Cette année, l’Encart Fraternité reprend certaines Newsletter adressées à la Fraternité Annonciade Jeunes, écrites avec la plume vive, alerte et pertinente de sœur Marie de l’Annonciation.

 

Une nouvelle année commence. Une route toute neuve s’ouvre bien devant nous : sur ce chemin, quelqu’un marche avec nous. Nous venons de la fêter en ce 1er janvier : « Guide nos pas Marie, Mère de Jésus, Mère de la grâce, femme entre toutes bénie ».  L’hymne  poursuit : « Guide-nous vers ton Fils…. »

Si l’on vous parle des vertus, allez-vous refermer cette page ? Vous attendrez-vous à un contenu ennuyeux ? Ou bien à une boisson d’un autre âge assaisonnée de morale ? Je crois pourtant que nous avons tous en nous une soif d’authenticité. Un désir d’incorporer  l’Évangile dans la réalité de nos vies c’est-à-dire que la Parole de Dieu transforme vraiment notre être.

Tant de personnes rêvent de révolutions pour changer le monde mais la seule révolution qui vaille la peine d’être vécue est celle de notre cÅ“ur : c’est bien celle-là qui intéresse le Seigneur ! Et c’est bien la seule qui changera l’humanité. Un journaliste demandait jadis à Mère Teresa : « que faut-il changer dans l’Église pour que ça aille mieux ? » – « Vous et moi ! » a répondu la sainte fondatrice des missionnaires de la Charité !

« La vertu est une disposition habituelle et ferme à faire le bien. Elle permet à la personne, non seulement d’accomplir des actes bons, mais de donner le meilleur d’elle-même. De toutes ses forces sensibles et spirituelles la personne vertueuse tend vers le bien ; elle le poursuit et le choisit en des actions concrètes » dit le Catéchisme de l’Église Catholique.

« Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu » dit aussi saint Grégoire de Nysse : c’est donc l’itinéraire pour devenir soi-même car « Dieu dit: « Faisons l’homme à notre image, selon notre ressemblance […] Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. (Gn 1, 26-27)

Le Littré définit ainsi le terme de vertu : « Force morale, courage (sens propre du latin virtus). Ferme disposition de l’âme à fuir le mal et à faire le bien. »

Les vertus comme une force, comme un dynamisme pour aller dans le sens du meilleur, dans le sens de ce qui plaît le plus à Dieu : voilà donc un chemin qui s’offre à nous, en  cette année nouvelle, mois après mois, offrant du nouveau.

Mais qu’a-t-elle de neuf à offrir cette année ? Je vais vieillir un peu encore, je vais poursuivre les mêmes activités,  je vais travailler, respirer, rencontrer des personnes dans un monde qui va son chemin.  Le paysage ne change guère et dans le fond, les occupations des hommes  varient  peu : l’an sera-t-il neuf ?  « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil » dit  Qohélet !

Alors où est la nouveauté qui renverse toutes les grisailles, brise les routines  et traverse nos cÅ“urs d’un élan vivifiant et toujours jeune ?  « Au commencement, était la Parole » dit l’Évangile. Là est la nouveauté, la profonde source  qui donne à chaque jour d’être comme un premier matin. Dieu fait toute chose nouvelle, à chaque  instant ! Sa Parole nous crée maintenant et dans un  moment unique qui n’a jamais été semblable avant et qui ne se répétera jamais.

Dans l’instant présent qu’il m’est donné de vivre je puis plonger en Dieu : Il demeure en moi et cette source jaillissante est toujours neuve. On attribue à saint Antoine  ces quelques mots : « Chaque jour je me dis : aujourd’hui je commence ».

Nous pouvons faire nôtre cette résolution en toute vérité car, comme nous le chantons quelquefois le matin dans une hymne à l’office des Laudes « un jour nouveau commence, un jour reçu de toi, Père ….. », ma vie commence chaque matin comme au premier jour de ma naissance avec cette éternelle nouveauté que me donne le Seigneur. Bonne année à tous.

