Une vie
François naît à Assise en 1181 dans une famille riche. Il vit comme les jeunes de son temps, aiment les escapades et les fêtes. En 1204, une maladie l’immobilise. Il réfléchit. Après sa convalescence, un songe fait à Spolète l’empêche de rejoindre le métier des armes. Il abandonne son style de vie pour mener une vie de pauvreté, de prière et de fraternité. En 1208, il a la révélation de sa vocation : il annoncera l’Évangile de la Paix. Des compagnons le rejoignent. En 1209, le pape Innocent III approuve la nouvelle Fraternité dit Les Pénitents d’Assise. Rapidement, le nouvel Ordre connaît un grand essor. Les stigmates de la Passion qu’il reçoit en son corps en 1224 montrent combien François était devenu un « autre Christ ». Il meurt le 3 octobre 1226. Le Pape Grégoire IX le canonise Il est canonisé le 16 juillet 1228 par le pape Grégoire IX.
Un message
« Je crois que François est l’exemple par excellence de la protection de ce qui est faible et d’une écologie intégrale, vécue avec joie et authenticité. [….] Il a manifesté une attention particulière envers la création de Dieu ainsi qu’envers les pauvres et les abandonnés. Il aimait et était aimé pour sa joie, pour son généreux engagement et pour son cÅ“ur universel. C’était un mystique et un pèlerin qui vivait avec simplicité et dans une merveilleuse harmonie avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec lui-même. En lui, on voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure. […] Tout comme cela arrive quand nous tombons amoureux d’une personne, chaque fois qu’il regardait le soleil, la lune ou les animaux même les plus petits, sa réaction était de chanter, en incorporant dans sa louange les autres créatures. Il entrait en communication avec toute la création. […] N’importe quelle créature était une sÅ“ur, unie à lui par des liens d’affection. Voilà pourquoi il se sentait appelé à protéger tout ce qui existe. Son disciple saint Bonaventure rapportait que, « considérant que toutes les choses ont une origine commune, il se sentait rempli d’une tendresse encore plus grande et il appelait les créatures, aussi petites soient-elles, du nom de frère ou de sÅ“ur ». [….] Si nous nous approchons de la nature et de l’environnement sans cette ouverture à l’étonnement et à l’émerveillement, si nous ne parlons plus le langage de la fraternité et de la beauté dans notre relation avec le monde, nos attitudes seront celles du dominateur, du consommateur ou du pur exploiteur de ressources, incapable de fixer des limites à ses intérêts immédiats. En revanche, si nous nous sentons intimement unis à tout ce qui existe, la sobriété et le souci de protection jailliront spontanément. La pauvreté et l’austérité de saint François n’étaient pas un ascétisme purement extérieur, mais quelque chose de plus radical : un renoncement à transformer la réalité en pur objet d’usage et de domination. D’autre part, saint François, fidèle à l’Écriture, nous propose de reconnaître la nature comme un splendide livre dans lequel Dieu nous parle et nous révèle quelque chose de sa beauté et de sa bonté : « La grandeur et la beauté des créatures font contempler, par analogie, leur Auteur » (Sg 13, 5), et « ce que Dieu a d’invisible depuis la création du monde, se laisse voir à l’intelligence à travers ses Å“uvres, son éternelle puissance et sa divinité » (Rm 1, 20). Le monde est plus qu’un problème à résoudre, il est un mystère joyeux que nous contemplons dans la joie et dans la louange. » (Pape François, Laudato Si’, 10,11,12.)
Un évangile « Père, je te bénis, d’avoir caché cela aux sages et aux savants et de l’avoir révélé aux tout-petits » (Mt. 11, 25-30).
Une parole « Salut, reine Sagesse, que le Seigneur te garde, avec ta sœur, sainte et pure Simplicité » (saint François d’Assise).
