Retraite de la Fraternité Annonciade  à l’abbaye de Soligny-la-Trappe

du 15 au 18 juin 2023

 

« L’Aigle, 2 minutes d’arrêt ! »

Nous descendons du train pour accéder à nos taxis qui vont nous mener à l’abbaye de Soligny-la-Trappe. Nous sommes dans le département de l’Orne, dans le Perche, une région de lacs et de forêts. L’abbaye se trouve à 18 kilomètres de la gare.

Annick et Éric sont venus en voiture avec Andrée et Jacqueline.

Nous sommes accueillis par le frère Gérard, le frère hôtelier. Il est trappiste. Il nous souhaite la bienvenue avec un large sourire qui rayonne la présence du Seigneur. Il a préparé nos cellules. Dans le hall de l’hôtellerie, se trouve un papier avec nos noms et le numéro de nos chambres.

Ici, tout est silence. Les voix se taisent. On entend encore des chuchotements. Pour nous qui venons de la ville et de ses bruits multiples, il n’est pas évident d’y entrer aussi facilement.

Nos cellules sont confortables mais simples, un lit, une table, une chaise, un placard et une salle d’eau, douche et WC.

Nous prenons connaissance de l’horaire de la communauté.

Il est prévu que le frère Gérard nous fasse deux enseignements sur le thème : « Le temps ».

Nous occupons nos journées de différentes façons : rencontres fraternelles, promenade dans la forêt, prière silencieuse à l’oratoire ou à l’église, repos, sieste, lecture, méditation, confession pour ceux et celles qui le désirent, achats à la boutique.

Nous participons aussi aux offices, sans oublier les vigiles à 04h45 pour les plus courageux.

Notre retraite a été perturbée vendredi par un moine qui est tombé dans une allée caillouteuse du monastère. Il s’est fait une plaie à la tête qui saignait beaucoup. Nous avons aidé les moines à sa prise en charge. Du coup, notre premier enseignement avec le frère Gérard a été annulé. Il devait nous parler du « temps profane, du temps dans notre vie quotidienne ».

La communauté compte actuellement une quinzaine de moines de tout âge. Il y a un novice.

Le samedi après-midi, nous avons eu un enseignement d’une heure avec le frère Gérard sur le thème du « temps comme conception chrétienne ». C’était vraiment très intéressant.

Voici l’essentiel de ce qu’il nous a dit

Le temps a une dimension religieuse, sacrée. Il fait partie de la Création.

Nous sommes dans le temps de l’Eglise, située entre l’inauguration du Royaume par Jésus lors de sa venue parmi nous et sa montée aux Cieux (l’ascension), et son retour (la Parousie). Ce sera alors la fin des temps (l’eschatologie). Nous sommes en marche vers l’éternité, vers notre divinisation, notre sanctification, comme fils de Dieu, dans la Communion Trinitaire.

Le temps est donc pour nous le déploiement du projet, des merveilles de Dieu dans nos vies. Nous sommes faits pour chanter la louange de Dieu comme les oiseaux. Nous sommes créés à l’image de Dieu pour retrouver la Communion avec le Très-Haut.

Le temps liturgique. La journée des moines est rythmée par sept prières liturgiques sans compter la messe : les vigiles, les laudes, tierce, sexte, none, les vêpres et les complies. « 7 » est un chiffre symbolique qui signifie la plénitude de Dieu.

La prière est la manière de sanctifier le temps.

Lors des liturgies, les moines revêtent une coule aux longues manches pour signifier la Croix du Christ, mais aussi pour avoir chaud en hiver. Les trappistes portent un scapulaire sur la bure, car c’était au 6è siècle le tablier de travail des paysans. Si au long des siècles nos habits civils ont évolué, les habits monastiques n’ont pas changé. Ce scapulaire est noir car c’est moins salissant. Il faut noter aussi qu’au moyen-âge, les chrétiens priaient toutes les heures à l’église.

Les prières liturgiques sont des pauses spirituelles, mais la prière des moines est continuelle, même pendant le travail. Antoine de Saint-Exupéry dit que « tout acte est prière s’il est don de soi ». On peut prier en tout temps. A la Trappe de Soligny, il y a des moines qui prient depuis le 11e siècle. Ici tout est imprégné de prière, de silence et de paix. Beaucoup de retraitants en témoignent, surtout les jeunes.

 Signification des 7 prières liturgiques

Les vigiles se prient la nuit. Par les vigiles, les moines veillent et surveillent le Christ « qui viendra comme un voleur ». La prière du moine est l’huile du sanctuaire qui brûle sans cesse, car la prière du moine est continuelle.

Dans la parabole des dix vierges (Mt 25, 1 à 13), les vierges attendent leur Epoux, le Christ. L’huile symbolise leur prière continuelle jusqu’à l’arrivée de l’Epoux, comme les moines qui prient sans cesse. Quand il n’y a plus d’huile, cela signifie que l’on a arrêté de prier, ou que l’on a été négligeant dans la prière. L’huile ne se partage pas dans la parabole car la prière est une démarche personnelle.

Les laudes sont les louanges du matin.

Les vêpres (du latin vesper), les louanges du soir. On remercie Dieu pour les bienfaits de la journée.

Les complies sont la dernière prière de la journée avant de se coucher dans le « grand silence de la nuit » (Règle de Saint Benoit). Les complies se terminent par un chant à la Vierge Marie, le Salve Regina, comme la maman qui embrasse son enfant avant de dormir.

Les petites heures : tierce, sexte, none. Ce sont des heures romaines qui correspondent à la Passion du Christ.

Tierce, la 3è heure, c’est-à-dire 09h00 pour notre heure actuelle (Il faut ajouter « 6 » à l’heure romaine pour faire la concordance avec notre heure d’aujourd’hui). C’est l’heure de la crucifixion de Jésus.

   Sexte, la 6è heure, c’est-à-dire midi (6è C’est l’agonie de Jésus.

   None, la 9è heure, c’est-à-dire 15h00 (9è+6). C’est l’heure de la mort de Jésus.

Nous sommes revenus enchantés et enrichis de notre séjour à La Trappe de Soligny. Nous sommes prêts à revenir !

Que le Seigneur soit béni pour nous avoir donnés la joie de vivre cette retraite en Fraternité. Nous remercions chaleureusement la communauté pour son accueil, et en particulier le frère Gérard.

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