Gilbert Nicolas, devenu en religion le frère Gabriel-Maria, est né vers 1460 aux alentours de Riom, en Auvergne. Il appartient à une famille de notables ruraux. Cadet de trois enfants, il reçoit une instruction solide. Il fait preuve très tôt d’une foi et d’une piété exemplaires. Il manifeste aussi une dévotion toute particulière envers la Vierge Marie. La voie d’un mariage chrétien semble s’ouvrir devant lui. Mais un sermon sur l’Immaculée Conception le conduit à renoncer à tout amour humain pour se donner entièrement à Dieu dans l’Ordre des Frères Mineurs de l’Observance. Reçu au couvent de Notre-Dame de Lafond, près de La Rochelle, il y fait son noviciat.

Gilbert Nicolas est reçu à la profession religieuse aux alentours de l’année 1480, puis poursuit sa formation théologique dans un studium de son Ordre, sans doute à Tours ou à Amboise. Il est ordonné prêtre peu après. Pendant une vingtaine d’années, il enseigne aux jeunes frères de son Ordre la théologie morale.

Vers 1490, Gilbert Nicolas devient le guide spirituel et le confident de Jeanne de France, l’épouse répudiée de Louis XII. Devenue duchesse de Berry, s’installant à Bourges, elle s’entoure de plusieurs conseillers qui l’aident dans sa tâche. Frère Gilbert Nicolas est l’un d’eux.

L’année 1499 voit se préciser un projet spirituel porté par Jeanne de France: la fondation d’un Ordre religieux dédié à la Vierge Marie. Devant les motivations sérieuses de cette fondation, Gilbert Nicolas s’y investit sans réserve: recrutement et formation des premières soeurs, rédaction et approbation de la règle du nouvel Ordre. Peu avant, en 1498, il avait été nommé gardien du couvent d’Amboise.

En 1502, il est élu vicaire provincial d’Aquitaine. Malgré ses tâches importantes, il assiste la duchesse dans son oeuvre de fondatrice et recueille ses dernières volontés. Elle meurt le 4 février 1505, après lui avoir confié la direction et l’avenir de son Ordre. Jusqu’à sa mort, le franciscain s’acquittera de cette mission avec fidélité, faisant prospérer le nouvel Ordre par plusieurs fondations, lui donnant assise théologique et stabilité juridique.

Après avoir assumé les charges de vicaire provincial d’Aquitaine, puis de nouveau celle de gardien d’Amboise, et ensuite de vicaire provincial de Bourgogne, Gilbert Nicolas est élu en 1511 vicaire général cismontain de l’Observance. Pendant trois ans, il parcourt l’ensemble des provinces soumises à son gouvernement, visite les monastères de frères et de soeurs, tout en poursuivant la défense des intérêts généraux de son Ordre. Au cours de ces années, il s’attache à promouvoir l’ordre de la paix – mouvement de dévotion mariale proposé à toute personne qui désire être dans son état de vie un artisan de paix. Pour donner un plus grand rayonnement à cette oeuvre, le franciscain n’hésite pas à créer des confréries, à publier à l’intention des futurs membres des petits traités de dévotion mariale.

À la Pentecôte 1514, à l’issue du chapitre général d’Anvers, il devient vicaire provincial de France. Lors de ce chapitre, la décision de réunir les Annonciades de France et les Conceptionistes espagnoles en un seul Ordre a été prise. Il rédige à cette fin une nouvelle règle, mais voit ensuite échouer ce projet de fusion. Finalement, c’est une troisième règle de vie, fort proche de celle des origines que reçoivent de lui, en 1517, les filles de sainte Jeanne de France. Durant ces années, le franciscain entretient aussi des relations spirituelles avec d’autres soeurs franciscaines. Il s’occupe tout particulièrement des religieuses hospitalières établies dans plusieurs villes par la bienheureuse Marguerite de Lorraine, duchesse d’Alençon.

En 1516, il est élu à nouveau vicaire général. Sa contribution à l’histoire de l’Ordre Franciscain apparaît essentielle, en particulier sa défense de l’Observance, comme aussi les initiatives qu’il prend dans le domaine de la vie spirituelle. Ainsi, pour ses frères en religion, il publie un commentaire de la règle de saint François.

