27 avril au 2 mai 2019
Programmé depuis deux ans déjà , la Fraternité laïque de Thiais a fini par prendre son envol pour un petit voyage en Pologne du 27 avril au 2 mai 2019. Age, santé et activité professionnelle ont eu raison de nos effectifs : en un an, la liste des partants est passée de 13 à 6. Nous nous sommes donc promis de faire un compte-rendu pour ceux qui n’ont pas pu effectuer le déplacement et de rendre grâce pour tout ce que nous avons reçu !
Samedi 27 avril : après deux heures d’avion et trois heures de voiture à travers la campagne polonaise (en passant devant la maison du lieu de naissance de Sœur Faustine : ce n’est pas rien !), nous sommes enfin arrivés au Monastère des Annonciades, à trois kilomètres du célèbre Sanctuaire de Licheń.
Après un premier office (dont nous nous souviendrons toute notre vie), où nous avons eu un peu de mal à suivre la liturgie, nous avons eu le bonheur d’arriver pour le temps d’adoration du Saint Sacrement : que rêver de mieux après 1400 km ? Il n’y eut désormais plus de problèmes de langue pour nous !
Après un formidable accueil par les Sœurs, nous avons partagé un souper « polonais » frugal, avec la fraternité laïque de Licheń. Heureusement que les Sœurs avaient tout prévu : le Père Eugène (Père Marien proche des Annonciades depuis de nombreuses années) et Raphaël (de la Fraternité Laïque) ont assuré les traductions.
Afin de mieux faire connaissance, les Sœurs avaient organisé une « récréation » en commun avec les fraternités laïques de Thiais et celle de Licheń. Le Père Eugène a bien voulu assurer la traduction systématique de toutes nos conversations. Tout le monde s’est présenté, avec beaucoup de simplicité et de bonne humeur : même Kasia, postulante à Licheń, a tenu à se présenter d’une manière particulièrement originale : « je ne suis pas mariée et je n’ai pas d’enfant ! ». Nous en avons beaucoup ri ! La Fraternité laïque de Licheń a profité de cette occasion pour nous remercier pour l’envoi des badges de la Fraternité (écrits en polonais) et a tenu à offrir un petit présent pour tous les membres de la Fraternité de Thiais. Enfin, nous avons terminé la soirée avec quelques chocolats, un verre à la main.
Dimanche 28 avril : après les Laudes et la Messe, nous avons découvert le petit déjeuner polonais (impressionnant !) puis, avec Raphaël et sœur Louis-Marie, nous avons commencé la visite de la Chapelle des Annonciades et du Bois de Grąblin, qui jouxte le monastère.
Même si la Vierge Marie est apparue en 1813, sur le champ de bataille de Leipzig (cf. bataille napoléonienne d’octobre 1813, appelée également Batailles des Nations), et que son image retrouvée à Czestochowa (à 200 km au sud de Licheń), c’est bien dans ce petit bois de Grąblin que commence la vénération de la Vierge Marie en 1844 lorsque Thomas, le forgeron, y dépose une image de la Vierge et y construit un petit calvaire. Huit ans plus tard, en 1850, ce lieu du placement de l’image, devient célèbre en raison des révélations et des apparitions qui s’y manifestèrent. La Vierge apparut au berger Nicolas : par celui-ci, Elle appelait les gens à la pénitence, à la prière et à la conversion. Le caractère de l’image devint encore plus célèbre en 1852, lors de l’épidémie de choléra qui ne décima pas seulement la population locale.
Prédits par la Vierge deux ans auparavant, les évènements concernant l’épidémie de choléra interpelèrent la population locale, laquelle, malade et en danger, commença à se rassembler à l’endroit des révélations dans le bois de Grąblin : la foi, la prière ardente et la Gloire de la Vierge Marie, apportèrent aux priants, la santé désirée et les grâces nécessaires.
Cet événement fut le début du culte de l’image : ainsi, se répandit la Gloire de Marie dans tous les villages alentour. Compte tenu de l’importance toujours croissante de ce culte, mais également pour sa sécurité, en 1852, l’image fut transférée vers l’église paroissiale de Licheń.
Cette icône a traversé toutes les époques douloureuses de la Pologne du XIXè et du XXè siècle : plus d’existence en tant qu’État de 1814 à 1918 ; occupations prussiennes, autrichiennes et russes, épidémies, etc.
