La dévotion au Sacré Cœur  chez Jeanne de France et Gabriel-Maria

Quand on avance dans la connaissance des fondateurs de l’Annonciade, on se rend compte combien est présente chez eux  la dévotion au Sacré Cœur de Jésus et de Marie. Sources écrites et sources iconographiques en ont laissé des traces qu’il a paru bon, en ce mois de juin dédié au Sacré Cœur de Jésus,  de découvrir ou de redécouvrir.

Note : Les citations parsemées dans ce texte sont tirées du volume L’Annonciade, Les Sources (LS), Thiais 2010. Les reproductions de tableaux proviennent du fonds photos des archives annonciades du monastère de Thiais (AAT).

Sainte Jeanne de France

Jeanne de France propose à ses filles, comme itinéraire de vie spirituelle,  de suivre la Vierge des Écritures. Pour ce faire, avec l’aide de son confesseur, le père Gabriel-Maria, elle a dégagé à la lecture des pages d’évangile qui parlent de la Vierge dix vertus. Parmi celles-ci, la compassion.

Dans la première Règle  de vie destinée aux annonciades, rédigée par Gabriel-María en 1502 du vivant même de Jeanne, la vertu de compassion  apparaît sous la formule imagée de « Glaive de douleur ou lance de compassion ». Les sœurs sont invitées à méditer la Passion du Christ, et en particulier les cinq plaies du Christ en croix. Parmi elles, la plaie du cœur.

Or, la dévotion au Sacré-Cœur est née de cette dévotion aux cinq plaies. Selon  Gabriel-Maria, Jeanne pratiquait elle-même cette dévotion aux cinq Plaies du Christ. Il le signale dans un texte destiné à une confrérie mariale le De Confraternitate : « Elle disait que les cinq plaies sont cinq sources de salut où les hommes doivent «puiser les eaux du salut » (Is 12, 3), et elle les comparait avec cette source jaillie au milieu du paradis qui se partage en quatre fleuves, dont parle le second chapitre de la Genèse (2, 10-13). La source, disait-elle, est le cœur d’où le sang s’écoulait par les quatre plaies du corps du Christ. Le cœur ayant été ouvert, les ruisseaux de ces quatre plaies coulèrent finalement jusqu’à ce qu’ils soient obligés de tarir. De ce cœur, « il en sortit alors du sang et de l’eau  » (Jn 19, 34), (LS 887-888).

Pour Jeanne, chacune des cinq plaies est considérée comme la source d’une grâce particulière. De « la plaie du cÅ“ur », l’âme contemplative recevra le bienfait des « saintes transformations » (LS 888). Et encore : « je me consume d’amour, disait-elle quand elle arrivait à la plaie du côté transpercé et du cÅ“ur. Elle demandait d’éprouver la douleur ressentie par la Vierge lorsque le cÅ“ur du Christ avait été transpercé par la lance et que son corps avait été descendu de la croix et enseveli dans le sépulcre » (LS 889).

Jeanne a peint une aquarelle représentant  son propre  cÅ“ur percé par une lance, surmonté de l’inscription que l’on trouve fréquemment en  cette fin du XVe siècle : Ce cÅ“ur a été  transpercé par la lance de Notre Seigneur Jésus Christ (Illud cor transfixum est lancea Domini Nostri Jesu Christi).

Par cette douleur que le Seigneur Jésus avait éprouvée quand sur la croix son corps avait été distendu au point que « ses os pouvaient être comptés » (Ps 21, 18), elle demandait la grâce d’être toujours blessée au cœur par la lance de l’amour divin. Elle demandait encore d’être blessée de manière à n’éprouver plus rien d’autre que les blessures du Christ ; enfin, de n’avoir plus le goût d’aucune créature. »  (LS 889-890) L’aquarelle qu’elle a peinte illustre son désir de communier, à l’exemple de la Vierge des Douleurs, aux souffrances du Crucifié.

Cette dernière idée n’est pas nouvelle.  Dans un texte de la fin du 13è siècle, le Stabat Mater écrit par le frère franciscain Jacopone da Todi (+1306), on peut lire « sainte Mère, fais aussi que mon cÅ“ur s’unisse aux souffrances du crucifié. »

D’autre part, un épisode de sa vie, celui du « festin ou échange des cœurs », constitue encore une preuve de sa dévotion au cœur du Christ.

