Mois de février, mois de sainte Jeanne de France (1464-1505)

une vie sous le signe de la paix

Ce souci de la paix, de la construire, habitait profondément  le cœur de Jeanne. Elle « recommandait, dit son premier biographe, d’être patients dans l’adversité et pacifiques envers le prochain, de n’être ni des mécontents, ni des détracteurs ». A toute personne Jeanne donne ce conseil. Ce conseil ? Son confesseur le père Gabriel-Maria (1460-1532) le reprend à son compte, le formulant ainsi : il nous faut « apaiser les discordes, être avocats de la paix, excusant les défauts et les manquements d’autrui, procurant la paix et la miséricorde, ne parlant jamais mal de quelqu’un, ramenant à la paix et à la charité ceux qui parlent mal des autres, parce que telle est la grâce du Christ et de sa Mère. »

Ce souci de maintenir la paix là où l’on vit, Jeanne le reçut de la Vierge elle-même. Nous le savons grâce à Gabriel- Maria qui en fit le récit à partir des confidences de Jeanne. Ainsi, un jour, pendant qu’elle priait, Jeanne eut le sentiment que la Vierge lui dit : « Tu chercheras à établir la paix entre tous ceux au milieu desquels tu habites. Tu ne diras rien d’autre que des paroles de paix, soucieuse du salut des âmes. Tu n’écouteras pas les paroles médisantes, lui avait dit la Vierge, et dès que tu verras quelques pécheurs, tu diras dans ton cœur : il faut sauver ces pauvres gens. Car Dieu a permis qu’ils pèchent en ta présence pour voir, Lui, Dieu, comment tu voudrais prier pour eux et quel labeur tu entreprendrais pour les sauver. Excuse-les auprès de Dieu afin d’être comme je te l’ai dit l’avocat et le défenseur de tous. » Et  d’ajouter : « Fais cela et tu vivras ».

Ainsi, quand elle s’absentait de Bourges, « elle venait toujours prendre congé de ses filles. Elle leur disait : «Mes filles, mettez-vous en peine de faire des progrès. Soyez bonnes, aimant Dieu et le craignant. Aimez-vous aussi les unes les autres. En faisant cela, on connaîtra que vous êtes filles du Prince de la paix et de la glorieuse Vierge Marie. »

Dans un sermon de Gabriel-Maria sur les vertus, on peut lire : « Se garder d’entendre mal parler ou de critiquer quoi que ce soit car ce serait contre la vertu de vérité. Bien souvent ces paroles de critique ne sont pas vraies. Il nous faut fuir de telles paroles… Que nos paroles soient nécessaires pour le prochain ! Si la parole est de nul profit, nous perdons notre temps… » Donc : « Que toutes paroles ne soient qu’amour et charité. Avoir toujours paix en son cÅ“ur : ce qui est le vrai repos de l’âme. » Voilà bien une feuille de route pour qui veut vivre l’Evangile de la Paix !

On peut dire que Jeanne a suivi durant son pèlerinage sur terre cette feuille de route. Au soir de sa vie, elle était toujours habitée par ce souci de la paix. Ses dernières intentions le montrent. Par exemple, parmi celles qu’elle confia au père Gabriel-Maria, il y a l’excuse qui est un des moyens de préserver la paix dans les relations au quotidien : «Gardez et faites garder à mes sœurs, ce que vous m’avez fait garder : c’est de toujours excuser ceux de qui on parle mal ».

Pour Gabriel-Maria qui la connut si bien, Jeanne était foncièrement un être de paix, de « miséricorde et de charité, dit-il en évoquant son souvenir auprès des premières annonciades. Elle était la mère de tous ceux qui étaient en affliction tant spirituelle que corporelle et temporelle. Et maintenant, tous sont privés de sa présence, de son exemple, de son subside et de son aide, de la douceur et de la bienveillance qu’elle montrait aux grands et aux petits, aux riches et aux pauvres ».

Enfin, comme dernier mot de cet article : « aimez le saint Évangile et aimez la paix…. ». Ce dernier mot ? Si c’est Gabriel-Maria qui nous le dit, Jeanne, quant à elle, l’a écrit par sa vie tout entière.

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