Qu’est-ce que la foi ? Le Catéchisme de l’Église Catholique (CEC) répond : C’est d’abord une vertu donnée par Dieu. Mais c’est aussi notre adhésion personnelle à la vérité qu’il nous révèle, une adhésion de notre raison mais aussi de notre vie, de notre existence. On parle de l’obéissance de la foi, car la foi s’exprime à travers les actes que nous posons. Avant d’être un acte de la raison, la foi est une vie.
Marie, ferme dans la foi, stable et établie dans la foi
On peut dire que la Vierge Marie a vécu dans l’obéissance de la foi. Dans la foi, elle a accueilli l’annonce et la promesse apportées par l’Ange Gabriel, croyant que « rien n’est impossible à Dieu ». Dans la foi, elle est partie chez sa cousine Élisabeth qui a conçu elle aussi un fils dans sa vieillesse. Elle salue sa cousine qui s’écrie aussitôt : « Bienheureuse toi qui as cru en ce qui t’a été dit de la part du Seigneur !». Prenons le chemin de foi de la Vierge Marie ; en y mettant nos pas, elle nous entraînera dans son pèlerinage de foi, dans une fidélité de tous les jours.
L’Évangile de l’Annonciation se termine par ces mots : « Et l’Ange la quitta » : la lumière s’éteint. Désormais, Marie poursuit son chemin dans la nuit… « Pendant toute sa vie et jusqu’à sa dernière épreuve, lorsque Jésus son Fils meurt sur la Croix, sa foi n’a pas vacillé, elle n’a cessé de croire en l’accomplissement des promesses de Dieu » (CEC) Et le lendemain, quand le corps de Jésus repose au tombeau, toute l’espérance du monde se concentre en cette unique flamme qui monte, toute droite, vers le Ciel : la Foi de Marie qui, seule, attend, silencieuse, la résurrection promise. La Vierge a duré dans la foi. Sa foi n’a pas été celle d’un jour, mais celle de ses jours heureux ou bouleversés.
Une fidélité au jour le jour
Dans son homélie du 13 octobre 2013, le pape François parle de Dieu comme un Dieu qui « nous surprend avec son amour ». Cet amour de Dieu qui nous surprend demande une réponse, celle de la fidélité. « Nous pouvons, dit le pape, devenir « non-fidèles », mais lui ne le peut pas, étant « le fidèle » et « il nous demande la même fidélité. » Parfois, on s’enthousiasme pour quelque chose, pour un projet, pour un engagement mais quand survient un problème ou une difficulté, on ne persévère pas. Et le Pape François poursuit : « Il est souvent facile de dire « oui », mais ensuite, on n’arrive pas à répéter ce « oui » chaque jour. On ne réussit pas à être fidèles. » Et de proposer la Vierge comme exemple de fidélité. « Marie a dit son « oui » à Dieu, un « oui » qui a bouleversé son humble existence de Nazareth, mais ce « oui » n’a pas été l’unique, au contraire il a été seulement le premier de beaucoup de « oui » prononcés dans son cœur dans ses moments joyeux, comme aussi dans les moments de douleur, beaucoup de « oui » qui atteignent leur sommet dans celui dit au pied de la Croix. […] Pensez jusqu’où est arrivée la fidélité de Marie à Dieu : voir son Fils unique sur la Croix. La femme fidèle, debout, détruite à l’intérieur, mais fidèle et forte. »
Un Texte
« Ce qu’est la foi ? C’est un état – une habitude – répandu surnaturellement en nous ou qui nous a été donné par Dieu, par lequel l’esprit de l’homme est captivé, c’est à dire qu’il est d’accord, sans raison apparente, avec ce qui est contenu dans la Bible et ce qui a été défini par l’Église catholique [….] La foi est donc un don de Dieu par lequel vous croyez en Notre Seigneur Jésus-Christ qui est Dieu et homme, notre Créateur en tant que Dieu et notre Rédempteur et Sauveur en tant qu’homme. Pour vivre la foi parfaite, il vous suffit en tout de demeurer dans la foi et d’en vivre simplement, comme le veut le Saint-Esprit. En cette foi, nul ne se perdra. [Et] pour bien la garder, vous devez bien avoir en mémoire deux choses. L’une : « La foi sans les œuvres est morte. » La seconde : « Qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas apte au Royaume de Dieu.» (Bx Père Gabriel-Maria).
