À propos de la patience que nous devons nous-mêmes pratiquer, cinq conditions sont à réaliser. La première consiste à être joyeux dans les ennuis. Nous devons nous exciter à la joie lorsqu’on nous ennuie et nous tourmente de toutes parts, soit par les tentations que suscite le démon, soit par la sensualité et la fragilité de notre nature, soit par le monde ou par les créatures qui nous énervent, nous heurtent ou nous raillent. Nous arrive-t-il de mériter quelque réprimande, et de souffrir par notre faute, le mérite ne sera pas grand ; mais de souffrir injustement et d’y trouver occasion de se réjouir et de chanter «Réjouissons-nous », voilà qui serait un acte de patience de Marie. Ainsi ont agi les Apôtres et les disciples de Jésus. Il est écrit qu’ils quittèrent joyeux la salle du Grand Conseil où ils venaient d’endurer des peines et des tortures pour l’amour de Jésus. Désirons-nous savoir quelle est la plus parfaite des vertus ? Saint Jacques nous dira : la patience. Nulle autre vertu, ni la pureté, ni l’humilité, ni la prudence, ne rend l’homme parfait. Seules la patience et l’endurance achèvent cette œuvre : l’âme où réside cette vertu est parfaite. Le même Apôtre dit encore que par la patience nous possédons nos âmes. Toute son épître parle de la vertu de patience. (Bx P. Gabriel-Maria)
« Nous devons nous exciter à la joie lorsqu’on nous ennuie et nous tourmente de toutes parts » Le concret de ces lignes me touche : on n’est pas disciple de Jésus Christ dans les nuages de nos pensées, de nos idées, de nos considérations mystiques mais dans le réel de nos vies.
Je me souviens d’un voyage en car voici plus de 20 ans. Un groupe de paroissiens revenait d’une prise d’Habit dans un carmel. Le Curé de la paroisse parlait à ses ouailles à la demande de ces derniers de la spiritualité de cet ordre et de la vie monastique. Une chute de neige abondante survint. Un bouchon se forma rapidement, un bouchon très important qui nous contraint à passer la nuit immobilisés aux abords du péage. Les passagers du car n’eurent plus d’oreilles pour l’exposé du père F. Un nombre croissant d’entre eux s’agacèrent de plus en plus vivement de la situation. J’entends encore le père F. dire : nous échangeons des propos sur la vie spirituelle et mystique et patatras : pour un simple encombrement sur la route, on se met à râler, à se plaindre, à s’énerver. Il soulignait l’écart entre nos grandes aspirations spirituelles et notre attitude concrète devant une contrariété.
Saint François d’Assise dans ses admonitions (n°13) ne dit pas autre chose : « Ce qu’un serviteur de Dieu possède de patience et d’humilité, on ne peut pas le savoir tant que tout va selon ses désirs. Mais vienne le temps où ceux qui devraient respecter ses volontés se mettent au contraire à les contester : ce qu’il manifeste alors de patience et d’humilité, voilà exactement ce qu’il en possède, et rien de plus »
Il s’agit de choisir la joie face à tous les vents contraires de notre humble quotidien. Le père Gabriel Maria parle d’être ennuyé et tourmenté de toute part : petits et grands tracas de tous les jours, combat spirituel de tous les instants, difficultés dans les relations avec les autres, dans le support mutuel etc. Choisir la joie. La joie n’est pas la gaité ! On peut réellement cultiver la joie et faire ce choix de réagir avec joie. Une joie intime qui est communion à l’Esprit du Christ.
La joie et la patience sont des fruits de l’Esprit Saint (Ga 5, 22) : c’est une bonne nouvelle puisque ces fruits nous sont offerts. Il ne s’agit pas de mettre en œuvre la méthode Coué ! Simplement mettons notre confiance en Dieu : C’est lui qui taille chaque sarment de sa vigne ! LUI SAIT, IL M’AIME ET IL PEUT TOUT : l’abandon entre ses mains est le plus sûr chemin. « Jésus toi qui a promis d’envoyer l’Esprit à ceux qui te prient » ouvre nos cœurs pour faire grandir en nous la vertu de patience. Cette vertu qui s’épanouit dans un cœur pacifié, fortifié dans son amour du Seigneur, et qui choisit de suivre le Christ jusqu’au bout avec une profonde humilité. Un beau programme en ces temps gravement troublés.
Je vous souhaite une très belle fête de la Pentecôte dans la joie et la patience de notre Divin Maître !
Sœur Marie de l’Annonciation OVM