Lorsqu’elles attendaient un enfant, les reines de France avaient l’habitude de venir implorer Notre-Dame de Chartes, pour une heureuse délivrance. C’est certainement le cas en ce début d’année 1464, de la reine Charlotte de Savoie qui en effet attend un heureux événement. Elle quitte en ce début d’année 1464 la cour d’Amboise pour Chartres. Elle logera à une trentaine de kilomètres de là, à Nogent-le-Roi, au château de Pierre de Brézé.  Louis XI, son mari, est-il à ses côtés ? Il semblerait que non, étant à Paris en ces jours-là..?

Quelques mots sur cette demeure pour donner peut-être le goût d’aller sur les pas de sainte jeanne ! L’ancien château, celui d’avant Pierre de Brézé, a l’allure d’une véritable forteresse. Il appartient à la comtesse de Blois qui, en 1218, le cède au roi Philippe Auguste. Au cours du 13è siècle, des rois de France y font des séjours, tel le roi saint Louis. Jusqu’au milieu du 15è siècle, cette demeure appartient à la Couronne de France. A ce moment-là, le roi Charles VII le cède à son tour à Pierre de Brézé qui le fait rebâtir. Le château de Pierre de Brézé va subsister jusqu’à la Révolution de 1789. À cette époque, il est vendu comme bien national et démoli. Sur son emplacement est édifié en 1863, l’actuel château de Nogent-le-Roi.

C’est donc en la demeure de Pierre de Brézé que le 23 avril 1464 la reine Charlotte donne le jour à Jeanne. Elle est le quatrième enfant du couple royal qui a déjà connu le deuil de ses deux aînés, Joachim (1459) et Louis (1458-1460). Il y a aussi la petite Anne, âgée de trois ans à la naissance de Jeanne. Elle est donc l’aînée mais, étant femme, elle n’entre pas en ligne de compte pour la succession. C’est un fils qu’il faut alors à Louis XI et le ciel ne lui donne à nouveau qu’une fille. Aussi en éprouve-t-il un grand dépit et c’est à peine si les chroniqueurs de l’époque mentionnent ce fait de peu de conséquence pour le royaume. Néanmoins, dans les premières semaines qui suivent l’événement, le roi prend la peine de fiancer la petite Jeanne à son jeune cousin âgé de deux ans Louis d’Orléans fils de Charles d’Orléans (1394-1465) et de Marie de Clèves (1426-1487), afin de resserrer les liens familiaux et de s’assurer d’une prise solide sur celui qui est alors l’héritier présomptif du trône. Finalement, c’est en 1470 seulement que Louis XI sera exaucé par la naissance du futur Charles VIII.

Jeanne de France est bien présente à Nogent-le-Roi. Son église conserve deux vitraux la représentant en deux moments importants de sa vie. La photo présentant ces vitraux vient des archives du monastère de Thiais.

Le vitrail de gauche montre Jeanne distribuant du pain aux pauvres. C’est Jeanne dans son attitude caritative. La postérité lui donnera le nom de « Bonne Duchesse ». Les berruyers en effet ont bien constaté combien Jeanne, de son vivant, a été présente à toutes les misères de sa ville de Bourges et de son duché : écoliers pauvres, femmes tombées dans la prostitution, malades, indigents de toutes sortes, accueil de femme qui, comme elle, ont été répudiées ou délaissées par leur mari  etc.

Le vitrail de droite montre Jeanne dans son attitude contemplative. Il met en lumière l’intense union de Jeanne avec le Christ. Car sa charité active s’enracine dans une profonde contemplation et vie de prière. Elle a eu d’ailleurs à la fin de sa vie une grâce d’union intense au Christ que l’on appelle « mariage mystique ». Le vitrail nous montre une Vierge à l’Enfant à gauche et à droite Jeanne. L’Enfant qui n’est autre que le Christ-Jésus passe au doigt de Jeanne l’anneau des épousailles d’où le nom de « mariage mystique ».

Pour terminer cette courte évocation on peut dire que ces deux vitraux illustrent parfaitement ce que dit saint Matthieu dans son Évangile : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. (Mt 22, 37-39).

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