Son auteur, Oriane Hibon, élève en master 1 à l’Université Paris IV-Sorbonne, nous en dit un peu plus sur son travail et les motivations de sa rédaction.
- Comment avez-vous connu l’Annonciade ?
Je vis à Bourges depuis ma naissance et mes parents ont tenus à me donner une éducation catholique. Aussi, lorsque j’ai été en âge de recevoir un enseignement religieux, en plus du catéchisme à l’école, ils m’ont inscrit « aux petits troubadours », chez les Annonciades. Je venais donc au monastère de Saint-Doulchard une fois par mois et nous étions « sous la garde » de Sœur Marie de l’Immaculée Conception, avec qui nous découvrions la vie du Christ et des saints, avant de jouer dans le jardin, avec la Sœur bien entendu !
- Pourquoi avoir choisi sainte Jeanne de France comme sujet de mémoire pour le master 1 ?
Par les petits troubadours puis par ma vie à Bourges jusqu’au Baccalauréat, j’ai toujours connu la figure de sainte Jeanne de France. Au niveau local, elle a une grande renommée. Je me souviens qu’une fois même, mais j’étais encore petite, nous avions pu aller dans la chapelle sainte Jeanne, qui était propriété militaire, et nous avions pu nous recueillir sur sa tombe (malheureusement vide depuis le sac de Bourges par les Huguenots en 1562). A partir de ce moment, sainte Jeanne de France a fait partie de mes « références religieuses » : mon deuxième prénom est Jeanne, aussi je la considère comme l’une de mes saintes patronnes et je la priais très régulièrement.
Ensuite je suis montée à Paris pour mes études et j’ai choisi de m’orienter, pour le master, en Histoire Médiévale, époque que j’aime tout particulièrement. Je cherchais alors sur quel sujet je pourrais bien faire mon mémoire, quand j’ai pensé à sainte Jeanne. Pour ce qui était de son hagiographie, je la connaissais bien ! Mais je voulais voir quelles étaient les traces historiques laissées par cette sainte. Connaissant la sainte, celle qui est honorée par l’Eglise, j’ai voulu découvrir quelle importance elle a pu avoir à son époque, comment elle a vécu, de qui était-elle entourée, comment a-t-elle vécu certains événements de sa vie, et de façon inconsciente, je voulais sûrement prouver historiquement que Jeanne de France, princesse de la dynastie des rois Valois, était une grande sainte et que l’Histoire ne lui accordait pas la place qu’elle méritait.
- Qu’est-ce qui vous a attiré en elle ?
Ce qui m’a donné envie d’étudier cette figure de l’Histoire de France est son parcours assez atypique : fille du roi Louis XI, mariée au premier prince du sang, le jeune duc Louis d’Orléans, sœur du roi Charles VIII et par la mort de celui-ci sans héritier mâle, elle était destinée à devenir reine de France. Mais par la force des enjeux politiques et matrimoniaux, le roi Louis XII lui refuse ce rôle et cette place qui sont les siens et la relègue dans le Berry, province dans laquelle elle a été élevée. Devenue duchesse de Berry, elle se consacre au gouvernement de son duché et vers la fin de sa vie, elle fonde un ordre religieux voué à la contemplation du Christ et à l’imitation de la Vierge Marie, avant de s’étendre le 4 février 1505.
Nous voyons donc que par sa naissance et son mariage, sainte Jeanne de France était destinée à tenir un grand rôle politique et une place importante dans la gestion et le gouvernement du royaume de France. Mais il n’en a rien été : fille de roi, elle est éloignée de la cour et est élevée par François de Beaujeu, baron de Lignières et sa femme Anne de Culan, dans le Berry ; mariée au duc d’Orléans, elle est sans cesse bafouée et rejetée par son époux qui l’empêche ainsi d’occuper sa place de première princesse du sang ; sœur de Charles VIII, sa place est rendue insupportable par les nombreuses révoltes de son époux contre la régente Anne de France, et encore plus par l’emprisonnement de Louis d’Orléans ; femme de Louis XII, elle est répudiée et devient duchesse de Berry.
- Pourriez-vous nous faire partager le fruit de votre travail et ce que vous a apporté cet approfondissement de la vie de sainte Jeanne de France ?
Tout d’abord, j’ai appris à mieux connaître cette figure historique. J’ai pu retrouver les traces qu’elle a laissé de son passage sur terre : le contrat de mariage et quelques documents de l’époque où elle devint duchesse de Berry.
Ensuite, j’ai appris à faire la part des choses dans tout ce que l’hagiographie (les vies de saints) nous raconte sur sainte Jeanne de France. Parmi les nombreuses vies de sainte Jeanne que j’ai traitée pour mon mémoire, une bonne part rapporte des anecdotes totalement improbables et invraisemblables, parce qu’elles participaient d’un schéma hagiographique ; il s’agit d’éléments que nous pouvons retrouver dans des vies de nombreux saints parce qu’ils étaient considérés comme des conditions de l’accès à la sainteté. En supprimant certains éléments, j’ai donc développé une vision plus pure – et je pense plus juste – de la vie de sainte Jeanne de France.
Bonjour
Je serais très intéressée pour découvrir le travail de Mme Hibon. Son mémoire est -il consultable ?
Avec mes remerciements,
Mme Valdelièvre