 

Nous sommes au début du XVIème siècle. Frère Gabriel Maria, confesseur de sainte Jeanne, s’adresse aux Annonciades de Bourges. Il veut leur donner des moyens concrets pour mettre en œuvre les vertus de la Vierge Marie dans leur vie de tous les jours. Dans son auditoire attentif des sœurs prennent des notes : « suivent les dix Marie qui sont les dix plaisirs de la Vierge Marie prêchés par notre Révérend Père Gabriel-Maria… » : c’est avec ces précieux conseils parvenus jusqu’à nous aujourd’hui, en 2023, que nous allons découvrir ce chemin des vertus au fil des mois. Les vertus – disions-nous la dernière fois – comme une force, comme un dynamisme pour aller dans le sens du meilleur, dans le sens de ce qui plaît le plus à Dieu.

Dans l’Évangile il nous est dit : « Il (Jésus) descendit avec eux pour se rendre à Nazareth, et il leur était soumis » (Lc 2, 51). Jésus était soumis à ses parents. Jésus s’est laissé former par Marie. Il a appris d’elle à marcher, à manger, à prier et tout l’art de vivre de la société juive de son temps. Et à l’Heure de la Croix, il confie chacun de nous à sa Mère: « Voici ta Mère », « Voici ton Fils ». Quand Sainte Jeanne de France et Gabriel Maria nous invitent à regarder Marie, c’est bien ce que Jésus a fait à l’aube de sa vie parmi nous. Marie a formé Jésus et Jésus a formé Marie. Quand Marie retrouve son fils au Temple après trois jours de recherche angoissée, elle reçoit cette réponse de son Fils : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être chez mon Père ? » Et à Cana, lorsqu’Elle dit à son Fils qu’il n’y a plus de vin, Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Marie a fait grandir Jésus et Jésus a fait grandir Marie.
Sur cet itinéraire des vertus, nous allons donc entrer dans ce mystère dynamique de croissance de Marie et de Jésus.

La prudence est notre première escale.

Rappelons l’objectif: « Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu. » (Saint Grégoire de Nysse) Le Seigneur nous recrée à travers les actes bons que nous posons : ainsi, à chaque fois que je pose un acte de prudence, Dieu me fait un cœur plus prudent par cet accord délicat de ma libre coopération à la Grâce.

Dans le texte de notre Règle de Vie, Gabriel Maria écrit « que la sagesse et la prudence parfaites consistent à savoir comment plaire à Dieu et à se garder de tout péché par lequel Dieu est offensé. » Comment ne pas rapprocher cette affirmation de la Lettre de Saint Paul aux Romains (Rm 12, 1-2) : Je vous exhorte donc, frère, par la miséricorde de Dieu, à offrir vos personnes en hostie vivante, saint, agréable à Dieu : c’est là le culte spirituel que vous avez à rendre. Et ne vous modelez pas sur le monde présent, mais que le renouvellement de votre jugement vous transforme et vous fasse discerner quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, ce qui lui plaît, ce qui est parfait. (Rm 12.1-2)
Il s’agit donc de discerner. Thomas de Celano, dans sa vie de Saint François note que le discernement est « le seul cocher capable de conduire l’attelage des Vertus ». Le co-fondateur de l’Annonciade ne dit pas autre chose :

« (…) Dans toutes nos actions et par rapport à tous, nous devons nous diriger par cette vertu de prudence. Elle est la maîtresse et la reine de toutes les vertus. Sans elle aucune vertu n’est parfaite, de même qu’une vertu sans discrétion nous est comptée comme un défaut(…)»

Le Père Gabriel Maria nous indique cinq manières de mettre en pratique cette vertu : premièrement par rapport à Dieu ; deuxièmement par rapport à nous-mêmes ; troisièmement par rapport au prochain ; quatrièmement, au temps de prospérité ; cinquièmement, au temps de l’adversité. » Dans le développement du texte, les deux derniers points sont inversés : le père achève son propos par la prudence en temps de prospérité.

Quel itinéraire étonnant, à travers les cinq points : partant de Dieu, il passe par la vérité de notre être sous le regard aimant du Père avant l’accueil de l’autre comme un frère et le jusqu’au bout de cette voie dans l’épreuve et dans l’aisance.