Cet épisode a été immortalisé dans un tableau : la Vierge tient l’Enfant sur ses genoux. A genoux devant ce groupe, Jeanne reçoit le plat sur lequel se trouvent les deux cÅ“urs. Derrière elle, saint François d’Assise debout regarde la scène et montre de sa main gauche stigmatisée le stigmate de sa main droite, comme pour dire : c’est en méditant la Passion du Christ et ses Cinq Plaies que Jeanne a découvert  l’insondable amour du CÅ“ur de Jésus et du CÅ“ur de Marie.

Voici  ce qu’en dit le premier biographe de la sainte, la sœur Françoise Guyard, nièce de Gabriel-Maria :

«La sainte Dame était dans un très grand désir que son cœur soit, par amour, entièrement uni à celui de Jésus son Sauveur. En contemplant l’amour qu’il lui avait montré, en ce faisant notre Sauveur et Rédempteur et en mourant sur la Croix pour elle, elle languissait de grand désir. Elle ne pouvait ni boire ni manger, ni dormir. Ses gens venaient dire au révérend père que Madame était malade. Alors, il en riait, car il se doutait bien de quelle maladie elle était malade ! Car, lorsqu’elle avait ses consolations spirituelles, tout ce qui était sur terre n’était rien pour elle.

Après le dîner, ils s’en allaient dans une petite pièce. Il fallait que, tous les jours, le bon père lui dise quelque mot de Notre Seigneur. Une fois, étant là tous deux, en privé, il lui dit : «Madame et ma fille, qu’avez-vous ? Il y a quelque chose entre Notre Seigneur et vous que vous me cachez. » La sainte Dame était très humble. Bien qu’elle eût beaucoup de consolations spirituelles, elle les cachait de telle manière que le révérend père, qu’elle aimait comme son âme et en qui elle se fiait comme en elle-même, ne pouvait les savoir et les tirer d’elle qu’à bien grand peine. Après qu’il l’en eut bien prié, elle lui dit : «Mon père, on m’a conviée à aller demain à un banquet. »

Après que le dîner fut pris, selon la manière habituelle, le révérend père et Madame s’en allèrent pour parler de Notre Seigneur. De parler de Dieu, le révérend père n’en pouvait la rassasier. Le bon père lui dit : «Allons, Madame, racontez-moi le banquet que Jésus vous a fait. » Alors, la sainte Dame lui dit, avec une très grande humilité : «Mon père, mon Sauveur Jésus et sa bénie Mère m’ont fait la grâce aujourd’hui d’un banquet. » Il lui répondit : «Et qu’y avait-il, ma fille, à votre banquet ? » Elle lui dit : «Mon père, il y avait deux cœurs sur un plat, et la Vierge Marie me disait de manger. Après, Jésus me demandait mon cœur. Je mis la main à ma poitrine pour lui chercher et tirer mon cœur, mais je ne le trouvais pas, ce dont je fus étonnée. Et le doux Jésus me regardait très doucement.» (LS 136.138).

La vision de Jeanne et celle de sainte Marguerite-Marie sont voisines. Voici ce qu’en dit la sainte de Paray-le-Monial en 1686 dans son autobiographie : « Après il [le Christ] me demanda mon cÅ“ur, lequel je suppliai de prendre, ce qu’il fit, et le mit dans le sien adorable, dans lequel il me le fit voir comme un petit atome qui se consommait dans cette ardente fournaise… »

Les deux récits font penser à la parole évangélique: « Là où est ton trésor, là est aussi sera ton cÅ“ur » (Mt., 6, 21) – le trésor des deux saintes étant le CÅ“ur de Jésus.

Dans le cas de sainte Jeanne, le CÅ“ur de Marie est présenté avec le CÅ“ur de Jésus : « II y avait deux cÅ“urs sur un plat ». Et c’est la Vierge Marie qui invite Jeanne à ce repas mystique.  La chose n’est pas surprenante, vu la coloration toute franciscaine de la vie de Jeanne.  Car dès le 13è siècle, les théologiens et prédicateurs franciscains ont parlé du CÅ“ur de Marie. Qu’il suffise ici d’évoquer le franciscain saint Bernardin de Sienne (1380-1444) et son sermon sur les sept paroles de la Vierge que l’évangile nous rapporte et auquel l’auteur donne comme titre  « Les sept flammes de son cÅ“ur embrasé ».

