Dans la Lumière de Noël
Bonne Année 2024
La quatrième condition de la pauvreté est le détachement. Nous devons éloigner notre esprit et notre cœur de tous les biens de la terre, même des choses qui nous sont accordées et dont l’usage nous est nécessaire, comme les livres, les bréviaires, les vêtements et autres choses semblables. Nous devons ne pas y mettre nos affections, au point de ne pas nous en préoccuper. C’est alors que nous serons vraiment pauvres en esprit, que nous n’aurons de désir que pour les biens du ciel qui sont à nous et nous appartiennent, selon la parole de l’Évangile : «Bienheureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux leur appartient ( Mt 5, 3)» Voilà vraiment l’héritage auquel nous devons mettre notre cœur et dont nous ne serons jamais dépouillés, sauf si nous ne nous en dépouillons nous-mêmes en nous livrant à quelque souci temporel. (Bx P. Gabriel-Maria)
« Du moment donc que vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, assis à la droite de Dieu. Songez aux choses d’en haut, non à celles de la terre (col 3, 1-2)
Les mots de Saint Paul, ceux aussi du Père Gabriel Maria, nous tracent un  chemin : celui du détachement, du dépouillement. Celui qui est dépouillé n’a plus rien. Il accepte qu’on lui enlève tout. Il est mis à nu : « Nu, je suis sorti du sein maternel, nu, j’y retournerai. Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : que le nom du Seigneur soit béni ! » (Job 1, 21) Et alors, Dieu  prend son enfant si vulnérable dans ses bras que sont le Fils et l’Esprit Saint et il le porte sur son cœur.
Le chemin tracé est rude dans le concret d’une vie. Il invite à un authentique abandon à la Providence divine. Et cet abandon nous fait passer par l’expérience du manque. Vous l’avez remarqué ? Nous avançons d’une pauvreté extérieure à une pauvreté intérieure. La pauvreté spirituelle qui ouvre la porte du Royaume des Cieux dés maintenant, dans l’instant où je renonce à toute sécurité, à tout confort intérieur, spirituel pour attendre tout de Dieu seul. Je rejoins peu à peu ces « anawims » de la Bible, ces petits qui se sont remis totalement dans les mains de Dieu. Qui ont un unique désir, comme le chantait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : « je n’ai d’autre désir que de t’appartenir ».
Il me semble également que les précédentes conditions de la pauvreté nous laissaient une bonne part d’initiative. Il s’agissait de choisir. Mais dans le dépouillement, celui qui choisit l’abandon renonce même à l’initiative. Il choisi de se remettre en tout entre les mains de Dieu et il le laisse tout prendre. Nous atteignons peu à peu un point où c’est Dieu seul qui agit et moi j’accueille. Je choisis d’accueillir et de me laisser aimer, de me laisser faire. Enfin !
Peut-être que ce voyage ne vous semble  plus désirable ! Quel programme : rudesse, nudité, dépouillement, manque. Mais il est bien doux car Jésus nous montre le chemin. Son chemin à lui : « Il s’est dépouillé prenant la condition d’esclave…. » (Ph 2, 7) : l’esclave ne s’appartient plus il appartient à un autre. Et ce dépouillement aboutit à sa mort sur la croix. Oui, moi aussi, au bout de ce chemin de dépouillement il me faudra remettre mon âme entre les mains du Père. Et alors commence une vie nouvelle. La vie même de Dieu en moi. Quand je n’ai plus rien. Et là s’ouvre le bonheur du Ciel. Non pas demain mais aujourd’hui même : regardons cet enfant dans la crèche. Et devenons comme lui. Je vous souhaite à tous un joyeux Noël et une sainte nouvelle année
Sœur Marie de l’Annonciation OVM