Annonciation qui, à 80 ans, fut envoyée parmi les premières sœurs de Brucourt. Elle avait déjà connu l’exil en Angleterre, puis le retour en France, à Pescheray et à Paris. Sa santé bientôt sera ébranlée et elle retournera à Thiais en 1981 pour y vivre la rencontre avec son Seigneur. Sister Marie de l’Annonciation lui succèdera jusqu’à son décès en 1996. Quant’ à Sister Marie du Sacré Cœur, elle séjournera dans la communauté jusqu’en 2005 où elle rejoindra le cœur de Dieu, le même jour que le Pape Jean-Paul II. Toutes trois ont laissé un souvenir de paix et de courage.
Travaux et accueil
A l’arrivée des Sœurs, Madame Popiolek, gardienne de la propriété du temps de Monsieur et Madame Serbat, habitait encore dans la maison Saint Laurent, à l’entrée du domaine. A sa mort, en 1988, des travaux furent entrepris pour aménager ce bâtiment et le transformer en maison d’accueil qui furent achevés en 1990. Des groupes pouvaient y loger et y travailler. Restait le problème de l’oratoire qui, au premier étage du Monastère, s’avérait trop petit. En 1999, les travaux de la future chapelle peuvent commencer. Une salle de réunion supplémentaire sera disponible en sous-sol. La chapelle sera bénie le 13 février 2000.
Accueil de groupes, haltes de prière pendant les vacances, retraites individuelles pouvaient se succéder. Une fraternité de laïcs vit le jour. Déjà , dès le mois d’août 1976, un an après la fondation, des Journées d’amitié étaient organisées et continuèrent d’années en années. Le charisme de Sainte Jeanne de France était ainsi relayé et diffusé.
Brucourt au fil du temps
En 1992, le Monastère devint autonome et des élections y furent organisées. Quelques années plus tard, il fut évident que la communauté ne pouvait continuer à se suffire à elle-même et le rattachement à celle de Thiais fut demandé et obtenu en 2011. Dans le même temps, le Monastère de Menton, fondé en 2000, allait fermer. Un remaniement de la communauté de Brucourt fut décidé : 3 sœurs de Thiais et 2 sœurs de Menton la rejoignirent tandis que quatre sœurs de Brucourt repartaient vers Thiais. Un nouveau projet de vie avait vu le jour : transférer la communauté de Brucourt renouvelée avec 9 sœurs  et leur aumônier, en un lieu plus adapté à la vie monastique, afin de rayonner la spiritualité de Sainte Jeanne, en union avec une communauté de sœurs apostoliques Annonciades d’Heverlee en Belgique. Le domaine de Grentheville, ancienne propriété diocésaine des prêtres âgés, près de Caen, se révéla le lieu providentiel. Grâce à l’appui de Monseigneur Boulanger, évêque de Bayeux et Monseigneur Santier, évêque de Créteil, ce dessein prit corps peu à peu. Aujourd’hui les travaux d’aménagement du futur Monastère sont bien avancés et devraient s’achever fin 2015. Cette nouvelle étape a été longuement murie et préparée grâce au concours d’une équipe compétente et amicale.
Action de grâce
Comme maillons d’une longue chaîne, nous ne pouvons que rendre grâce au Seigneur pour sa longue fidélité qui s’est révélée à travers toute l’histoire de la fondation brucourtoise !
Que vive l’esprit de Sainte Jeanne dans cette région et plus largement encore, à travers tous ceux que nous rencontrerons, et qu’ensemble, nous soyons une famille « à la louange de sa gloire » !