Juridiction de l’Ordinaire à partir de 1647
Notice
Les Annonciades arrivent à Meulan en 1639. La première ancelle est la mère Charlotte Dupuis, issue d’une famille aisée de Montdidier. Celle-ci entre très jeune dans un couvent de SÅ“urs Tertiaires de Saint-François  ou SÅ“urs Grises, à Montdidier, où elle prend l’habit et fait profession. Contrainte de se sauver de son couvent à cause de la guerre de Trente Ans qui ravage la Picardie, elle vient à Paris et trouve refuge dans la famille de Mathieu Molé. Ce dernier, frappé par sa personnalité, riche en vertu et en piété, la présente à la reine Anne d’Autriche ainsi qu’à l’Archevêque du diocèse de Rouen qui l’engage à fonder une maison de son Ordre – un couvent de SÅ“urs Grises – à Magny. Ce qu’elle fait. Mais Magny va rapidement être ravagé par une épidémie. Charlotte Dupuis et ses sÅ“urs se réfugient alors dans un château voisin, appartenant à Madame de Champigny. L’épidémie passée, la mère Charlotte désire retourner à Magny. L’archevêque de Rouen – Magny étant sur son diocèse – s’y oppose, désirant  la voir transférer sa maison à Meulan où, depuis longtemps, le prieur de Saint-Nicaise, Nicolas d’Avanne, désire un couvent d’Annonciades. La mère Charlotte obéit. Elle sollicite auprès de la reine Anne d’Autriche les lettres patentes lui permettant l’établissement de sa petite communauté. A ce moment là , la reine se trouve dans les premiers mois de sa grossesse. Elle dit alors à la mère Charlotte de joindre ses prières aux siennes afin que Dieu lui accorde un dauphin. Après une longue oraison dans l’oratoire de la reine, la mère Charlotte lui assure qu’elle sera exaucée. La reine, obtenant facilement de Louis XIII les lettres patentes, lui promet que le monastère et l’église seront érigés à ses frais. La première pierre est posée en présence de l’Archevêque de Rouen en 1639.
A partir de 1647, sous le supériorat de la mère Charlotte Dupuis, le monastère passe sous la juridiction de l’Ordinaire.
Malgré la bonne volonté de la reine, la construction du couvent traînera en longueur. A la mort de Louis XIII, en 1643, les religieuses n’ont encore pour s’abriter que quelques bâtiments et, pour vivre, les ressources de quelques-unes d’entre elles. Devenue régente, Anne d’Autriche délivre des lettres patentes par lesquelles elle se déclare fondatrice du monastère, et accorde des droits dont jouissent alors les maisons de fondations royales. Ceci est confirmé  par une lettre royale datée du 16 juillet 1643. Mais les guerres vont mettre un frein au vÅ“u de la régente et de son désir de voir enfin terminées les constructions de ce couvent. A sa mort en 1666, seules quelques constructions sont à peine commencées. A cette époque l’Ancelle est la mère de Boulainvilliers ; celle-ci va s’adresser à la princesse Palatine, Anne de Clèves, afin qu’elle intervienne à propos des constructions auprès de Colbert. Ainsi sollicité, Colbert va agir, faisant lever les plans du futur monastère. Il existe une correspondance d’avril 1681 à ce sujet. Malgré la protection royale et l’arrivée de dons, le monastère des Annonciades possède peu de revenus ; la pension accordée par le roi est payée très irrégulièrement. L’Ancelle est souvent dans la gêne…
L’église a été dédicacée le 15 septembre 1726 par l’archevêque de Grenoble. Le monastère est sous le vocable de Notre Dame de la Paix.
La communauté travaille beaucoup à la béatification de Jeanne de France. De nombreux documents le prouvent. Le Père Mareuil, jésuite, dans sa biographie consacrée à Jeanne, éditée en 1741, relate un miracle survenu à Meulan par l’intercession de la future bienheureuse. Ainsi, la sÅ“ur Marie dite de Saint-Charles est à toute extrémité. Agonisante, les sÅ“urs lui donne un peu d’eau dans laquelle elles ont fait tremper une relique de la bienheureuse Jeanne. A peine sÅ“ur Saint-Charles a-t-elle avalé quelques gouttes qu’à l’instant elle se trouve guérie. Le miracle a lieu le 4 octobre 1649, en la fête de saint François d’Assise. Mgr Le Camus, évêque de Belay, délégué de l’Archevêque de Rouen, en a fait le récit dans une lettre du 5 octobre 1649. La béatification de Jeanne aura lieu un siècle plus tard, en 1742.
Selon une lettre de 1750, adressée à la soeur de Sainte-Adélaïde, le monastère de Meulan aurait eu des pensionnaires. Jeunes filles ou dames pensionnaires ? On ne sait.
En moyenne, la communauté compte pus d’une trentaine de religieuses. Les derniers travaux de constructions se termineront en 1762 par la construction d’un bâtiment appelé « maisonnette ». Ce bâtiment comporte une salle voûtée sur croisée d’ogive qui a dû servir de réfectoire. En 1762 l’Ancelle est mère Marie-Claire Fontaine dite Angélique – une inscription gravée dans une pierre en témoigne : « ces voûtes ont été faites en l’an 1762 sous le gouvernement de la très révérende mère Marie-Claire Fontaine dite Angélique, supérieure de ce monastère ».