Cachée pendant la seconde guerre mondiale, l’icône a repris sa place :
- Le sanctuaire de Licheń a été confié aux Pères Mariens, lesquels prient les 10 vertus évangéliques de Marie depuis 1701 (on ne pouvait pas l’inventer !) ;
- Dans le cadre de la célébration du millénaire du baptême de la Pologne, le 15 août 1967, le Cardinal Wyszyński, primat de Pologne a couronné l’image de Notre Dame de Licheń, avec la couronne papale (cf. décision du Pape Paul VI) ;
- La Basilique construite en l’honneur de Notre Dame de Lichen de 1994 à 2004, a été bénie par le Pape Jean-Paul II en 1999 ;
- Enfin, cette icône, enchâssée au-dessus du tabernacle de l’autel principal de la Basilique, est dévoilée tous les jours à 16 heures (nous avons d’ailleurs eu la joie profonde d’être présents – Merci Raphaël !).
Autre beau cadeau, le Père Eugène, avant son départ pour Lublin, a tenu à nous offrir une célébration, en français, pour nous seuls avec Sœur Louis-Marie et nous faire communier au corps et au Sang du Christ : Merci Père Eugène !
A partir de ce jour béni, avec ou sans Raphaël, nous n’avons eu de cesse de visiter le Sanctuaire, tellement la spiritualité du lieu nous invite à la réflexion, à la méditation et à l’action de grâce.
Lundi 29 avril : avec Adriana, qui parle si bien notre belle langue, visite de l’abbaye cistercienne de Lod (à cinquante km de Licheń), laquelle fut fondée en 1145, détruite en 1331 par les chevaliers teutoniques (de triste mémoire !). Reconstruite en 1650, l’abbaye est confisquée par les Prussiens en 1796, puis dissoute en 1819.
Depuis 1921, l’abbaye est entretenue et occupée par les salésiens, lesquels ont encore aujourd’hui, une grande action locale sur la jeunesse, et depuis l’été 2009, cette même abbaye est inscrite aux Monuments historiques de la Pologne.
Après un repas en commun à Konin, (16 km du Monastère des Annonciades de Licheń), face à la rivière Warta, nous avons visité la magnifique église Saint-Barthélémy avec une chapelle de la Miséricorde Divine, hors du commun, puis emprunté les rues de la vieille ville (cf. synagogue 1825) : nous y avons même trouvé, un vieux poteau indicateur en pierre relatif à la route de l’ambre (1151).
Mardi 30 avril : journée de visite avec Raphaël au Sanctuaire de Lichen. Nous avons visité toutes les chapelles du Sanctuaire, mais également, le cimetière, le Golgotha (chemin de croix), la chapelle de Sainte-Faustine, sans oublier la chapelle des 108 Martyrs de Pologne martyrisés, exécutés, voire guillotinés en raison de leur foi, par les Nazis.
Le 13 juin 1999, au cours de son plus long voyage en Pologne (5-17 juin), Jean Paul II a béatifié, à Varsovie, 108 martyrs polonais, victimes du nazisme pendant la seconde guerre mondiale. Le groupe se composait de 9 laïcs, 8 religieuses, 3 séminaristes, 7 frères franciscains conventuels, 26 religieux prêtres, 52 prêtres diocésains et 3 évêques. Parmi eux figuraient Antoni Julian Nowowiejski, archevêque de Plock, torturé à mort à Dzialdowo ; Wladislaw Goral, évêque de Lublin, torturé avec une haine particulière pour l’unique raison qu’il était évêque catholique.
Des prêtres diocésains et religieux périrent parce qu’ils ne voulurent pas abandonner leur ministère ; d’autres prêtres moururent en soignant leurs compagnons de prison ; d’autres encore furent torturés à mort pour avoir pris la défense des juifs ; des religieux, frères, et des sÅ“urs persévérèrent dans le service de la charité et dans l’offrande de leurs souffrances.
Dans le groupe des laïcs figuraient cinq jeunes issus d’un patronage salésien, un militant d’action catholique, un catéchiste torturé à mort en raison de son service d’Église et une femme qui voulut prendre la place de sa belle-fille qui attendait un enfant.