Pour Gabriel-Maria la foi est un état, elle fait corps à l’existence donc. La foi est aussi intuitive ; elle sait que c’est vrai sans faire appel au raisonnement, la raison est « captivée », pour reprendre le terme employé par Gabriel-Maria. La foi est un don et en ce don il faut se reposer, s’appuyer. « En cette foi, nul ne se perdra » écrit Gabriel-Maria. Saint François en chantant les louanges de Dieu chantait que Dieu est repos, sécurité, paix etc. On peut dire que la foi en Dieu est aussi sécurité, repos. Elle a du sens. Mais la foi, comme la petite flamme d’une lampe à huile, comme un feu pétillant dans une cheminée, doit être entretenue, ravivée, nourrit. On le fait par les actes, par les œuvres bonnes. La foi appelle la fidélité, la durée. Elle est le contraire du provisoire. La foi dit « oui » jour après jour. La foi est persévérante. Elle ne regarde pas « en arrière », elle avance toujours, elle va de l’avant. Pour illustrer les propos de Gabriel-Maria, voici l’exemple de deux musiciens.
Maurice Ravel fidèle à son art
« Pour vivre la foi parfaite, il vous suffit en tout de demeurer dans la foi et d’en vivre simplement »
Pour devenir le grand musicien qu’il fut, Maurice Ravel a cru en son art, en sa musique, il y a demeuré, il en a vécu. Concourant quatre fois pour l’obtention du Grand Prix de Rome, évincé quatre fois, il aurait pu se décourager. Au contraire, il a persévéré, allant jusqu’au bout de ses intuitions musicales. Il s’est voué pour ainsi dire à sa musique qui a été la réalité première de toutes ses journées. Ainsi, la profonde beauté de son œuvre musicale est due certes à son inspiration et à son génie, mais surtout à son acharnement au travail, étant tout entier à sa tâche de compositeur. Sa foi ? C’est d’avoir, en musique, discerné une direction qui l’a « captivé », d’avoir pris les moyens justes pour la poursuivre et arriver à la beauté qu’il désirait de toute sa vie, et d’y avoir été fidèle.
Olivier Messiaen captivé par le mystère de Dieu
La foi, « c’est un état – une habitude – répandu surnaturellement en nous ou qui nous a été donné par Dieu, par lequel l’esprit de l’homme est captivé, c’est à dire qu’il est d’accord, sans raison apparente, avec ce qui est contenu dans la Bible »
C’est connu : Olivier Messiaen a toujours été fasciné par le mystère de Dieu. Il était croyant. Il était chrétien. Il comprenait toute réalité à la lumière de sa foi. Sa musique a tenté de dire le mystère de Dieu qui est « au-delà de tout mot » (Rm 8, 26) – la musique étant elle-même au-delà de tout mot. C’est pour cela que, pour lui, la musique est l’art qui peut dire l’ineffable. Ainsi, disait-il : «la plupart des arts sont inaptes à exprimer les vérités religieuses: seule la musique, le plus immatériel de tous, en est relativement plus proche.»
Pour finir, une question ?
Rien de provisoire dans la vie de Messiaen, ni dans la vie de Ravel. Mais un chemin poursuivi fidèlement. Alors, peut-être est-il bon de se laisser interroger par cette question du Pape François : « suis-je un chrétien par à-coups, ou suis-je un chrétien toujours ? » Après avoir posé cette question, le Pape François poursuit en dénonçant un aspect de la culture actuelle, celui du provisoire, et ce provisoire peut atteindre notre foi : « La culture du provisoire, du relatif pénètre aussi dans la vie de la foi. Dieu nous demande de lui être fidèles, chaque jour, dans les actions quotidiennes et il ajoute que, même si parfois nous ne lui sommes pas fidèles, Lui est toujours fidèle et avec sa miséricorde il ne se lasse pas de nous tendre la main pour nous relever, de nous encourager à reprendre la marche, pour revenir à Lui et lui dire notre faiblesse pour qu’il nous donne sa force. Et cela c’est le chemin définitif : toujours avec le Seigneur, même dans nos faiblesses, même dans nos péchés. Ne jamais aller sur la route du provisoire. Cela nous tue. La foi est fidélité définitive, comme celle de Marie » (Homélie du 13 octobre 2016).
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