« La quatrième condition de l’obéissance est d’être persévérante. Il ne suffit pas de commencer une bonne œuvre, il faut l’achever. On rencontre parfois des religieux qui, ayant revêtu depuis peu l’habit de l’ordre ou quelque dignité, se montrent très dociles dans les débuts. Nulle occupation ne leur pèse, et ils sont prêts à faire tout ce qu’ils ont à faire. Plus tard ils se relâchent et n’estiment plus «Dame obéissance ». Ils la chassent du monastère et perdent ainsi les mérites de leur bonne volonté première. Ces religieux n’ont pas l’obéissance de Marie car, ayant commencé par l’humilité, son obéissance s’est toujours accrue. L’humilité est le réel fondement de l’obéissance sur lequel ce que l’on bâtit ne s’écroule pas mais demeure jusqu’au bout et ne cesse de grandir en solidité.» (Bx P. Gabriel Maria)

Il ne suffit pas de commencer une bonne œuvre, il faut l’achever.

« Avant la fête de la Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout…. » (Jn 13, 1) : Voici le chemin que nous trace notre divin Maître. Bien sûr, nous ne serons jamais à la hauteur de son amour livré sur la Croix : il descend si bas pour aller chercher chacune et chacun  de nous. Mais nous pouvons essayer de poser nos  pas fragiles à sa suite, dans ce même sens ! Et laisser l’Esprit Saint faire le reste.

L’aisance des premiers pas….. Quand l’amour est tout neuf, quand le coup de foudre est là, vivre l’obéissance qui est écoute de l’autre en acte n’est pas difficile. Persévérer et persévérer sans s’aigrir mais dans une dilatation croissante de notre cœur, de notre capacité d’aimer, cela n’a rien d’évident.

Comment persévérer ? Comment nourrir la flamme de notre amour pour qu’elle croisse au lieu de s’amoindrir jusqu’à s’éteindre ?

Je me souviens d’un pèlerinage que je fis à l’époque de mes études. J’avais rejoins avec une amie la marche des jeunes de Gdansk en Pologne. Nous devions parcourir 500 kilomètres environ jusqu’au célèbre sanctuaire mariale de Czestochowa. Nous n’étions que deux françaises ne parlant pas un mot de polonais. Les deux premiers jours, déjà fourbues, nous regardions sur la carte le chemin déjà  parcouru – dérisoire – et la si longue route qui restait à arpenter.  C’était plutôt décourageant. Aller jusqu’au bout me semblait d’un coup une folie ! Mais pourquoi donc ai-je eu l’idée de faire ce Pèlerinage ! Alors nous avons décidé de ne plus surveiller notre progression quotidienne ni de compter combien de kilomètres il nous restait. Nous avons tout simplement accueilli chaque jour sans l’alourdir par la pensée du lendemain. Et nous sommes allées jusqu’au bout simplement, avec des jours légers et des jours de lassitude mais avec joie.

Vivre aujourd’hui. Prendre soin de la façon dont on habite l’aujourd’hui. Ouvrir ma Bible aujourd’hui. Me mettre à genoux  aujourd’hui pour demander le secours  de Dieu. Vivre maintenant qui est le seul moment où je peux toucher Dieu par un acte de foi, où je peux lui donner un verre d’eau, en servant mes sœurs. Accomplir mon devoir d’état aujourd’hui  avec toute l’application de mon cœur et de toutes mes facultés, du mieux que je peux. Tomber aujourd’hui et me relever. Porter les difficultés les uns des autres aujourd’hui, écouter l’autre aujourd’hui. Rendre grâce pour ce jour d’aujourd’hui qui ne ressemble à aucun des autres jours que je vivrai ou que j’ai déjà vécu.  Quand je vis aujourd’hui je plonge dans  l’éternel Aujourd’hui de Dieu. Et d’aujourd’hui en aujourd’hui j’irai jusqu’au bout, émerveillée de l’œuvre de Dieu dans ma vie au fil des jours égrainés comme  un chapelet. Vivre pleinement l’aujourd’hui est un combat mais il conduit à la paix et à la vraie joie de  Dieu.

« Ces religieux n’ont pas l’obéissance de Marie car, ayant commencé par l’humilité, son obéissance s’est toujours accrue. L’humilité est le réel fondement de l’obéissance sur lequel ce que l’on bâtit ne s’écroule pas mais demeure jusqu’au bout et ne cesse de grandir en solidité. »

L’écoute de la Vierge Marie : quelle profonde humilité comme le souligne le Père Gabriel Maria ! Marie écoute l’ange à l’Annonciation, elle écoute aussi les bergers venus voir ce qui leur a été annoncé. Elle écoute Syméon et la prophétesse Anne lors de la présentation au Temple. Elle écoute encore Joseph quand il faut fuit de nuit en Egypte puis quand il faut revenir. Elle écoute sans comprendre la réponse du jeune Jésus qu’elle retrouve au Temple après trois jours de recherche angoissée. Elle écoute les longues années d’enfouissement du Messie dans l’humble vie cachée de Nazareth. Elle écoute la réponse de son divin Fils aux noces de Cana. Elle écoute les dernières paroles du Seigneur sur la Croix. Elle écoute. Elle garde et médite  dans son cœur. Elle se laisse instruire. Elle approfondit sans cesse. Jusqu’au bout. Joyeuse fête de l’Annonciation !

Sœur Marie de l’Annonciation OVM

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