Elle s’avance aux côtés de Joseph. Elle est bien jeune, peut-être 16 ans ! Dans ses bras elle tient un nourrisson, son unique trésor : Jésus. Elle est venue au Temple accomplir ce qui, dans la Loi, la concerne ainsi que son enfant. Et voici qu’un vieillard s’approche – Syméon -, il prend l’enfant dans ses bras et dit ces mots :
« Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction, et toi, ton âme sera traversée d’un glaive : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. » (Lc 2, 34-35)
Pensons-nous que ce fut évident pour Marie de recevoir ces mots en plein cœur ?
Quelques années plus tard, nous retrouvons la Sainte Famille à Jérusalem. Cette fois, Jésus a douze ans et ils sont tous les trois en pèlerinage. Sur le chemin du retour, les parents de Jésus s’aperçoivent que leur enfant n’est pas là . Au début ils ne s’inquiètent pas pensant que le garçon se trouve dans la caravane… mais non : Jésus a vraiment disparu. Quelle angoisse étreint le couple ! Ils le cherchent pendant trois jours ! C’est énorme trois jours quand on a perdu un enfant. Et puis, ils le retrouvent là , au milieu des docteurs.
« Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » (Lc 2, 48-49 )Et l’Évangile ajoute que les parents de Jésus « ne comprirent pas ce qu’il leur disait » (Lc 2,50) Devant ces mots si difficiles à accueillir, que fait Marie ? « Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. » (Lc 2, 51)
Marie ne renonce pas, elle ne rebrousse pas chemin dans sa suite du Christ : elle accepte de ne pas comprendre, elle accepte le mystère de son Fils, elle accueille le mystère de Dieu caché en son enfant. Elle accepte de marcher sans tout voir.
Jésus : 30 ans de vie cachée. Cela aussi est un profond secret pour Marie : confrontant la Parole de l’Ange à l’Annonciation à cet enfouissement dans l’humble quotidien d’un charpentier de village… jusqu’à la contradiction totale à l’heure où son fils est cloué sur la Croix comme un maudit – Lui …..
« Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »  (…) « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, il sera appelé Fils de Dieu. (Lc 1, 32-33.35)
Mais Marie est toujours là , toute proche de Jésus, mettant ses pas fermement dans ceux de son divin Fils, confiante malgré tout ce qu’elle voit, malgré tout ce qu’elle entend dire…..
« Je suis la servante du Seigneur, qu’il me soit fait selon ta Parole » (Lc 1,38)
Et nous ? Suivons-nous Jésus avec ce même audacieux abandon sans s’inquiéter de ne pas tout saisir ? Acceptons-nous de ne pas être le maître mais simplement le serviteur « doux et humble de cœur » ? N’est-ce pas ce chemin-là que Jésus nous indique, celui que Lui-même a emprunté? Osons-nous tout miser sur Dieu? Osons-nous prendre Dieu au mot sans lui dire comment il doit s’y prendre? C’est Lui notre Sauveur!  Lui seul!
« Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur ! »
                         Sœur Marie de l’Annonciation, ovm