« Venons-en à la bouche. La bouche sert à parler et à percevoir les saveurs. Notre parler ressemblera à celui de Jésus, s’il ne sort de notre bouche aucune parole inutile ou vaine, si tout ce que nous disons peut servir à l’édification de nous-mêmes et de notre prochain. Le goût doit ressembler au goût de Marie de sorte qu’il puisse contribuer à la pureté. Car le goût peut être très nuisible, si on ne l’exclut pas de toutes les passions mauvaises. Il aura bien des difficultés à rester chaste, celui qui ne refrène pas le sens du goût. Pour avoir le goût de Marie, nous devons fuir toutes les satisfactions d’un goût trop sensuel, mélanger la nourriture spirituelle de l’âme avec la nourriture du corps, manger et boire avec une sainte crainte. Si quelqu’un était trop abstinent, il pourrait courir un danger aussi grand que celui qui serait en cela trop large et trop libre. Mais si on agit avec discernement, ce sera tout à fait conforme à Marie et cela lui sera très agréable. (Bx P. Gabriel- Maria)
Chers amis,
Notre voyage à travers l’itinéraire des dix vertus se poursuit. Le Père Gabriel- Maria, nous le disions la dernière fois, pour nous entretenir de la pureté nous fait faire le tour des cinq sens. Après l’ouïe, la vue et l’odorat, nous voici parvenus au goût. En fait le passage de ce sermon va plus loin que la perception des saveurs puisqu’il commence par évoquer la parole. « La bouche sert à parler et à percevoir les saveurs ».
« Notre parler ressemblera à celui de Jésus, s’il ne sort de notre bouche aucune parole inutile ou vaine, si tout ce que nous disons peut servir à l’édification de nous-mêmes et de notre prochain. » Jésus est La Parole de Vérité. « Au Commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1, 1) Cette Lumière, poursuit le prologue de l’Evangile selon Saint Jean, est lumière et vie–lumière des hommes et lumière qui brille dans les ténèbres. Dès la Genèse, nous voyons que La Parole de Dieu est Créatrice. Elle fait ETRE. « Dieu dit : « Que la lumière soit. » Et la lumière fut. » (Gn 1.3) Par la parole nous pouvons donner la vie ou donner la mort. Notre parole peut être créatrice ou destructrice. Elle peut apporter la lumière ou accroître les ténèbres. Le poids des mots est si grand ! Quand le franciscain mentionne les paroles inutiles il s’agit de paroles contraires à la charité et les paroles vaines sont des paroles creuses, sans intérêt, qui n’apportent rien, qui sont du vent. Devant l’autre nous sommes devant une Terre Sainte qui n’appartient qu’à Dieu et que seul Dieu connaît en vérité. Les paroles vaines et inutiles sont comme une profanation de cet espace sacré qu’est chaque être humain. Je pense en particulier à toutes les formes de médisance qui sont parmi les plus répandues et si néfastes paroles inutiles. Gabriel-Maria parle d’un dire qui sert à l’édification de « nous-mêmes et de notre prochain » : Les paroles que nous prononçons ont donc autant de poids pour celui ou celle qui les dit que pour ses auditeurs. Une parole bonne me construit autant que celui qui m’écoute et inversement, une parole mauvaise me détruit en même temps que mon interlocuteur. Nous sommes invités à accorder profondément notre façon de parler à celle du Très Doux Seigneur Jésus Christ. Que nos mots soient ses mots à Lui et non des mots jaillis de notre mauvais fond ou de notre surface légère.
Le texte poursuit par un regard sur La Vierge Marie :
Le goût doit ressembler au goût de Marie de sorte qu’il puisse contribuer à la pureté : la parole est ce qui sort de notre bouche, le goût est ce qui permet d’apprécier la saveur de ce qui y entre. Dans ce passage plus développé, le Père Gabriel-Maria invite tout simplement à la sobriété comme le Pape François dans nombre de ses interventions. A l’occasion des JMJ à Cracovie en 2016, il disait aux jeunes : « Dans la vie, il y a une autre paralysie encore plus dangereuse et souvent difficile à identifier, et qu’il nous coûte beaucoup de reconnaître. J’aime l’appeler la paralysie qui naît lorsqu’on confond le BONHEUR avec un DIVAN ! Oui, croire que pour être heureux, nous avons besoin d’un bon divan. Un divan qui nous aide à nous sentir à l’aise, tranquilles, bien en sécurité. (…) Un divan contre toute espèce de douleur et de crainte. Le divan-bonheur est probablement la paralysie silencieuse qui peut nous nuire davantage ; parce que peu à peu, sans nous en rendre compte, nous nous endormons, nous nous retrouvons étourdis et abrutis tandis que d’autres – peut-être plus éveillés, mais pas les meilleurs – décident de l’avenir pour nous. (…)
Mais la vérité est autre : chers jeunes, nous ne sommes pas venus au monde pour “végéter”, pour vivre dans la facilité, pour faire de la vie un divan qui nous endorme ; au contraire, nous sommes venus pour autre chose, pour laisser une empreinte. Il est très triste de passer dans la vie sans laisser une empreinte.(…)
Chers amis, Jésus est le Seigneur du risque, du toujours “au-delà”. Jésus n’est pas le Seigneur du confort, de la sécurité et de la commodité. Pour suivre Jésus, il faut avoir une dose de courage, il faut se décider à changer le divan contre une paire de chaussures qui t’aideront à marcher, sur des routes jamais rêvées et même pas imaginées (Extrait du discours du pape à la veillée samedi 30 juillet, au Campus misericordiae à Cracovie.)
Le Saint Père ne mâche pas ses mots ! Cette mesure et la sobriété sur lesquels insiste Gabriel-Maria vont dans le même sens que ce fameux divan du Pape François. De fait les excès de nourriture, de boisson mais aussi dans bien d’autres domaines contribuent à nous installer dans ce divan confortable et ne nous disposent pas au service et au don de nous-mêmes à la suite du Christ. Il ne nous est pas demandé de vivre de pain sec et d’eau mais simplement d’être maîtres de nos appétits. Celui qui maîtrise son ventre maîtrise beaucoup de choses. Comme Saint Paul, il nous invite à aller plus loin plutôt que de vivre à la surface de nous-mêmes à travers ces satisfactions de toutes nos gourmandises : « Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire. Faites donc mourir en vous ce qui n’appartient qu’à la terre …. » (Col 3, 2-5)
Chers amis, ma lettre un peu longue s’achève à l’heure où nous nous apprêtons à fêter la Toussaint : je vous souhaite donc une bonne fête avec ces mots de l’exhortation apostolique du Saint-Père sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel (Gaudete et Exsultate) qui vont aussi dans le sens de ce goût de la Vierge Marie :
« Luc ne parle pas d’une pauvreté en “esprit” mais d’être “pauvre” tout court (cf. Lc 6, 20), et ainsi il nous invite également à une existence austère et dépouillée. De cette façon, il nous appelle à partager la vie des plus pauvres, la vie que les Apôtres ont menée, et en définitive à nous configurer à Jésus qui, étant riche, « s’est fait pauvre » (2 Co 8, 9) » (n° 70). La vertu de pureté n’est pas très loin de celle de pauvreté ! »
Sr Marie de l’Annonciation OVM
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