Dans les années 1785, Marie Claire Fontaine de Sainte-Angélique est toujours Ancelle, sœur Jeanne Françoise Rouillé de Sainte-Thérése, première dépositaire, Angélique-Marguerite Deschamp de Saint-Charles, seconde dépositaire. Le monastère possède des biens dans des communes avoisinantes (Arthieul, Brueil, La Chapelle, Saint Ouen, Vaux, Vilette, Bouafle et Paris).
La communauté est dispersée le 2 octobre 1792. La chapelle est démolie dès 1793. Les autres bâtiments sont vendus comme biens nationaux, divisés en lots.  En 1798, Sophie de Condorcet transforme en maison de campagne la partie ouest de l’ancien monastère qu’elle baptise « la maisonnette ». A sa mort en 1822, la propriété est vendue et convertie en maison de retraite. Celle-ci a été fermée en 1999. La propriété existe toujours avec son parc où se trouverait toujours l’ancien lavoir des religieuses. Enfin, une rue de la ville s’appelle « rue des Annonciades ».
Aujourd’hui – en 2023 – il ne reste plus que deux grands bâtiments qui sont les locaux du Collège privé catholique Mercier et où quelques sÅ“urs de la Charité de Saint Paul de Chartres officient. Dans le parc du collège se trouve l’Oratoire de Saint-Avoye (11e siècle), le collège souhaite le réhabiliter pour en faire la chapelle de l’établissement.
Sources manuscritesÂ
Archives des annonciades de Thiais AAT ; Archives Départementales des Yvelines 60 H 1 à 6 – E 428 ; Bibliothèque Municipale de Versailles, manuscrit 609 (130 G) ; Archives Municipales de Meulan, manuscrit 143 H 7 ; Archives Municipales de Pontoise, carton 48 ; Archives Départementales de la Seine-Maritime, série G 827‑840, G 5516, G 5533, G 1832, G 1836.
Sources imprimées
« La bienheureuse Jeanne de France », L’Union Séraphique, Lyon, 1938, oct.
Bories Edmond. Histoire du canton de Meulan, comprenant l’historique de ses vingt communes, depuis les origines jusqu’à nos jours … Ouvrage illustré de quatre cents dessins de l’auteur et accompagné de trente plans. Paris, 1907 ; Chap. 1 : Couvent des Annonciades de Meulan (p. 145-152).
Dulaure J.-A., Histoire physique civile et morale des environs de Paris, depuis les premiers temps historiques jusqu’à nous, tome11, Paris, 1838, p. 93-96 : les annonciades de Meulan.
Fontenelle René (Mgr), « En marge du Congrès marial [de Boulogne-sur-Mer] ou le vœu d’Anne d’Autriche », La Croix, 1938, 21 juillet.
Joulain A. (Abbé), « En marge du vœu de Louis XIII », L’Avenir, Blois, 1937, 28 oct.
Lettres de la reine Anne d’Autriche, du président Molé, du Père de la Chaise, de Madame de Montespan, d’Anne de Gonzague, princesse Palatine, etc. écrites à l’occasion de la construction du couvent des Annonciades de Meulan par Louis XIV, communiquées à la Société des sciences morales, des lettres et arts de Seine-et-Oise, et au Comité des travaux historiques institué près le ministère de l’Instruction publique. Avec un précis historique sur ces lettres par J.-A. Le Roy, membre titulaire de la Société et correspondant du Comité, Extrait du sixième volume des Mémoires de la Société, Versailles, 1860.
Monographie du château de Vigny, Fanchon Éditeur, Paris, 1902 ‑ page 2, 12.
Moracchini Pierre, « La pratique de la lettre d’obédience dans la famille franciscaine à l’époque moderne, à la lumière de l’itinéraire de sœur Charlotte Dupuis (ca 1602-1678), fondatrice du monastère des annonciades de Meulan », Les personnes d’autorité en milieu régulier. Des origines de la vie régulière au XVIIIe siècle, édition dirigée par Jean-François Cottier, Daniele-Odon Hurel et Benoît Michel Tock, Publications de l’Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 2012, p. 187-199.
Picou-Lacour Francesca, « L’architecture des monastères de l’Annonciade en France du 16è siècle au 18è siècle », Jeanne de France et l’Annonciade, Cerf, 2004, p. 277-314. L’auteur donne d’intéressants renseignements concernant la construction du monastère de Meulan.
Reaux Émile, Histoire du comté de Meulan. Première partie : Meulan. Meulan, 1873. Droits de reproduction réservés. Chap. 11: Monastère des Annonciades 1610-1783.
Bonjour,
Je travaille sur les archives municipales de Meulan depuis une dizaine d’années. Je vous confirme que ce texte est exact et correspond bien aux textes anciens que vous citez.
J’ai trouvé un plan nomenclaturé de la ville où l’on distingue les nombreuses possessions du clergé en 1770. Le couvent des sÅ“urs Annonciades était voisin de celui des Pénitents Blancs de Paris où les sÅ“urs ont été hébergées en attendant l’attente de la mise en chantier du leur.
J’ai également trouvé divers documents concernant le classement du couvent en bien national, l’expulsion des sÅ“urs, leur hébergement en ville, leurs date de prestation de serment à la Nation, la vente de l’église du couvent en 1793 pour démolition, etc…
Aujourd’hui il ne reste plus que 2 grands bâtiments qui sont les locaux du Collège privé catholique Mercier et où quelques sÅ“urs de la Charité de Saint Paul de Chartres officient.
Dans le parc du collège se trouve l’Oratoire de St Avoye (11e siècle), le collège souhaite le réhabiliter pour en faire la chapelle de l’établissement.
Je suis à votre disposition pour tout renseignement complémentaire
Cordialement