« La seconde condition d’une vraie pauvreté est d’être joyeuse. Nous devons nous satisfaire à avoir plutôt moins que plus et nous réjouir quand il nous arrive d’être rebutés et méprisés. Bref, nous devons nous réjouir en toute sorte de pauvreté et d’injustice. Notre joie doit être d’autant plus grande que le besoin dont nous souffrons est plus grand. » (Bx P. Gabriel-Maria)

Nous devons nous réjouir en toute sorte de pauvreté et d’injustice. .. Se réjouir de tout ! quel programme ! A première vue c’est incompréhensible et inacceptable. Nous combattons bien sûr la misère et les injustices à travers le monde et nous avons raison. Mais il ne s’agit point ici de misère mais de ma pauvreté et ses multiples manifestations, des injustices qui atteignent mon amour propre ou mes sécurités. En fait il s’agit de changer notre manière de vivre les évènements qui m’atteignent. Si vous lisez la vie de Sainte Thérèse de Lisieux à travers « l’Histoire d’une âme » ou « conseils et souvenirs » : pour ma part je m’émerveille toujours de sa façon de tout tourner en positif. Elle ne se lamente jamais de ce qui lui arrive dans son humble quotidien. Non par naïveté ou par l’application de la méthode Coué. Mais simplement parce qu’elle est enracinée dans la foi, l’espérance et la charité ; elle a une totale confiance en Celui qui est toujours là et que l’expérience de toute sorte de pauvreté appelle la miséricorde Divine d’un cri vrai, en chair et en os.

Si la pauvreté est joyeuse, alors l’avoir est triste. L’avoir m’attriste dès qu’il me manque,  signe que  j’y suis cramponnée. Deux exemples de l’Evangile me viennent à l’esprit et un troisième des actes des Apôtres.

Le premier passage est celui bien connu du jeune homme riche : « Le jeune homme lui dit : ‘Tout cela, je l’ai observé : que me manque-t-il encore ?’

Jésus lui répondit : ‘Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi. » A ces mots, le jeune homme s’en alla tout triste, car il avait de grands biens. » Mt 19, 20-22  Quels sont nos grands biens que nous ne pouvons pas  lâcher sans perdre la paix? Ils peuvent être de tout ordre : matériel, spirituel, intellectuel etc….le Pape François parle souvent de sobriété heureuse : nous y sommes dans ces quelques lignes. Mais notre bon confort nous y tenons et pourtant, le détachement profond conduit réellement à la vraie joie, celle du Christ, fruit de l’Esprit Saint.

Le deuxième passage non moins célèbre est celui de Zachée : « Jésus traversait la ville de Jéricho. Or il y avait un homme du nom de Zachée ; il était le chef des collecteurs d’impôts, et c’était quelqu’un de riche. Il cherchait à voir qui était Jésus, mais il n’y arrivait pas à cause de la foule, car il était de petite taille. Il couru donc en avant et grimpa sur un sycomore pour voir Jésus qui devait passer par là. Arrivé à cet endroit, Jésus leva les yeux et l’interpella : ‘Zachée, descends vite : aujourd’hui il faut que j’aille demeurer dans ta maison.’ Vite il descendit, et reçut Jésus avec joie(…) Zachée s’avançant, dit au Seigneur : ‘Voilà, Seigneur : je fais don aux pauvres de la moitié de mes biens, et si j’ai fait du tort à quelqu’un, je vais lui rendre quatre fois plus’ »Luc 19, 1-6.8. le Nouveau Testament est traversé d’un élan de joie, la joie de l’Esprit Saint. La joie de celui qui accepte de se laisser dépouiller de tout à la suite du Christ. Non pas la gaîté qui est un trait de caractère ou une bonne humeur légère. La joie du Christ est une lumière qui brille sans cesse au plus profond de nous même dans les moments d’épreuve. C’est le fruit d’une communion intime avec le Seigneur Jésus. Cette joie est aussi une très bonne boussole : là où est la joie, là est le Seigneur qui est toute notre joie.

« On convoqua alors les Apôtres, et, après les avoir fouettés, on leur interdit de parler au nom de Jésus, puis on les relâcha. Mais eux, en sortant du grand conseil, repartaient tout joyeux d’avoir été jugés dignes  de subir  des  humiliations pour le nom de Jésus. » Ac 5, 40-41   Nous réjouir en toute sorte de pauvreté et même au milieu des injustices et moments éprouvants : quelle bonne nouvelle ! En effet ma vie est si pleine de pauvretés, j’ai tant d’occasion chaque jour d’expérimenter combien je suis limitée dans tous les domaines ! Si j’accueille cette réalité concrète dans la paix et la confiance alors je suis la plus heureuse de la terre car ces occasions ne manquent jamais ! Quels sont donc mes manques ? Quelle est la faille que je porte aujourd’hui ? Et bien Magnificat ! Voilà une bonne occasion de rencontrer Jésus chaque  fois où je suis tout  en bas »

Car « Heureux les pauvres de cœur : le Royaume des Cieux est à eux » Mt 5, 3 .Pas demain où au jour de ma mort mais tout de suite. Tout de suite quand j’accueille avec confiance ma pauvreté réelle. Je vous souhaite un bel automne avec ses couleurs chatoyantes.

Sœur Marie de l’Annonciation OVM

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