Un message Pour François, les vertus chrétiennes sont liées les unes aux autres. Elles ne vont pas seulement deux par deux mais elles apparaissent toutes ensemble dès que l’une d’entre elles apparaît et disparaissent toutes ensemble dès qu’une seule d’entre elles disparaît. « Qui possède l’une et ne blesse pas les autres les possède toutes… » et inversement. François parle ici non pas de vertus qui seraient parfaitement possédées ici-bas, car personne ne peut posséder parfaitement une seule vertu. Mais il entend parler de vertus telles que nous pouvons les posséder autant qu’il est possible ici-bas, en y mettant notre effort. François n’invente rien. C’était déjà la doctrine des théologiens chrétiens et déjà les philosophes païens l’avaient affirmé. François ne veut pas simplement répéter ce que l’on a dit avant lui. Il a certainement un message qui lui est très personnel. Pour François la sagesse, au lieu de s’opposer, comme les autres vertus, au péché et aux vices, les attaque et les défait dans leur origine commune. Quand il parle de la sagesse, elle ne s’oppose pas à un vice ou à un péché, comme les autres vertus, mais au père du mensonge lui-même. « Sainte sagesse, confond Satan et toutes ses malices ». Ce qui a de propre à la sagesse et à la simplicité, aux yeux de François, c’est qu’elles s’attaquent au mal en sa racine, au refus de Dieu en nous. La sagesse confond le mal en sa source car elle est la vertu qui nous fait consentir à Dieu, dire « oui » à Dieu, à l’exemple de Marie, en qui « se trouvent tous les parfums et tous les trésors de la sagesse et de la grâce de Dieu », Elle, « amie de la Vérité » comme l’écrit le Bx Gabriel-Maria, fidèle fils de saint François. En joignant la sagesse à la « simplicité », François précise encore davantage ce qu’est cette sagesse : pour lui la simplicité confond la sagesse du monde et celle de la chair. À la racine de la sagesse du monde et de la chair, il y a l’orgueil. Pour François, l’orgueil est le vrai péché, c’est l’homme qui s’érige en maître, en dominateur. La sagesse et la simplicité sont inséparables car elles refusent ensemble cette prétention et cet orgueil ; la vraie sagesse nous conduit à dire « oui » à Dieu. La sagesse véritable est la vertu du consentement à l’Évangile ; elle ne nous est accessible que dans la mesure de la simplicité de notre cÅ“ur, dans la mesure où l’on se détourne du refus de Dieu, de l’orgueil, et que l’on se tourne vers Lui, dans la confiance et l’amour filial, dans un « oui » heureux dit à Dieu.
La simplicité, qui accompagne la sagesse, c’est la bonne terre dans laquelle va venir croître la Parole. N’étant pas ébloui par l’éclat d’un prétendu savoir, les disciples de Jésus discernent la lumière, là où ceux qui croient savoir ne peuvent rien comprendre. Ils ont entendu l’appel, dans la vigilance et l’attention d’un cÅ“ur ouvert. C’est cette ouverture que veut signifier la simplicité sans laquelle la sagesse ne vient pas à nous. « Chargez-vous de mon joug, mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cÅ“ur » (Matt. 11, 29). « Être à l’école », telle est la sagesse, mais il faut la douceur et l’humilité du cÅ“ur de Jésus. Ceux qui s’enferment dans la prétention de leur savoir sont des aveugles, plus profondément aveugles car ils ne prennent pas conscience de leur aveuglement. «Si vous étiez des aveugles, dit Jésus, vous seriez sans péché, mais vous dites « nous voyons », c’est pour cela que votre péché demeure » (Jn 9, 41). Dans le Livre des Proverbes, on peut lire « Qui est simple qu’il passe ici…., marchez droit dans le chemin de l’intelligence ». « Droit », voilà la simplicité ; « dans le chemin de l’intelligence », voilà la sagesse. François a conscience que, si les hommes se refusent à cet appel, ils se condamnent eux-mêmes à tourner désespérément en rond. Ils voient leur échapper le sens véritable de la vie, de leur destinée. Ils auront beau creuser indéfiniment à l’intérieur ou à l’extérieur d’eux-mêmes, dans leur esprit, ou dans l’univers, ils ne trouveront rien. La réponse à cette quête désespérée : la sagesse véritable ne s’obtient que dans la simplicité du cÅ“ur, s’ouvrant humblement pour recevoir la Parole de Dieu.