Jean Paul II ajoute dans son homélie : « Ces bienheureux martyrs sont aujourd’hui inscrits dans l’histoire de la sainteté du peuple de Dieu en pèlerinage depuis plus de mille ans sur la terre polonaise. Ils nous rappellent qu’en toutes choses, nous pouvons remporter une pleine victoire grâce à celui qui nous a aimés (cf. Rm 8, 37). A ce titre, ils nous disent : « Dieu est amour ! Réveillez en vous l’espérance ! Qu’elle produise en vous, malgré les épreuves, son fruit de fidélité ».
Mercredi 1er mai : Jour férié en raison de la fête du travail (mais aussi le 3 mai : fête de la Constitution polonaise, du 3 mai 1791)
Jour particulier pour nous Français : ici pas de défilé unitaire avec les syndicats, le plus souvent, de gauche et athée, mais des flux incessants d’autocars qui débarquent des touristes venant faire leur « Chemin de Croix » dans le bois de Grąblin : une pure merveille pour nous ! Ensuite, une messe en plein air avec des prêtres qui « confessent » à tous les points cardinaux. (Je crois, dans mes voyages spirituels, n’avoir jamais vu autant de confessionnaux au m² !!!)
Après-midi : temps libre, direction le Sanctuaire pour se resourcer une dernière fois avant le retour sur Paris.
Jeudi 2 mai : Départ de bonne heure mais les Sœurs étaient là pour de magnifiques adieux. Trois heures de voiture et deux heures d’avion retour Roissy / Paris avec la tristesse de partir si vite mais aussi, avec l’espoir de revenir bientôt.
BILAN DE CE PETIT PÈLERINAGE
Tout d’abord, Émilienne, Michelle, Isabelle, Jacqueline et Annick mon épouse, se joignent à moi pour rendre grâce pour ces moments forts en liaison avec nos Sœurs Annonciade de Licheń.
Nous avons immédiatement compris que les Annonciades avaient toute leur place à Licheń. Pour nous, c’est une évidence, et le parcours spirituel des Pères Mariens en est le vivant exemple : seule, une communauté Annonciade était en mesure de souligner l’œuvre de la Vierge Marie à travers Sainte Jeanne de France.
D’autre part, avant ce pèlerinage, il nous manquait quelque chose. À nous qui connaissions Saint-Doulchard, Grentheville et Thiais (trop jeunes dans la fraternité pour avoir connu Brucourt, Menton et Villeneuve-Sur-Lot). En fait, il nous manquait de créer du lien avec Licheń. Merci Marie, Mère de Dieu, Mère de l’Eglise et Mère des Hommes à tout jamais. Merci également, à tous ceux qui n’ont pu venir, de nous avoir accompagné dans la prière et la fraternité.
Pour résumer ce périple en Pologne, nous serions tentés de retenir trois mots : Joie, Fraternité et Simplicité.
La joie des retrouvailles,
Avec les Sœurs de Licheń et leur fraternité laïque :
La joie pleine et vécue pour tous ces offices partagés, pour ces moments forts de partage où nous avons pu louer le Seigneur pour le chemin qu’il ouvre en nous ;
La joie, et quelle joie pour nous d’avoir pu découvrir le Sanctuaire de Licheń avec Raphaël, sans oublier le monastère de Lad, Konin et sa région avec Adriana ;
La joie et l’émerveillement de mettre enfin des mots et visages sur le Monastère des Annonciades de Licheń ;
La joie d’avoir enfin des liens avec la Fraternité laïque avec laquelle, nous prions chaque jour, sans nous connaître.
La fraternité
Découvrir l’autre, voir en lui, laïc ou religieuse, le frère ou la sœur avec qui je veux faire vraiment un bout de chemin ;
Nous avons pu vivre cette fraternité en pouvant dire à l’autre : « je ne vous ai pas choisi, mais vous avez du prix à mes yeux ».
La simplicité
Nous nous sommes tous accueillis avec nos richesses et nos faiblesses ;
Nous avons savouré la simplicité de l’organisation, des repas, des rencontres et des offices (nous avons même pu suivre les offices en polonais, grâce aux documents remis en amont, par Sœur Marie de la Miséricorde).
Aujourd’hui, nous sommes encore tout étourdis de ce voyage, comme si « le vent de Pentecôte » avait soufflé avec un peu d’avance !