Regardons Jésus, c’est tout son chemin : il vient du Père, Lui qui connaît le Père et qui nous le révèle. Il est le Fils – il reçoit tout son être de Fils et il a une juste connaissance de lui-même dans la Lumière de son Père. Il est le Bon Pasteur qui donne sa vie pour tous et restaure les relations fraternelles. A l’heure de sa Passion, il prend résolument la route de Jérusalem et va au-devant de ceux qui viennent l’enchaîner car rien ne peut l’arrêter dans la fidélité à sa mission filiale. Enfin dans la lumière de la Résurrection et de l’Ascension, il demeure le Fils qui ramène tout au Père et retourne au Père sans se laisser retenir par ses disciples. Il marche vers son Père quoi qu’il arrive… Être fils pleinement : voilà le fil d’or de Jésus autour duquel va s’accomplir tout le mystère de sa vie et de son ministère. Disciples du Christ, nous sommes tous inlassablement ramené à cet essentiel qui est d’être avec Jésus jusqu’au bout de cet amour livré.

 

 

Poursuivons le voyage … Nous étions comme entrés dans la vertu de prudence qui est l’art de savoir discerner ce qui plaît le plus à Dieu et de choisir les meilleurs moyens d’arriver à cet objectif. Regardons Jésus. Nous disions la dernière fois qu’être Fils pleinement était comme le fil d’or autour duquel s’accomplit tout le mystère de sa vie et de son ministère: la mission est claire. Jésus sait d’où il vient et où il va. Sa prudence prend appuie sur la limpidité du but à atteindre, sur cet unique désir de son coeur tout orienté vers le Père. Cette clarté du désir me fait penser à celui de sainte Jeanne de France : il est frappant combien son désir est grand et très vivant mais qu’il est unique : son unique préoccupation était de faire plaisir à Dieu et à Marie et tous ses choix étaient ordonnés à cette fin.

Pierre, lui, avait suivi Jésus au moment de son arrestation à Gethsémani jusqu’à entrer à l’intérieur du Palais du Grand Prêtre … Mais il suivait de loin! (Mc 14, 54) S’il avait suivi Jésus de près, sans le lâcher d’une semelle, peut-être ne l’aurait-il pas renié: peut-être aurait-il été au bout de sa promesse: « Même si tous succombent, du moins pas moi ! [ … ] dussé-je mourir avec toi, non, je ne te renierai pas … » Mais il suivait de loin …

Gabriel-Maria, dans son sermon sur la vertu de prudence, précise la première manière de mettre en oeuvre concrètement cette vertu dans notre vie quotidienne: « La première prudence, dit-il, règle nos rapports avec Dieu par une foi sincère et la connaissance de
tout ce que nous devons croire, comme, par exemple, les principales vérités de la foi, de sorte que nous n’en doutions point mais en ayons une foi ferme. C’est la première et nécessaire prudence par rapport à Dieu. »

Par ce conseil, il nous invite justement à ne pas nous laisser distancer dans notre vie à la suite du Christ : Il semble bien que cette foi sincère est une immense confiance nourrie par un approfondissement incessant de la Vérité qu’est Jésus. Connaître et comprendre le contenu de la foi en commençant par une grande familiarité avec la Parole de Dieu, mais aussi l’étude de la Tradition de l’Église à travers les Pères de l’Église jusqu’aux textes contemporains, en passant par les grands auteurs tels sainte Thérèse d’Avila, saint François de Sales etc … A mesure que l’on marche à la suite de Jésus, la soif d’approfondir la foi grandit, et creuser cette foi dilate notre amour pour le Seigneur.