Le rôle joué par Gabriel-Maria dans le conflit majeur qui agite à cette époque l’Ordre Franciscain apparaît considérable. Il y met en oeuvre à la fois ses grandes connaissances théologiques et canoniques, et un vrai sens du débat et du compromis.

À la Pentecôte 1517, au chapitre général de l’Ordre, lors de l’élection du nouveau ministre général, le Serviteur de Dieu recueille un certain nombre de suffrages. Les frères cismontains le plébiscitent alors pour être leur premier commissaire général.

En 1521, le ministre général nomme Gabriel-Maria visiteur des provinces d’Angleterre, d’Ecosse et d’Irlande. En 1523, il représente la province de Touraine au chapitre général de Burgos. Il y est élu définiteur général et nommé visiteur des provinces de Cologne, de Saxe et de Thuringe.

En 1524, il est élu ministre provincial par ses frères de Provence et, deux ans plus tard, le chapitre général le désigne comme commissaire du Grand Couvent de Paris. Peu après, il devient aussi ministre provincial de Touraine.

En 1529, le chapitre général de Parme confirme Gabriel-Maria dans sa charge auprès des Annonciades. Il est à nouveau élu définiteur général pour les frères cismontains. L’âge et la maladie commencent cependant à peser sur lui. À son retour d’Italie, il tombe gravement malade au couvent de Bordeaux. Il rédige alors son testament spirituel à l’intention de ses filles de l’Annonciade. Remis finalement de cette sérieuse indisposition, il repart visiter les maisons de l’Ordre pour être à nouveau arrêté par la maladie au couvent de Chanteloup. En 1530, il se rend au nouveau couvent de Louvain où il guérit miraculeusement une novice, lui prédisant qu’elle sera un jour supérieure, ce qui arrivera en 1544.

En 1531, âgé de près de soixante-dix ans, Gabriel-Maria voit sa santé décliner. Malade une fois de plus à Bourges à la veille de Noël 1531, il confesse encore ses filles annonciades et célèbre les trois grand-messes de la Nativité. L’année suivante, il leur prêche une dernière fois le carême, puis se met en route pour assister à la congrégation générale cismontaine prévue à la Pentecôte, à Toulouse. Le 29 mai, il arrive bien malade à l’Annonciade de Rodez, et renonce à poursuivre son voyage. Malgré sa faiblesse, il fait bénéficier la jeune communauté de ses conseils spirituels. Le 26 juillet, il célèbre sa dernière messe, puis doit s’aliter. Il meurt le 27 août 1532, dans l’après-midi, laissant à toutes ses filles et aux frères qui l’entourent l’exemple d’une sainteté authentique.

Actuellement son procès de béatification se poursuit. Voici deux prières pour ceux et celles désireux de le prier :

Seigneur notre Dieu Toi qui as inspiré au père Gabriel-Maria d’être, à une époque de troubles et de conflits, un inlassable artisan de Paix, Toi qui lui as donné de se mettre à l’école de Marie et d’être, avec sainte Jeanne de France, cofondateur de l’Ordre de l’Annonciade voué au Plaisir de Dieu par l’imitation des vertus de la Vierge : fais qu’à leur tour, les hommes et les femmes de notre temps, s’emploient sans cesse à garder la Paix évangélique en eux-mêmes, et à la susciter autour d’eux. En imitant ce serviteur de Dieu, accorde-nous la grâce que nous implorons. Amen.

Fidèle serviteur de Marie, obtenez-nous ces grâces fortes et puissantes qui gagnent le cœur si doucement mais si efficacement ; rendez-nous toujours présentes les vertus de la Sainte Vierge et ses divines dispositions ; fortifiez le désir encore faible que nous avons de l’aimer et de lui plaire et par ce moyen, de plaire à Dieu. Nous espérons de la bonté de Dieu, par vos prières, que ce désir produira le fruit de notre parfaite conversion. Ainsi soit-il.

Pour aller plus loin, cette année nous vous proposons deux articles :

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