Un évangile Pour aller où je vais, vous savez le chemin. » Thomas lui dit : « Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous savoir le chemin ? » Jésus lui répond : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie…. (Jn 14, 5)
Une parole «Dieu tout puissant, donne-nous de faire ce que nous savons que tu veux, et de vouloir toujours ce qui te plaît ; ainsi nous deviendrons capables, intérieurement purifiés, illuminés et embrasés par le feu du Saint-Esprit, de suivre les traces de ton Fils bien-aimé notre Seigneur Jésus-Christ….» (Saint François, Lettre à tout l’ordre).
Un message François nous présente l’Évangile comme un chemin et sur ce chemin il nous propose de suivre les traces de Quelqu’un. Mais ce Quelqu’un est Chemin, Lui qui a dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie » (Jn 14, 6). François, aime regarder sa propre vie comme un itinéraire. Il sait que le Christ lui-même l’a appelé et lui a fixé sa route. « Mes frères, dit-il, le Seigneur m’a invité à choisir la voie de la simplicité et de l’humilité, il m’a montré cette voie comme étant la mienne » (). Cette voie de la simplicité caractérise son existence. Il y a un point de départ à cet itinéraire, c’est la transformation radicale que le Seigneur lui a demandé. Sa conversion. Il sait que ce chemin, c’est Jésus qui l’a ouvert. Il ne cessera de recommander à ses frères de prendre cette route. Cette route est la suite du Christ. Être chrétien, pour François, et pour les évangélistes, ce n’est pas d’abord adhérer à des vérités théoriques, professer une doctrine – certes il y a bien un aspect doctrinal dans le christianisme – mais la foi chrétienne ne s’arrête pas à la théorie. Elle est vie, action, c’est vivre et agir, non pas comme n’importe quel moraliste pourrait le faire, c’est agir et vivre en suivant le Christ, en mettant nos pas dans les siens. C’est communier à la personne du Christ, répondre à son appel. Avant de s’exprimer en doctrine, la foi est une vie. « Suivre le Christ » ? Cela s’adresse à tous chrétiens. La vie chrétienne est une suite du Christ. Dans ses écrits, François revient sans cesse sur ce thème. Cela suppose un regard attentif et prolongé sur la personne de Jésus. Pour François suivre « les traces » du Christ, en toute notre existence, c’est de regarder et d’être avec le Christ sur la route de notre vie. C’est être disciple. Ce fut la vocation du Christ lui-même qui suivait ce que désirait le Père.
L’idée d’une vie chrétienne qui est « une suite du Christ » va conduire François à comprendre le chrétien comme un pèlerin de passage en ce monde, allant à la rencontre de Dieu. Il y a avant tout pour François le regard que nous portons sur le Christ. François s’applique à saisir le Christ sous tous ses aspects mais il y en a un qu’il préfère, c’est celui du Verbe incarné dans sa condition humaine, de pèlerin en marche vers le Père, en chemin depuis la Nativité jusqu’à l’Ascension en passant par la Croix. La vie de foi, à l’école de François, est donc une marche à la suite du Christ, notre vie est considérée chez François comme une route, un chemin avec ses étapes ; l’unité de chemin est donnée par le Christ, depuis le baptême jusqu’au jour où nous recevrons le sacrement qui nous aidera à faire le dernier passage. Le Christ est venu comme un pauvre voyageur, étranger en ce monde. Entre sa venue du Père et le retour au Père, le Christ a été simplement de passage. François a porté une attention particulière à ce Christ pauvre, voyageur qui s’est attardé à considérer l’homme et à essayer de descendre au plus bas que lui, pour que l’homme puisse prendre conscience de la misère de son cÅ“ur. François a remarqué combien le Christ a été le plus étranger des voyageurs ; il voit dans sa pauvreté comme l’expression la plus pure de cette volonté du Fils de Dieu de nous rejoindre ici-bas. Il est vraiment le « Très-Bas », pour reprendre une expression de Christian Bobin. Saint François parlant de la naissance du Christ écrit : « Le Très Saint Enfant est né pour nous, en chemin, placé dans une crèche…. ». François souligne les phrases de l’Évangile qui insistent sur cette condition du pauvre voyageur du Christ en sa Nativité. Mais de son propre cru il a ajouté ces mots « en chemin ». C’est là vraiment l’expression de l’intuition de François.