Ce désir de Le connaître est infini car il est réellement inépuisable. Il s’agit humblement d’avancer dans la profondeur du mystère de Dieu et de s’en émerveiller toujours d’avantage: comme elle est grande et merveilleuse la Sagesse de Dieu. Ce voyage est passionnant et fait expérimenter toujours plus la solidité du Roc qu’est le Christ. Il est dit que Pierre suivait de loin …

Ne pas se laisser distancer par Jésus …. : c’est aussi demeurer présent à cette Présence de Dieu en chacun de nous. Dieu habite en nous. Il est plus proche de nous que nous-mêmes. Personne ne peut vivre cette intense et intime proximité autre que Dieu. Mais y sommes-nous attentifs? Il suffit de s’arrêter quelques minutes au fil de la journée pour en prendre conscience. On s’arrête si souvent devant une jolie vitrine de magasin … , ne pourrions-nous pas réserver un peu de notre temps quotidien pour ce regard au-dedans ? Ce mouvement a métamorphosé une sainte Élisabeth de la Trinité ! Il pourrait aussi bien changer quelque chose en nous si seulement nous sommes fidèles à le répéter jour après jour.

Ne pas se laisser distancer par le Seigneur, c’est aussi cultiver cette humilité du coeur qui est la disposition du Fils dans cette communion au Père : être Fils.
Les scribes et les pharisiens indiquent à Hérode où doit naître le Messie parce qu’ils savent … mais eux ne vont pas voir ! Ils restent à distance. Au moment de la guérison de l’aveugle-né, ces mêmes scribes et Pharisiens disent « nous savons, nous… » Et ils n’accueillent pas le signe de la guérison ; ils restent éloignés de Jésus qui dévoile le visage de Dieu. Les mages et l’aveugle, eux qui ne savent pas, s’approchent et s’ouvrent au mystère. Approfondir sa foi, oui, mais toujours dans cette disposition humble de celui qui s’ouvre à la lumière sans jamais penser qu’il en est la source et sans mettre la main dessus pour saisir et tailler à sa mesure : plutôt se laisser saisir par le Seigneur qui est toujours le Tout-Autre et se laisser éclairer du dedans par cette indicible clarté.

Pierre a renié Jésus, c’est vrai, mais au bout du compte il a aussi donné sa vie pour lui un peu plus tard, à Rome. Entre les deux, il a fait l’expérience de sa faiblesse et cette rencontre vraie avec lui-même a libéré toute la place. Alors tout son être était ouvert à l’Esprit Saint : Il était prêt du fond de sa brisure à se laisser réellement conduire par l’Esprit : ce chemin est le fruit de la connaissance de soi-même. Là encore nous retrouvons exactement le deuxième point de l’enseignement du père Gabriel-Maria sur la prudence. Mais ce sera le sujet du prochain article ! A bientôt donc et belles semaines d’été.
 

 

Pour cette nouvelle étape sur le chemin de la prudence, je vous propose une escale au cinéma. Souvenons-nous de l’épisode d’un bon vieux film : il s’agit du magnifique « monsieur Vincent » de Maurice Cloche. Une scène me revient à l’esprit. Saint Vincent de Paul distribue une soupe chaude à une foule dense de miséreux. Une femme sans âge et ses enfants aux visages haves et creusés par la faim se présentent : Vincent leur donne une abondante ration de nourriture. Vient ensuite un jeune homme. A sa vue, le bon prêtre lui sert aussi un bol de soupe et du pain mais ajoute avec une certaine rudesse : « Toi tu peux travailler ! Viens demain, et je te donnerai du travail ! » Il donne à chacun ce qui est le meilleur pour eux.

C’est exactement le chemin que nous indique le père Gabriel Maria dans son troisième point de sa méditation sur la prudence : « La troisième prudence ou sagesse concerne notre prochain. Elle est caractérisée par la charité…. Il faut tenir sagement compte de la qualité et des besoins de chacun et en proportion de cela mettre en œuvre son pouvoir et son affection. Tout cela est l’effet de la prudence. » Il ne suffit pas de suivre l’élan de son cœur mais il faut s’interroger sur ce qui est vraiment bon pour l’autre. Nous sommes conviés à vivre une charité délicate centrée sur la personne qui a besoin de notre aide plutôt qu’en fonction de nous-mêmes. Ce discernement dans l’exercice de la charité nécessite une bonne connaissance de l’autre ; elle exige de prendre le temps de la réflexion, de demander conseil, d’évaluer ce qui est prioritaire.

