« Je veux voir Dieu mais pour le voir il faut mourir » s’exclamait  Sainte Thérèse d’Avila…   « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu ». Rappelons-nous ce que nous disions le mois dernier : le cœur pur est le cœur qui n’est pas partagé. Cette béatitude  signifie que celui qui suit le Seigneur Jésus sans être partagé verra Dieu au travers du Christ. Voir Dieu ! Un désir profond  qui traverse la Bible. Savons-nous l’entendre dans le fond de notre être ?

Ceux parmi vous  qui portent des lunettes ont fait sans doute cette expérience : il arrive de ne plus voir  très clair au point de se demander si une visite chez un spécialiste n’est pas nécessaire. Mais en regardant les verres à la lumière on découvre d’innombrables tâches et des amas de saleté….une simple petite toilette de nos précieuses bésicles et tout rentre dans l’ordre. Le Père Gabriel Maria, lui,  dans la suite de son sermon nous invite aujourd’hui à inspecter nos yeux afin de les accorder à ceux de Jésus et de Marie. Subtilement il nous fait glisser des yeux du corps aux yeux du cœur.

« Ensuite, nous devons venir aux deux yeux. Le premier œil de Jésus sera de ne rien vouloir voir, ni vanité ni aucune chose du monde qui pourrait empêcher la vue de Jésus, de tenir notre intelligence constamment dirigée vers Lui pour Le connaître et Le goûter. L’œil de Marie est de ne vouloir être vu par personne, quelle qu’elle soit, sauf de Marie. Tout autre regard pourrait ternir et souiller notre pureté. Ces deux excellents yeux ressemblent bien aux yeux de Jésus et de Marie. »

Deux points se dégagent nettement dans ce passage : Il est tout d’abord question de voir Jésus et d’être tout entier orienté vers Lui. Ce qui concorde bien avec la béatitude des cœurs purs  telle que nous la comprenions plus haut et déjà un peu dans la lettre du mois d’Août. Un chemin de simplification s’ouvre devant nous,  car fuir ce qui partage et divise rend notre cœur simple, unifié, reposé tout entier en Dieu. Pour cela,  le ménage est un passage obligé. Il  s’enracine dans le choix de ce qui favorise la rencontre avec Le Seigneur « pour le connaître et le goûter » et dans ce but, « il faut mourir ». Oui, mourir ! Car qui dit choix dit tri  sélectif ! Le renoncement à ce qui nuit et une forme de mort.  Et oui : pour aller à Jésus le tri dans notre quotidien  s’impose aussi. Ce que nous regardons nous marque profondément, imprègne notre mémoire, notre imagination, envahit notre intelligence.  « Ne rien vouloir voir, ni vanité ni aucune chose du monde qui pourrait empêcher la vue de Jésus » Les écrans, les affiches envahissent notre quotidien. Ne pas vouloir voir….nous ne sommes pas obligés de regarder tout ce qui défile sous nos yeux ! Se défaire de nos mauvaises habitudes dans ce domaine est réellement un renoncement à la mort  pour choisir la Vie, la vraie ! Celle que Jésus nous offre. Clarifier notre regard de ces mondanités et vanités pour Contempler Le Seigneur qui est toute beauté et toute bonté. Comme pour l’écoute, le secret est encore de remplacer une mauvaise  habitude par une bonne : Au lieu de regarder tous nos écrans qui défilent et tant d’affiches, d’images du monde qui laissent un vide immense en nous,  prendre le temps de regarder un beau bouquet de fleurs, un bel arbre, un beau paysage, les visages de ceux qui nous entourent, contempler une belle icône ou encore mieux…. vivre un temps d’Adoration du Très Saint Sacrement : là, nous voyons Dieu ! Que le Seigneur nous donne de Le voir et de voir selon Lui !

Le deuxième point change les perspectives. Il s’agit cette fois d’être vu. « L’œil de Marie est de ne vouloir être vu par personne, quelle qu’elle soit, sauf de Marie. Tout autre regard pourrait ternir et souiller notre pureté. Ces deux excellents yeux ressemblent bien aux yeux de Jésus et de Marie »

Dans l’Evangile, le Seigneur nous invite à vivre sous le regard du Père et non sous le regard des autres-cette invitation à vivre dans le secret ! Comme il est difficile d’être vraiment dégagé du regard des autres…et plus encore cet autre terrible qui est nous-même. Ne vouloir être vu de personne et bien plus ne pas vouloir être vu par soi-même….quelle libération. Vivre uniquement sous le regard irradié de Miséricorde de Celui qui seul me voit telle que je suis en vérité. Ce regard du Seigneur qui voit ma misère et vient me délivrer tout comme il voit son Peuple en esclavage en Egypte et qui descend pour le libérer. « Ton Père voit dans le secret…. » (Mt 6, 6)  Oui, souvenons- nous de Celui qui voit dans le secret. Belle rentrée !

soeur Marie de l’Annonciation, ovm

 

 

 

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