« La première condition, pour une pauvreté véritable, est la liberté. On la possède lorsqu’on renonce à toutes choses volontairement, en pleine liberté ; que, par amour pour Jésus, de tout cœur et librement, on renonce à ce qui est superflu ; qu’on se contente du nécessaire, voire que l’on n’en use qu’avec mesure. En effet, il nous faudra rendre un compte sévère de tout ce dont nous nous serons servis. C’est pourquoi nous devons faire un usage pauvre de toutes choses, nous appliquer à la pauvreté et l’aimer de tout notre cœur. » (Bx P. Gabriel-Maria)
« Vivre sobrement ….
Se contenter de ce que l’on a… »
Si la pauvreté est liberté alors l’avoir est servitude. Quelle insistance de la part du père Gabriel-Maria sur la liberté en si peu de lignes !
L’avoir m’inquiète. Il me rend triste quand il ne me satisfait pas ou bien quand il vient à manquer. Il peut me fait regarder l’autre de haut parfois avec dédain ou mépris. Mais il arrive aussi qu’il nourrisse un sentiment d’infériorité : je deviens alors envieuse des biens, des qualités ou des talents d’autrui.
Alors, faut-il ne rien avoir ? Non bien sûr : « Au sujet de la pauvreté : elle avait des biens, mais elle n’y mettait pas son cœur. Son cœur était entièrement tourné vers les choses célestes. Aussi, distribuait- elle ses biens à tous les indigents dont elle avait connaissance » disait le père Gabriel-Maria dans l’éloge funèbre qu’il fit au moment de la mort de sainte Jeanne de France.
L’avoir est servitude lorsque j’y mets mon cœur. L’avoir me possède autant que je le possède. La pauvreté évangélique est un chemin de liberté parce qu’elle est un chemin de dépossession : « Là où est ton trésor là aussi sera ton cœur » dit Jésus.
Je peux posséder des biens matériels. Je peux aussi posséder des biens spirituels. Je peux encore posséder mon cher « moi » : je suis profondément captive d’une grande variété de possessions. Le père Gabriel-Maria me propose de m’engager sur le chemin d’un détachement profond. « De tout cœur et librement, on renonce à ce qui est superflu; qu’on se contente du nécessaire, voire que l’on n’en use qu’avec mesure(…) nous devons faire un usage pauvre de toutes choses, nous appliquer à la pauvreté et l’aimer de tout notre cœur. » On est tout à fait dans la sobriété heureuse dont parle si souvent le Pape François. Vivre sobrement, se contenter de ce que l’on a et de ce que l’on est. Faire le choix de ce chemin librement : personne ne nous y oblige. Chemin de vie divine, chemin de joie, chemin  de paix aussi : les biens donnés et partagés deviennent chemin de communion. Communier à la divine intimité ; communier à tout être humain.
Quitter pharaon et les concombres d’Egypte, terre de servitude,  pour adorer Dieu dans la liberté du désert, en route vers la Terre Promise de l’union au Dieu unique et trois fois Saint.
Vous l’avez sûrement ressenti : dès le début de ce sermon sur Marie Pauvre, l’allégresse est la note de fond. Par la pauvreté nous approchons peu à peu du but de l’itinéraire des dix vertus : l’union à Dieu. La joie véritable est le fruit de cette union. Soyons bien convaincus de cette réalité : l’union à Dieu est le but de notre vie et la source du véritable bonheur. Cela vaut bien la peine de persévérer sur ce chemin.
A l’approche d’une nouvelle rentrée, nous pouvons nous poser la question : Quel usage fais-je de mes biens ? Dans ce qui m’attriste, je trouve souvent un bien qui me possède : demandons à Marie, Vierge très pauvre de nous rendre libre profondément. Bonne reprise, bonne rentrée,
Sœur Marie de l’Annonciation OVM