La Chronique de l’Annonciade qui est la première biographie des deux fondateurs de l’Annonciade parle bien aussi du  « CÅ“ur de Jésus et de Marie ».  Ainsi, on trouve dans une des exhortations  de Gabriel-Maria aux premières annonciades : « si nous aimions Dieu parfaitement, en conséquence nous nous aimerions les uns les autres selon son bon plaisir, mais que, par manque d’amour de Dieu, nous tombons en mille imperfections, soit envers Dieu, soit envers le prochain, et, qu’à l’heure de la mort, il n’avait peur que du CÅ“ur de Jésus et de Marie… » (LS 612).

Bienheureux père Gabriel-Maria

Ce frère mineur nous a laissé un certain nombre de textes, en particulier ses sermons sur les vertus de Marie parvenus jusqu’à nous sous forme de prises de notes, appelés  « Les dix Marie ». Ce sont des sermons donnés aux premières annonciades. Deux séries existent : l’une brève, l’autre longue.

La rédaction brève ne contient qu’une mention du « Sacré CÅ“ur». Pour recommander l’attention pendant l’office, Gabriel-Maria donne l’exemple d’un bon Père « qui était si ravi, durant l’office, à penser à la Passion, et quand venait à Gloria Patri, il disait : « Mon Dieu, je vais dire ce psaume en l’honneur du Sang que vous avez répandu au Jardin des Oliviers » ou : « en l’honneur de votre Sacré CÅ“ur » (LS 961)

La rédaction longue est plus explicite. La première mention se trouve, comme dans la rédaction brève, au chapitre relatif à la prière. Pour fixer son attention, la religieuse annonciade se rendant aux vêpres élèvera son cÅ“ur vers Jésus et dira : «Ô doux Jésus, mon Époux, je viens t’offrir cette Heure en mémoire de ta douloureuse Passion et de ta mort, afin d’avoir accès à ton CÅ“ur si noble et si aimant et accomplir ta sainte volonté. » (LS 1011) L’invitation d’aller au CÅ“ur « aimant » du Christ pour y faire sa demeure exprime bien l’habitude de considérer le cÅ“ur du Christ comme symbole de son amour.

Un autre sermon est prononcé le jour de la fête de saint Jean devant la porte Latine, une fête célébrée à l’époque le 6 mai. Gabriel-Maria en profite pour montrer à son auditoire combien saint Jean est le modèle des âmes compatissantes et contemplatives : « en parcourant son Évangile, que personne n’a parlé un langage aussi élevé. Rien d’étonnant : il avait reposé sur le divin Cœur de Jésus. La fontaine de la sagesse de Dieu, en l’ardeur de ce Cœur l’avait enivré. Personne, excepté la très sainte Vierge Marie, ne pouvait s’envoler si haut vers Dieu. C’est pourquoi, il est comparé à l’aigle qui, parmi tous les oiseaux, a le plus haut vol » (LS 1039).

Les deux règles de vie des annonciades, celle de 1515 et celle 1517 ont été rédigées par Gabriel-Maria. Leur chapitre dixième et dernier est réservé à la vertu de compassion, tout comme dans la première règle, et recommande la méditation des cinq plaies. On est bien proche du Cœur quand on médite sur la plaie du côté, le côté transpercé du Christ.

Écrivant un opuscule sur le Tiers Ordre de la Vierge Marie destiné à une confrérie, Gabriel-Maria recommande à ses  membres de méditer sur  les plaies du Christ : « La cinquième est celle du cÅ“ur ou côté ». Comme dans le De Confraternitate, à chaque plaie est attribuée une grâce spéciale : « De la source principale et primordiale du CÅ“ur [de Jésus] naît l’amour divin ». Aussi, si une âme « désire être toute liquéfiée et transformée par l’amour en Jésus, qu’elle aille au CÅ“ur et au côté du Christ » (LS923)

Ce même symbolisme se retrouve dans le Testament Spirituel que Gabriel-Maria  a laissé aux annonciades :

