Juridiction des Frères Mineurs

Notice

La Guerre de Trente Ans, sévissant en Lorraine, les Annonciades de Varennes ne se sentant pas en sécurité demandent asile à la ville de Clermont-en-Argonne, en 1644, après en avoir sollicité l’autorisation auprès de l’évêque de Verdun, François de Lorraine, réfugié lui-même à Cologne.   Le 6 septembre 1644, celui-ci écrit une lettre qu’il adresse à la ville de Clermont-en-Argonne. Dans cette lettre, l’évêque rappelle les faits : les Annonciades de Varennes lui ont demandé de quitter momentanément leur monastère de Varennes à cause des dangers encourus par la communauté, dangers causés par l’état de guerre. Il conclut par ces mots : « étant arrivées au dit Clermont, elles observeront au plus tôt que faire ce pourra la clôture et les obligations de leur Règle… ».

En novembre  1644, le notaire des Annonciades, de son côté, dresse un acte notarié adressé aux « Messieurs les Magistrats et Bourgeois de Clermont ».  Par l’intermédiaire de leur notaire, les Annonciades prient en effet les magistrats de la ville de les recevoir, les assurant qu’elles ne solliciteraient aucun secours, ni aumônes, n’appartenant pas à un Ordre mendiant. Le notaire parle au nom des Annonciades : « Vos humbles oratrices et servantes les religieuses annonciades …. ayant reconnu la bonne volonté et inclination que vous avez qu’elles s’établissent en votre Bourg… »  …  à condition « qu’elles ne soient pas à charge de la ville ». L’acte est enregistré au greffe de la Mairie, le 14 novembre 1644. La ville accepte.

Après la guerre, les sœurs repartent dans leur monastère de Varennes, laissant sur place quelques religieuses. Ainsi, Clermont devient une véritable fondation.

En 1699, la communauté subit un grave incendie, consumant entièrement le monastère et  réduisant les sœurs à dormir dans leur grange. à la vue de leur détresse,  elles se réunissent  en chapitre afin de voir ce qu’elles peuvent faire spirituellement pour le rétablissement de leur monastère. La communauté trouve alors bon de vouer leur monastère au Sacré Cœur de Jésus, suivant l’avis donné par un religieux. Le 21 juin 1699, après avoir entendu la messe et communié, les sœurs ont donc prononcé communautairement l’acte de consécration au Sacré Cœur de leur maison, s’engageant à célébrer la Fête du sacré Cœur le premier vendredi après l’octave du Saint Sacrement, de communier ce jour-là en communauté, de faire quelque acte de pénitence. De plus, tous les ans, au jour de cette Fête, cinq religieuses seraient en retraite. Ce Vœu au Sacré Cœur oblige toutes les sœurs de la communauté, sauf les malades, les infirmes. Ce Vœu est en « action de grâce ». L’acte capitulaire est signé par toutes les religieuses.

13 juin 1740, autre acte capitulaire. La Mère Ancelle réunit la communauté afin de leur faire part d’une décision de la Vile de Clermont : ouverture d’une école gratuite qui serait tenue par les Annonciades. Celles-ci, après avoir obtenu toute permission auprès de leurs Supérieurs, donnent leur accord. Quelques années s’écoulent.

Le 23 juillet 1747, la ville achète enfin un bâtiment près du monastère. L’acte d’achat, établit par la Ville de Clermont, en juillet 1747, est signé du Maire Lambert et adressé à l’Evêque de Verdun Charles François D’Hallencourt, afin de lui demander son accord pour l’ouverture de cette école confiée  aux  Annonciades. Celui-ci, souffrant d’une crise de goutte, ne donne son accord que le 15 novembre 1747.

En ce même jour du 23 juillet 1747, la communauté se réunit en chapitre, présidé par la Mère Ancelle, Mère de la Trinité Rainssant. Celle-ci, en effet, a été avertie que la Ville – les notables de la Cité –  s’assemblait pour délibérer au sujet de l’ouverture de l’école. Le révérend Père, Pierre Villotte, confesseur de la communauté, représente les religieuses à cette assemblée de la Ville. Les religieuses, au terme de leur assemblée capitulaire, consentent à enseigner gratuitement les filles, et à leur enseigner la doctrine chrétienne. Toutes les religieuses signent le procès verbal du chapitre conventuel : en tout, 57 religieuses (38 professes de ChÅ“ur, 9 converses).

En 1783, les Annonciades ne sont plus à Clermont. On ne connaît pas la raison de ce départ. Plusieurs religieuses auraient rejoint les Annonciades de Ligny en Barrois. Un décret de juillet 1783, ratifié par lettres patentes du Roi en 1785, enregistré au parlement en 1786, mentionne cette suppression. Le monastère devient une fabrique. La chapelle reste ouverte au culte afin de permettre aux personnes âgées et infirmes de la ville d’aller à la messe plus facilement car l’église paroissiale est située sur une hauteur de la ville. Par la suite, le monastère sera démoli.

Sources manuscrites 

 Archives Départementales de la Meuse, Ms 1747 cote 36 H 2 ; Lettre à Mgr de Ste-Menehould, cote C 220.

Sources imprimées

Driant G. « Histoire de la ville de Clermont-en-Argonne », 193, p. 118‑135.

Chanoine Eugène Martin, Les trois Ordres de Saint François en Lorraine, Paris, 1930, p. 68sv.

Revue d’Histoire Franciscaine, tome 7, 1930, p. 380.

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