Juridiction des Frères Mineurs
Notice
Le monastère des Annonciades de Bruyères est une fondation du monastère de Saint-Nicolas de Port. Le Duc Charles IV de Lorraine accueille favorablement cette nouvelle fondation. En 1631, quelques annonciades de Saint-Nicolas partent  donc vers Bruyères sous la conduite de la mère Angélique du Saint-Esprit : ce sont les sœurs Marguerite Françoise de Jésus, Marie de Saint-François, Marie de Jésus, Marie de Saint-Gabriel, Angélique, Catherine.  Elles achètent une maison près de l’église paroissiale et y commence aussitôt la vie conventuelle. Dès le début de la fondation, les Annonciades accueillent une jeune fille intelligente, d’une piété profonde, ardente, énergique, c’est Catherine de Bar. Elle prend l’habit et devient soeur Saint-Jean l’Évangéliste.
Peu de temps après la fondation, la Mère Angélique du Saint-Esprit, est rappelée dans son monastère d’origine, à Saint- Nicolas de Port. Une nouvelle Ancelle est élue. Dans le même temps, la peste se déclare à Bruyères. C’est alors que la nouvelle Ancelle est emportée par le fléau. La jeune soeur Saint-Jean, élue Assistante au lendemain de ses vœux, la remplace dans cette charge. Elle a 20 ans.
Arrive l’année 1635. La Guerre de Trente Ans fait rage en Lorraine. Car le Duc Charles IV de Lorraine est entré en conflit avec Louis XIII et Richelieu comme beaucoup de nobles qui combattent la politique royale. Les Suédois sont aux côtés des Français. Leurs troupes qui envahissent la Lorraine font particulièrement des ravages parmi la population : pillages, incendies, violences de toutes sortes… Le monastère des Annonciades de Bruyère est alors totalement détruit en cette terrible année.
Voilà donc la Mère Saint-Jean et ses filles sur les routes : en tout, vingt moniales, en ce mois de mai 1635. Elles se réfugient, dans un premier temps, au monastère des Annonciades de Badonviller, puis dans le palais ducal du Duc de Lorraine.  Bientôt, le Provincial des Franciscains, supérieur de la communauté, leur donne l’ordre d’aller à Commercy où, pour vivre, elles vont ouvrir un pensionnat. Mais, épuisement physique, décès dus à la peste déciment la communauté. Si bien, que sur vingt moniales, il en reste seulement cinq. Commercy n’est qu’une étape. Nouvel ordre des supérieurs et invitation de monsieur de Bar, père de la Mère Saint-Jean : se réfugier à Saint-Dié. Les sœurs se mettent en route. En passant par Bruyères, elles ont la douleur de voir leur cloître de Bruyères en ruines.
Saint-Dié n’est aussi qu’une étape. Les Bénédictines de Rambervillers, voyant l’épopée de ces sœurs Annonciades, offrent alors l’hospitalité à la Mère Saint-Jean et à ses filles. La jeune Ancelle, éprouvée par tant de difficultés, accepte non seulement l’offre mais décide de rester dans cette communauté, après s’être souciée de l’avenir de ses filles. Celles-ci vont être accueillies à Burey en Vaux, chez Madame des Armoises qui les a connues lors de leur séjour à Commercy. Cette personne leur trouvera, en 1647, une maison à Vaucouleurs. Un nouveau monastère d’Annonciades verra alors le jour.
Quant à la Mère Saint-Jean : en 1639, elle prend l’Habit bénédictin et reçoit le nom de soeur Mectilde du Saint-Sacrement. Après bien d’autres pérégrinations, elle devient la Fondatrice d’un nouvel institut, celui des Bénédictines du Saint-Sacrement. Sa Cause de béatification est en cours.
Archives manuscrites
Archives départementales de la Meurthe et Moselle, 2384, série H
Ms N 248, archives des Bénédictines du Saint-Sacrement de Bayeux
Archives imprimées
Vie de la Mère Catherine de Bar. Nancy, 1775
E. MARTIN, Les Trois Ordres de St François, Paris, soc. Et Libr. St-Frç D’ass., 1930.
Joël Letellier, « Catherine de Bar (1614-1698), Annonciade et Bénédictine. Une même aspiration à travers les vicissitudes de l’histoire », in Jeanne de France et l’Annonciade, Cerf, 2004, p. 329-384.