« À la fin de ma lettre, que je vous envoie comme mon testament à vous mes filles, comme à mes héritières, je tiens à vous écrire deux petits mots. Le premier est pour vous prier d’avoir toujours en votre cœur ce que tant de fois je vous ai dit : que la Vierge Marie, pour apaiser l’affliction de son fils Jésus qui était irrité contre son Église, lui avait promis de lui former un ordre de sœurs qui seraient telles que Jésus les demandait selon son cœur, de sorte qu’il dirait des sœurs ce qu’il avait dit de David : « J’ai trouvé un homme selon mon Cœur » ; ainsi il dirait de vous : « J’ai trouvé des sœurs et religieuses que ma Mère m’a données et telles que ma Mère et moi, selon notre Cœur, nous les demandions. » (LS 274)

Deux témoins de la dévotion au Sacré Cœur chez Jeanne et Gabriel-Maria

Aller au Cœur de Jésus, y demeurer, Jeanne et Gabriel-Maria ont suivi  ce chemin. Deux tableaux illustrent cela. Deux extases : celle de Jeanne et celle de Gabriel-Maria.

Le premier a été peint en 1604 par le peintre berrichon Jean Boucher à l’occasion  du centenaire de la mort de sainte Jeanne.

Jean Bou­cher représente Jeanne de France en adoration devant le CÅ“ur de Jésus. En haut, Dieu le Père, des anges virevoltant. Au centre de la partie supérieure du tableau, le CÅ“ur de Jésus apparaît ouvert par la lance, entouré d’une couronne d’épines placée perpendiculairement, surmonté de la croix ; des flammes en jaillissent. Ce CÅ“ur est adoré par la Vierge, sa main droite sur la poitrine et penchée vers Jeanne, l’indique de la main gauche comme invitant sa protégée à l’adorer avec elle. A droite, saint Joseph prosterné l’adore également.  Au bas du tableau à droite, Jeanne, en costume d’Annonciade, apparaît comme en extase avec ses bras étendus, à genoux sur son prie-Dieu.

Au bas, à gauche, un prêtre en surplis et étole, mais debout, regarde aussi le Sacré-CÅ“ur : l’artiste a voulu  représenter Gabriel-Maria ; il lui fait porter la barbe selon l’usage des capucins qui avaient alors un couvent à Bourges. Jean Boucher associe  Gabriel-Maria à l’extase de Jeanne. Rien d’étonnant à cela : Jeanne ne lui a-t-elle pas confié certains secrets de sa vie intérieure ?  Jean Boucher les associe donc dans la contemplation du CÅ“ur du Christ. Ce tableau illustre cette parole de Jeanne : « je me consume d’amour, disait-elle quand elle arrivait à la plaie du côté transpercé et du cÅ“ur. » (LS 889)

Le second tableau n’est ni attribué, ni daté. Il paraît plus ancien que celui de Jean Boucher. Ce qui le fait penser se sont le nombre de personnages relatifs à des événements historiques. Jean Boucher a  ignoré l’histoire, ne retenant qu’une idée : Jeanne en adoration devant le Cœur de Jésus.

Deux parties, une supérieure, une inférieure. Sur terre, ce n’est plus Jeanne qui est en extase mais Gabriel-Maria  pendant qu’il célèbre la messe.

En avant, dix Annonciades sont réparties en deux groupes ; une postulante de chÅ“ur, en robe bleue, offre une bourse : c’est probablement la donatrice du tableau. Gabriel-Maria et quelques Annonciades regardent la scène qui se déroule dans le ciel. Au centre de celte scène se trouve le CÅ“ur de Jésus entouré d’épines tressées, qui l’étreignent horizontalement. Il jette des flammes du milieu desquelles émerge une croix. Six adorateurs lui offrant leurs hommages sont disposés symétriquement à droite et à gauche, sur trois plans. A hauteur du Sacré-CÅ“ur, à gauche se trouve la Vierge, à droite Jeanne de France couronnée. Au plan inférieur, d’une part sainte Catherine, de l’autre saint Laurent ; enfin, au-dessous, le frère  Jean de la Fon­taine, un des confesseurs de Jeanne, et saint François d’Assise, bien reconnaissable à ses stigmates.

Dans ce tableau, comme dans celui de Jean Boucher, la Vierge est en adoration devant le Sacré-CÅ“ur, mais son visage tourné vers la terre et le geste de sa main droite montrent qu’elle s’intéresse à la scène terrestre : elle apparaît comme Médiatrice auprès du Médiateur qui n’est représenté que par son CÅ“ur.