Gabriel Maria dit encore : « L’âme qui recherche le bien commun plus que son bien personnel possède une grande prudence ; elle préfère le mieux au moins parfait. » « Le bien commun dit la Constitution conciliaire Gaudium et Spes est cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée…. » Le bien commun : pas besoin d’aller chercher bien loin ! Si nous cultivons des petites perles comme la ponctualité, la politesse, le dévouement et l’application dans notre humble devoir d’état, cette attitude est bénéfique pour tous et pour chacun ; voici une sage mise en œuvre de la charité, toute simple et à la portée de tous.

Un autre pas à faire sur le chemin de la prudence est celui qui se fait au temps de la « prospérité », nous dit encore Gabriel-Maria, à savoir quand « on ne s’élève ni ne se réjouit outre mesure. De même qu’au temps de l’adversité, on peut se montrer fort, ainsi maintenant dans la prospérité, on est soucieux de ne pas se laisser emporter par une joie exagérée. » C’est pourquoi « on ne se laisse pas émouvoir, ni par l’hiver, ni par l’été, mais on se tient toujours dans les mêmes dispositions afin de n’être pas pris ni vaincu d’un côté ou de l’autre. En tout on se guide et se dirige avec prudence. C’est là, la vraie prudence de Marie. »

Cette prudence là est une invitation à fuir sagement les excès. L’insistance est mise sur la simplicité et la modestie à conserver quand tout va bien, dans ces moments où un bonheur sans nuage envahit notre vie. Il ne s’agit pas d’éteindre notre joie ! Surtout pas ! La joie véritable est le fruit d’une profonde intimité avec le Seigneur. C’est une manifestation de sa présence en quelque sorte ou un signe que nous sommes vraiment présents à Sa Présence car Il est toujours là ! C’est nous qui sommes ailleurs.

Regardons Jésus au moment de la Résurrection : car cette dernière prudence a la saveur des mystères glorieux ! Donc ouvrons notre évangile dans les brefs passages qui relatent la Résurrection du Seigneur : un tombeau ouvert et vide, un rendez-vous en Galilée, un discret compagnonnage sur le chemin d’Emmaüs, un pique-nique autour d’un feu de braises sur les bords du lac : c’est si peu de choses, si modeste et sans aucun éclat.
Dans les moments sans nuages on peut oublier le Seigneur. La vie est confortable alors j’oublie l’Essentiel avec un grand « E ». Je peux aussi dans ces moments glisser dans une vie superficielle et cesser de marcher. Car dans la vie à la suite du Christ, nous sommes invités à sans cesse aller plus avant, plus en profondeur. D’un bout à l’autre de la Bible, nous pouvons sentir cette marche dynamique et incessante de ceux qui cherchent le Visage de Dieu. Et c’est vrai : l’expérience montre que dans les moments où notre vie ressemble à un bel été, la tentation est grande de s’attiédir dans notre suite de Jésus.

Il arrive aussi que notre bonheur puisse faire souffrir les autres, ceux qui peinent sur le chemin. C’est souvent ce qui se passe à Noël ou même pendant les vacances d’été : les familles se retrouvent pour un grand moment ensemble plein de chaleur humaine tandis que des personnes seules ou éprouvées ressentent plus cruellement leur souffrance par contraste.

Ces moments de grand ciel bleu peuvent également nous donner un élan qui nous porte à dire « oui » sans prendre le temps de s’asseoir pour réfléchir : vais-je pouvoir aller jusqu’au bout de mon « oui » ?

Il ne s’agit pas bien entendu d’être un rabat joie ! Mais simplement de ne jamais perdre cette humilité profonde qui me tient petit en toute circonstance et ne me porte jamais à regarder de haut et de loin ni le Seigneur, ni les autres, ni moi-même. C’est l’allégresse de Marie cette joie douce telle un ruisseau clair qui s’écoule du Cœur de Jésus et qui n’oublie jamais ceux qui peinent sur le chemin mais leur vient en aide avec une exquise délicatesse.

FIN

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