Samedi 11 juin 2016 en Fraternité au monastère de Villeneuve sur Lot, nous avons médité sur l' »aujourd’hui » de Dieu dans nos vies.
Voici cette méditation :
Quand « aujourd’hui » va bien, on baigne dedans comme dans un hamac un jour de vacances, on le goûte et on y voit volontiers un don de Dieu.
Mais comment rester dans la paix et la confiance quand « aujourd’hui » est difficile à vivre, comment le recevoir aussi comme un don de Dieu ?
Commençons par le Notre Père : « donne nous aujourd’hui notre pain de ce jour ». Cette demande suppose que le Père peut le donner et Jésus nous invite à le lui demander pour aujourd’hui, pour ce moment. Pas pour demain. C’est donc une invitation à l’abandon. Quand vous avez fait cette demande ce matin, toute la journée peut se passer sans autre demande. C’est une question de confiance.
Il y a une autre phrase du Père que nous pouvons méditer. Au baptême de Jésus le Père dit :  » Tu es mon Fils bien-aimé, aujourd’hui je t’ai engendré ». Quel est cet engendrement et pourquoi aujourd’hui ? C’est l’écho du psaume 2 « Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. »
Rappelons nous cette belle homélie de Benoit XVI :
« L’aujourd’hui éternel de Dieu est descendu dans l’aujourd’hui éphémère du monde et il entraîne notre aujourd’hui passager dans l’aujourd’hui éternel de Dieu. Dieu est si grand qu’il peut se faire petit. Dieu est si puissant qu’il peut se faire faible et venir à notre rencontre comme un enfant sans défense, afin que nous puissions l’aimer. Dieu est bon au point de renoncer à sa splendeur divine et descendre dans l’étable, afin que nous puissions le trouver et pour que, ainsi, sa bonté nous touche aussi, qu’elle se communique à nous et continue à agir par notre intermédiaire. C’est cela Noël: «Tu es mon fils; moi, aujourd’hui, je t’ai engendré». Dieu est devenu l’un de nous, afin que nous puissions être avec Lui, devenir semblables à Lui. Il a choisi comme signe l’Enfant dans la crèche: Il est ainsi. De cette façon nous apprenons à le connaître. Et sur chaque enfant resplendit quelque chose du rayon de cet aujourd’hui, de la proximité de Dieu que nous devons aimer et à laquelle nous devons nous soumettre – sur chaque enfant, même sur celui qui n’est pas encore né.
Revenons sur cette parole de Jésus à la synagogue de Nazareth : « Cette parole de l’écriture, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit »
Jésus comme Israël et comme l’Église et nous les chrétiens après lui, nous vivons sur la mémoire du passé. Pour Israël, c’était la Pâque, ce haut-fait de Dieu. La sortie d’Égypte, le passage à travers la mer, la destruction des ennemis. On ne peut pas ouvrir son psautier sans le retrouver. C’est omniprésent. Dans le malheur présent on rappelle à Dieu ses prouesses.
Pour les Chrétiens c’est la Pâque de Jésus, sa mort et sa résurrection qui sont l’anamnèse quotidienne « Christ est mort, Christ est ressuscité….
Le parfait exemple de cette rencontre du passé et du futur dans le présent c’est la messe, Ceci est mon corps, ceci est mon sang. Paroles du passé, situées dans le temps, paroles du présent, actualisation du geste de Jésus. Parole eschatologique. La gloire de Dieu est déjà là.
Voilà le point crucial de notre méditation, comment le paradis peut-il être déjà là dans notre vie ?
Regardons encore Jésus « La parole des prophètes, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Et Saint Paul « C’est aujourd’hui le moment favorable, c’est aujourd’hui le jour du salut. »
Jésus appelle le moment de la passion son heure et Saint Jean souligne que cette heure est l’heure de la gloire du Père et de la gloire du Fils. « Père, je t’ai glorifié/Père, glorifie ton fils ».  » Jean 13 Lorsque Judas fut sorti, Jésus dit: Maintenant, le Fils de l’homme a été glorifié, et Dieu a été glorifié en lui. Si Dieu a été glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même, et il le glorifiera bientôt. »
C’est cette attitude filiale devant notre Heure qui doit être celle d’un chrétien qui a suffisamment creusé sa foi, suffisamment prié et vécu avec Marie.
Car nous avons aussi chacun d’entre nous notre Heure où la gloire de Dieu apparaîtra.
La prévoir comme Jésus, la voir venir Lc 12 50  » Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! »
Aujourd’hui et aujourd’hui seulement nous pouvons collaborer pleinement à l’œuvre de Dieu et à son projet sur le monde.
Ainsi, nous ne vivons plus pour nous-mêmes, « si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur, si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. »
Le diacre.