Juridiction de l’Ordinaire.

Notice

Le 11 novembre 1647, les Annonciades de Bruyères, dont le couvent a été complètement détruit par la guerre, s’établissent, après quelques années d’errance, à Vaucouleurs. Une personne généreuse de Burey-en-Vaux leur a permis en effet de trouver une maison en cette ville. Une lettre patente de Louis XIV confirme cette fondation :

«  Nos chères et bien aimées Marie de Jésus Agnès de St-Pierre et Jeanne de St-Gabriel, religieuses professes de l’Ordre de l’Annonciade… nous ont fait informer que le couvent de Bruyères en Lorraine, diocèse de Toul où elles ont pris l’habit de religieuses et fait profession, ayant été ruiné et brûlé…, désirant contribuer autant qu’il nous sera possible aux saintes intentions des exposantes et les obliger de prier Dieu pour la prospérité de notre État et de notre personne. De l’avis de la Reine régente notre honorée Dame et Mère ; de notre grâce spéciale pleine puissance et autorité royale ; avons au dites exposantes permis et accordé… par  ses présentes signées de notre main, de s’établir en tel lieu dudit Vaucouleurs… et y faire bâtir et édifier une église ou chapelle avec  dortoir, réfectoire, cloître et maison nécessaire, à leur Ordre et profession, pour vaquer à leurs prières et dévotions et y faire célébrer la sainte Messe pourvu que les dites exposantes ayant  du revenu suffisant pour vivre et s’entretenir audit lieu et ne soient à charge aux dits habitants… Décembre 1649 »

Par cette lettre, on apprend également que les Annonciades, arrivées à Vaucouleurs deux ans auparavant, s’étaient chargées d’instruire les jeunes filles de Vaucouleurs « en la piété », cela  « depuis l’année 1647 » et «  que les habitants en reçoivent un très grand contentement… »

La construction du monastère s’étale entre 1650 et 1681. À cette date de1681, sœur Jeanne de la Conception est mère ancelle, sœur Claude Gabriel de la Croix, assistante, sœur Margueritte Thérèse de la Sainte Trinité, économe.

Plusieurs documents des archives départementales de la Meuse signalent que les Annonciades peuvent prêter de l’argent. Par exemple, dans un acte de 1738, signé par Catherine de Laframboisière, économe, on peut lire : «  La charité établie à Vaucouleurs, pour les pauvres de la ville », ce qui laisse bien à penser que le monastère apporte de l’aide aux plus pauvres. Nombre de personnes leur « constituent une rente » pour obtenir un prêt, en retour. Cela rend service aux personnes qui ont besoin immédiatement d’un capital  et aux religieuses elles-mêmes qui obtiennent ainsi des revenus. La vigne est la source principale des produits qu’elles tirent du sol. Elles possèdent aussi des maisons : par exemple, en 1681 la communauté vend à Claude Varnier, laboureur à Badonviller, une maison qu’elle possède dans ce village.

L’inventaire du 15 septembre 1790, nous renseigne sur ce que possède le monastère, gouverné alors par Madame Euphrasie Madot, mère ancelle. Son assistante est sœur Marie des Anges le Braconnier, l’économe, sœur Marie Régie Lamblin. Voici quelques noms de religieuses composant la communauté à cette date : les sœurs Marie Joseph François, Marie Thérèse Oddolan, Marie Rose Martin, Marie Victoire Poirot, Marie Hyacinthe, Marie Jeanne Baudignécourt, Marie Anne Thouant, Rosalie Thouant, Félicité Prévot, toutes sœurs de chœur. Les sœurs  Ursule Mathis, Théodore Durand sont  sœurs converses.

Le monastère d’après l’inventaire de 1790

Une sacristie. Dans le chÅ“ur, on peut apercevoir une Vierge en bois doré, une statue de sainte Jeanne de France ainsi que 14 tableaux (certainement un chemin de croix). Dans la salle du noviciat, il y a un petit autel décoré d’un Christ. Le couvent compte 14 cellules (avec couchette, paillasse, matelas, traversin, oreiller, deux couvertures, un rideau fort simple). Il y a aussi l’infirmerie, l’ouvroir, le réfectoire avec 7 tables ; on y  trouve rangés 57 nappes, 17 douzaines de serviettes, 20 essuie-mains.  Dans la cuisine on peut voir, entre autres choses, 5 douzaines d’assiettes de faïence, 6 soupières…. La chambre à four comporte tout ce qui est nécessaire pour pétrir le pain. Il y a aussi  « une chambre à lessive » – ou buanderie -, un « vendangeoir ».  Il y a aussi le logement des sÅ“urs  tourières, le parloir, une écurie avec 4 vaches, un grenier à foin. La Bibliothèque est le reflet de la vie spirituelle du monastère. On y trouve des ouvrages de prières, de méditations, de spiritualité, toutes les Å“uvres de Saint François de Sales en un volume, le livre de la connaissance de l’amour de Jésus Christ du Jésuite J.B. Jure, les Å“uvres du Père Louis de Grenade, le gros catéchisme, les confessions de Saint Augustin, la vie des saints en deux volumes du Père Géry, provincial des minimes etc… Enfin le monastère comporte jardin, cave et grenier.

Au moment des événements révolutionnaires de 1789, toutes les sœurs  veulent rester dans leur monastère, sauf une. La dispersion de toutes les religieuses a lieu le 8 octobre 1791. Le couvent a été démoli en 1848. À son emplacement, se trouve actuellement l’Hôtel de Ville de Vaucouleurs.

Liste des Mères Ancelles

Mère Marie de Jésus, moniale de Bruyères, 1ère ancelle en 1647-1658. Puis : Marie Antoinette de Saint-Joseph (1661), Marie de l’Enfant Jésus (1665), Claude Gabrielle de la Croix (1670), Jeanne de la Conception (1684-96-1717), Marguerite des Anges (1700), Béatrix de Sainte- Jeanne (1727), Marie Hyacinthe de la Ruelle (1756), Béatrix de Sainte-Jeanne (1771), Marie-Euphrasie Madot (1768-1775-1790).

Au moment de la suppression, la communauté compte 14 moniales.

Sources manuscrites

Archives Départementales de la Meuse, série H  ‑ 37 H 21-22.

Sources imprimées

Bataille  H., « Les annonciades de Vaucouleurs », Revue lorraine populaire, n° 87, avril 1989, p. 132.

Catherine de Bar : de Bruyères à Vaucouleurs », Documents historiques,  éd. Bénédictines du St-Sacrement, Rouen 1973.

Hervin chanoine, Vie abrégée de la T.R.M. Mechtilde du St-Sacrement, Paris, 1883.

Robinet, Abbé, Pouillé de Verdun, tome III, 1888. Voir aussi le Pouillé de Commercy, 1896, fol. 568.

 

 

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