Un évangile : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure… (Jn 14, 23)
Une parole : Salut, Marie, Dame sainte, reine, sainte mère de Dieu, vous êtes la Vierge devenue l’Église ; choisie par le très saint Père du ciel, consacrée par lui comme un temple avec son Fils bien-aimé et l’Esprit Paraclet ; vous en qui fut et demeure toute plénitude de grâce et Celui qui est tout bien… »
Un message : La Salutation à la Bienheureuse Vierge Marie est un des plus beaux textes de saint François. Pour lui, la sagesse et la simplicité de Jésus, la marche à la suite du Christ a été illustrée de manière unique par la Vierge Marie. Elle est celle qui lui montre comment vivre authentiquement dans la foi. Bonaventure l’avait bien compris quand il écrit que François séjourna d’abord quelque temps dans l’église de la Mère de Dieu, appelée « La Portioncule » et qu’il lui demanda de devenir son protégé afin que, par ses mérites, il puisse vivre selon « l’esprit de la vérité évangélique ».
La Salutation de la bienheureuse Vierge Marie est une adresse à Marie. Dans ce texte Marie apparaît comme un être essentiellement de relations, une relation singulière avec les Trois Personnes de la Sainte Trinité. Dans cette prière, il y a une expression singulière sur laquelle il est bon de s’arrêter. C’et celle-ci : « Vierge faite église ». Intuition forte de saint François. Expression profonde et originale, à l’immense portée théologique qui nous donne la clé pour découvrir, par François et avec lui, le mystère de Marie.
Le terme église a deux sens : la communauté des croyants ; le lieu où cette assemblée vient se rassembler pour l’Eucharistie et pour l’écoute de la Parole de Dieu. François pense à ces deux sens quand il essaie de caractériser ce qu’est la Vierge.
« Vierge faite église… Vierge, Maison de Dieu ». Pour François, homme concret, c’est d’abord une construction matérielle. L’église, qui a eu du sens pour lui, c’est cette petite chapelle délabrée de la Portioncule, dédiée à Notre Dame des Anges, là où il a eu l’intuition qu’il devait aider le pauvre chapelain à la réparer. Il avait compris en effet que le Seigneur l’appelait à réparer matériellement son église : « François, va, et répare mon église qui, tu le vois, tombe en ruines ». à travers cette image d’une chapelle à rénover, on peut saisir toute la symbolique de l’église que François était appelé à rénover de l’intérieur. François dira plus d’une fois qu’il avait une grande foi dans les églises ; il y voyait le signe matériel, tangible, de la présence de Dieu parmi nous. Il y allait adorer le Seigneur, et il savait que c’est là qu’il trouverait la Présence réelle du Christ, le Pardon de Jésus. L’Église, maison de Dieu, était une image éloquente pour lui de la présence de Dieu parmi nous, du Christ qui a dit : « Je suis parmi vous tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Matt. 28, 20).
François a aussi été séduit par ce texte de saint Jean : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, nous viendrons en lui et nous ferons en lui notre demeure » (Jn 14, 23). Il comprend que notre être profond, notre âme, est la demeure du « Seigneur tout Puissant, Père, Fils et Esprit Saint ». Si les églises lui ont permis de découvrir matériellement la présence du Christ parmi nous, et de la découvrir en lui, il va comprendre que ce qui est vrai pour nous, pour les églises, est éminemment vrai avant tout pour la Vierge Marie. En elle, il va contempler d’emblée la demeure parfaite et exemplaire du Christ. C’est toute la Salutation qui développe ce thème. « Vierge faite église, choisie par le Père très saint du ciel ». Pour François, Dieu a choisi Marie comme sa cathédrale et le Verbe fait chair est venu demeurer en Marie. Une cathédrale est toujours dédiée, consacrée. Le Père a dédicacé Marie, il lui a donné une totale union avec Lui, le Fils et l’Esprit – Marie toute consacrée au Dieu Trinité. « Marie en qui demeure toute plénitude de grâce et tout bien ». Le Seigneur prend définitivement possession de sa maison qu’est Marie. Elle est celle qui a porté le Verbe, qui a gardé en elle la Parole ; ayant en elle le Bien absolu.
