Chers tous,

Le mois dernier, je vous avais laissés avec cette méditation sur la prudence par rapport à Dieu qui nous invitait à ne pas suivre le Seigneur de loin….. L’étape d’aujourd’hui, nous emmène dans un jardin. Le Père Gabriel-Maria poursuit son sermon en ces termes : « La deuxième prudence est de nous tenir sur nos gardes à l’égard de nous-mêmes. Elle consiste surtout à bien gouverner notre langue (…)»

Bien gouverner notre langue ! Un art tellement difficile ! Notre langue peut faire œuvre de vie ou de mort, elle est capable de construire et de détruire, elle peut louer et maudire. Ce petit organe est vraiment très puissant : « Il n’y a pas de bon arbre qui produise un fruit gâté, ni inversement d’arbre gâté qui produise un bon fruit. Chaque arbre en effet se reconnaît à son propre fruit ; on ne cueille pas de figues sur des épines, on ne vendange pas non plus de raisin sur des ronces. L’homme bon, du bon trésor de son cœur, tire ce qui est bon, et celui qui est mauvais, de son mauvais fond, tire ce qui est mauvais ; car c’est du trop-plein du cœur que parle la bouche. (Lc 6, 43-45)
C’est du trop-plein du cœur que parle la bouche ! Combien cette Parole de Jésus nous rejoint dans notre plus profond secret. Par ailleurs Jésus dit « La Parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. (Jn 14,24) » Jésus dit cela. Lui qui Est la Parole de Dieu ! La source de Jésus, son arbre qui produit le fruit excellent, c’est le Père et en même temps, la Parole c’est lui-même qui est né du Père. Jésus comme le trop plein du cœur du Père !

Mais que dire de nos paroles ? On se dit beaucoup dans nos paroles ! Nos mots disent nos maux. « C’est en nous que se trouve la raison du malheur; c’est dans notre conversion que se trouve le bonheur » disait Jean Paul II aux jeunes à Strasbourg en 1988. Tous les conflits qui déchirent les peuples, les familles et les communautés humaines, sont dans mon cœur et dans le vôtre. Toutes les étroitesses et les raideurs des pharisiens, mais aussi les errances des publicains et celle des deux fils de la Parabole et encore tous les dictateurs de tous les temps qui sont montrés du doigt, tous les tyrans de toutes les époques sont en moi et en vous. Tant que je n’ai pas pris conscience de cela, tant que je n’ai pas le courage et la lucidité de voir que les racines de ces fruits gâtés sont dans mon cœur alors je ne peux pas vraiment gouverner ma langue. En effet, comment parvenir à cette maîtrise de soi sans travailler sur mes pensées qui deviennent paroles. Et comment transformer mes pensées si Jésus ne vient lui-même guérir mon cœur en commençant par éclairer les ténèbres qui m’habitent- ces ténèbres qui m’obscurcissent et assombrissent le monde ?

Oui, vraiment, cette prudence à l’égard de nous-mêmes que décrit le Père Gabriel Maria – qui touche surtout à la parole – est un long chemin de conversion de l’arbre intérieur afin de produire des fruits qui soient comme ceux de Jésus, le trop plein du cÅ“ur du Père.

Que Sainte Jeanne de France, fêtée le 4 février, nous apprenne à dire en toute vérité : « O Marie, Vierge et Mère de Jésus, donnez-moi de penser, de dire et de faire ce qui plaît le plus à Dieu et à vous-même.» A bientôt !

Sr Marie de l’Annonciation OVM

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