La scène qui se déroule dans le ciel est donc une extase de Gabriel-Maria pendant la messe qu’il célèbre. Son premier biographie a noté sa profonde dévotion à la messe, sa  grande ferveur envers ce sacrement. Elle raconte qu’un jour, un frère « se mit dans un endroit où il pouvait le voir de face, sans que le bon père ne l’aperçoive. Il ne le quitta pas des yeux. Quand vint le moment de l’épître, il s’aperçut que, souvent, il levait les yeux au ciel, comme implorant la miséricorde de Dieu sur lui. Alors, à cet instant-là, il vit changer la couleur de son visage, étant comme ravi par la pensée et la méditation qu’il avait en son esprit, que Dieu connaît et nul autre. Approchant de la consécration du précieux Corps de Notre Seigneur, il vit son visage tout couvert de larmes en si grande abondance qu’il ne pouvait parvenir à s’essuyer. Il avait la vue si brouillée qu’il ne pouvait pas lire dans le livre. Il ne cessait pas toutefois de chanter selon la voix que Dieu lui avait donnée. Quand il vint à élever la très sainte hostie, levant les yeux pour la regarder, il semblait les avoir pleins de sang, tant il avait versé de larmes » (LS 591-592).

Elle notre aussi le fait qu’il aurait eu certaine vision, entre autres, celle du frère Jean de la Fontaine : « un jour que le révérend père disait sa messe, le bon père frère Jean de la Fontaine, qui était mort, se tint au coin de l’autel. Au moment de sa mort, il lui avait promis, si c’était le bon plaisir de Dieu, qu’il lui apparaîtrait après que dix messes auraient été dites pour lui par le révérend père. Ce qu’il fit…. » (LS 499) D’autre part, parmi les billets que les deux fondateur s’écrivaient, il y en a un de Gabriel-Maria adressé à Jeanne et dans lequel il écrit : «L’un et l’autre, après la mort, s’apparaître dans les dix jours… » (LS 217).

D’autre part,  deux personnages de l’extase,  sainte Catherine et  saint Laurent, sont relatifs à Gabriel-Maria. On sait que le jeune Gabriel-Maria dans sa jeunesse, au temps de ses études,  priait sainte Catherine. Il est dit en effet qu’« il mit son zèle à étudier, mais voyant qu’il ne pouvait pas rapidement comprendre ce qu’il désirait savoir, il se recommanda avec beaucoup de ferveur, et humblement, à la bienheureuse sainte Catherine » (LS 582) – à savoir, sainte Catherine d’Alexandrie, patronne des étudiants.

Quant à saint Laurent : sa présence rappelle un événement de la vie de Gabriel-Maria. Lorsqu’il est allé à Rome faire approuver la règle de l’Annonciade, il rencontra des obstacles du côté des cardinaux de la curie romaine. Or, une des cardinaux eut un songe  et le rapporta à Gabriel-Maria. Il lui dit : «Père, j’ai été toute la nuit avec toi. Le béni saint François, le béni saint Laurent me sont apparus cette nuit en vision, ils m’on dit : l’affaire à laquelle travaille ce père pour cette Dame et duchesse, accomplissez-la. Et telle et telle chose faites-la. » (LS 93). Et la Règle de vie des sœurs fut approuvée.

Conclusion

Il n’est guère étonnant de voir cette dévotion au Sacré CÅ“ur si familière chez Jeanne et Gabriel-Maria. Proche du milieu franciscain, dirigée par des frères mineurs dont le frère Jean de la Fontaine et le frère Gabriel-Maria, Jeanne a pénétré, grâce à eux, dans l’univers des théologiens et mystiques franciscains. Gabriel-Maria formé à cette école lui en a fait découvrir la profondeur. Tous deux ont sans doute goûté les Å“uvres mystique d’un  saint Bonaventure (env. 1221-1274), entre autres ses méditations sur la vie et la passion de Jésus de sa Vigne mystique écrite en 1263. Dans ce texte, l’auteur fait tout un développement sur le CÅ“ur de Jésus, invitant le fidèle à y faire sa demeure : « je fixerai tous mes désirs dans le CÅ“ur de mon Seigneur Jésus… ». Ainsi ont fait Jeanne et Gabriel-Maria. On peut dire que tous deux ont été pénétré du désir de puiser dans le Coeur de Jésus la force d’aimer, de croire et d’espérer.

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