Un évangile : Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » (Jn 2, 5)
Une parole : « Sainte Vierge Marie, aucune n’est semblable à toi parmi les femmes de ce monde: fille et servante du Roi très haut, le Père céleste, mère de notre très saint Seigneur Jésus-Christ, épouse du Saint-Esprit. Avec l’archange saint Michel, avec toutes les Vertus des cieux et tous les saints, prie pour nous ton Fils très saint et bien-aimé, notre Seigneur et Maître.… »
Un message : Dans cette courte prière, saint François met au jour plusieurs aspects de la Vierge. En Marie, François contemple le mystère de notre existence exprimé par saint Paul : « Dieu nous a choisis en Jésus Christ, dès avant la création du monde, pour être saints et immaculés en sa présence dans l’amour » (Eph. 1, 4-5). Cette parole de l’apôtre concerne d’une manière unique la Vierge Marie. Marie a été celle qui a été véritablement choisie par Dieu. Elle est la choisie. Elle est celle qui se dit servante. Ce nom qu’elle se donne fait penser à ce qui est dit du Christ dans l’épître aux Hébreux : « Voici, Père, je viens pour faire ta volonté ». Marie servante est à l’image du Christ serviteur. Marie a été aussi celle toute prise à l’ombre de l’Esprit, toute consacrée. Élection, consentement, consécration, trois aspects de la Vierge que l’antienne à la Vierge composée par François met en lumière. Ces trois aspects qui peuvent se résumer en deux mots peut-être, celui de relation, celui de vocation. Dans cette antienne Marie apparaît en dialogue avec les Trois Personnes divines.
François la regarde comme la fille et la servante du Père céleste, comme la choisie de Dieu. Il la regarde dans son « Oui » à la Parole. Il la regarde comme la consacrée, Elle, l’Épouse du l’Esprit. En Marie ce mystère de l’Esprit a été si profond que François peut en effet la considérer comme l’Épouse de l’Esprit.
Ces trois aspects de sa vocation – la choisie, la servante, l’épouse – se cristallisent dans sa maternité divine. Car Elle est aussi la « Mère de notre Seigneur Jésus Christ ». Certes, la maternité de Marie dépasse le simple ordre biologique ; c’est de tout son être qu’elle est Mère ; le choix de Dieu a pris tout son être. Le Christ a entraîné sa Mère à sa suite jusque dans son mystère de pauvreté. François exprime bien cela : « Ce Verbe du Père, si digne, si saint et si glorieux, le très haut Père du ciel annonça, par son saint ange Gabriel, qu’il viendrait dans le sein de la glorieuse Vierge Marie ; et de fait il reçut vraiment, dans son sein, la chair de notre fragile humanité. Lui qui était riche plus que tout, il a voulu, avec la bienheureuse Vierge sa mère, choisir la pauvreté » (lettre à tous les fidèles).
Enfin, Marie est en lien fondamental avec la communauté ecclésiale. À la fin de concile Paul VI a donné comme fête à l’Église, « Marie Mère de l’Église ». Si Elle a mis au monde le Christ, elle a aussi engendré, au Calvaire, tous ceux qui croiront dans le Fils. C’est pour cela que François la regarde dans sa relation totale à l’église : Marie, première disciple du Fils, puis Marie parmi les anges et les saints, Marie si proche de nous. Marie qui intercède pour nous. Elle la première à suivre le chemin ouvert par Jésus. Elle marche devant, « la première en chemin ». Elle a donc une relation toute particulière à cette église dont elle est l’image, l’idéal, la Mère. Elle est aussi l’initiatrice de la prière de l’église. Elle est celle qui prie pour nous, l’avocate de l’humanité ; elle nous entraîne auprès de son Fils qui est toute miséricorde.
Ainsi, la Vierge guide nos pas sur le chemin de la vie. Elle est Mère de la Sagesse, elle nous montre où se trouvent la vérité sur nous-mêmes, le sens de nos existences personnelles. Et le mot « sens », ici, est à prendre en sa triple définition. Car l’exemple de la vie de Marie éveille en nous d’une manière intuitive, le goût de bien, le sens du beau. Sa vie nous montre une direction : le Christ. Enfin, la manière dont elle a vécu nous fait comprendre la signification vraie et profonde de notre existence. Elle nous apprend la confiance. Elle nous apprend à suivre le Christ, comme elle, sans tout comprendre.